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17 | 2024

Le paysage, le peuplement et l’architecture de Magdaz et de la vallée de la Tassaout dans le contexte montagneux du Haut Atlas au Maroc

Miguel Reimão Costa et Desidério Batista

Résumé

L’économie traditionnelle des régions de montagne est généralement associée à une culture d’autosubsistance. Les communautés qui les habitent sont contraintes d’y trouver les ressources indispensables à leur survie. Cette condition se reflète dans certains principes d’organisation fondamentaux partagés par différentes sous-régions montagneuses situés sur les deux rives de la Méditerranée occidentale : le peuplement par petites agglomérations, la vie en communauté, les pâturages communs, mais aussi la transhumance et le déplacement saisonnier des communautés. Le village de Magdaz dans le bassin versant du Tassout, Haut Atlas, constitue un des exemples les plus intéressants de la manière dont cette culture s’exprime à travers l’organisation de l’espace, à différentes échelles. Le présent article porte sur la caractérisation de cette organisation et met tout particulièrement en exergue le dessin des différentes structures de la maison agricole, du village et du paysage.

Mots clés

Architecture traditionnelle, jardins irrigués pâturages en altitude, Méditerranée occidentale, Haut Tassaout.

Abstract

Landscape, settlement and architecture of Magdaz and the Tassaout Valley in the context of the High Atlas Mountains in Morocco

The economy of mountain regions is traditionally associated with a culture of self-subsistence, where local communities were obliged to exploit all the resources necessary for their survival. This condition is evinced in certain fundamental organisational principles shared by different mountain regions on both sides of the western Mediterranean: settlement based on small villages, community life, collective grazing with frequent transhumance and seasonal movement of communities. The village of Magdaz in the Tassout watershed, High Atlas, is one of the most interesting examples of how this culture is expressed through the organisation of space at different scales. This paper focuses on characterising this organisation, with particular emphasis on the design of the different structures of the farmhouse, the village and the landscape.

Keywords

Traditional architecture, vegetable gardens, highland pastures, Western Mediterranean, High Tassaout.

الملخّص

يرتبط الاقتصاد التقليدي للمناطق الجبلية عموما بثقافة الاكتفاء الذاتي. وتضطر المحموعات السكانية التي تعيش هناك إلى ايجاد الموارد الضرورية لبقائها. ويظهر ذلك في بعض المبادئ التنظيمية الأساسية التي تتقاسمها المناطق الجبلية الفرعية المختلفة الواقعة على ضفتي غرب البحر الأبيض المتوسط : الاستقرار في تجمعات صغيرة، والأنشطة الجماعية، والمراعي المشتركة، ولكن أيضًا الارتحال والحركة الموسمية للسكان. وتشكل قرية مجداز الواقعة في مرتفع تاسوت بالأطلس الكبير، أحد الأمثلة الأكثر إثارة للاهتمام حول الطريقة التي يتم بها التعبير عن هذه الثقافة من خلال تنظيم الفضاء على مستويات مختلفة. ويركز هذا المقال على توصيف هذا التنظيم وتسليط الضوء بشكل خاص على تصميم الهياكل المختلفة للمنزل الزراعي والقرية والمناظر الطبيعية.

الكلمات المفاتيح

العمارة التقليدية، المزارع السقوية، المراعي الجبلية، غرب المتوسط، مرتفاعت تاسوت.

Pour citer cet article

REIMÃO COSTA Miguel et BATISTA Desidério, « Le paysage, le peuplement et l’architecture de Magdaz et de la vallée de la Tassaout dans le contexte montagneux du Haut Atlas au Maroc », Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines [En ligne], n°17, Année 2024.
URL : https://al-sabil.tn/?p=10068

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Texte integral

« Dieu n'a pas fait de place à la rose
... Ma soeur, étrangère au pays, ne t'étonne pas,
Ne t'étonne pas de mon ignorance :
Mes yeux n'ont jamais vu ni rose ni orange...
On dit qu'il y a, en bas, au bon pays
Où gens, bêtes et plantes n'ont jamais froid.
Ma soeur étrangère venue de la plaine
Ne ris pas d'une fille de la montagne
Vêtue de laine grossière et allant pieds nus.
Dieu n'a pas fait de place à la rose,
Dieu n'a pas fait de place à l'orange
Dans nos champs et nos pâturages...
Jamais je n'ai quitté mon village et ses noyers
Je ne connais que l'arbouse et les rouges cenelles
Et l'humble touffe de basilic vert
Qui éloigne de moi les moustiques
Lorsque je m'endors sur la terrasse
Quand sont trop chaudes les nuits d'été... »
        Mririda n´Aït Attik,

    Les chants de la Tassaout, traduits du dialecte Tachelhaït par René Euloge, Belvisi,
    Casablanca 1963.

Introduction

La chaîne montagneuse du Haut Atlas, située en territoire marocain, est un système d’une grande complexité (géologie, relief, climat, eau, végétation) caractérisé par une biodiversité importante, auquel est associé un modèle historique d’occupation et d’organisation territoriale construit sur le rapport traditionnel agro-silvo-pastoral, qui constitue la base de la socio-économie rurale de montagne. La complémentarité entre les jardins d´irrigation des vallées, les pâturages des terres hautes et les forêts sur les coteaux de moyenne altitude se traduit en différentes sous unités de paysage associées à différents types d’habitat, qui renvoient à la transhumance et au lent processus de sédentarisation par l’agriculture.

Dans le bassin hydrographique du fleuve Tassaout, le point le plus élevé est le Jbel Mgoun (4071m), qui donne son nom à la faction comprenant le segment tribal Aït Attik. La sous-unité du Haut-Tassaout, définie par le système des montagnes Tizoula-Azavza-Tazarzamt1, révèle une matrice historique d’interdépendance entre les communautés rurales imazighen et la pénurie des ressources naturelles. Cette matrice s’est construite à partir d’une stratégie de subsistance, voire de survie, qui associe l’utilisation de l’eau et des sols fertiles dans les vallées, avec celle de pâturages, surtout dans les terres hautes. Elle se traduit également dans le système de peuplement caractéristique des zones de montagne – où la relation entre les villages principaux et les villages secondaires est basée sur la complémentarité des activités et renvoie aux caractéristiques physiques du territoire.

La diversité géomorphologique et géologique de ce territoire est associée à un réseau hydrographique dense et ramifié, excavé dans des reliefs très accidentés de dolérite (granit de couleur foncée), basalte, argiles rouges, grés, et xyste. C’est dans ces vallées encaissées, au climat semi-aride continental de moyenne altitude (Sa.c.b.), avec une pluviosité entre 600 à 800 mm et la présence de sédiments et d’eau rendant possible la pratique de l’agriculture irriguée pour la production d’aliments, que se sont implantés des villages comme Magdaz, situé sur la marge droite de l’assif n’Magdaz, un affluent du fleuve Tassaout. Ces villages riverains entretiennent une interrelation étroite avec les azibs, qui sont des peuplements secondaires associés à l’activité pastorale et parfois aussi à l’agriculture comme c’est le cas d’Imeguiss. Ils complètent le système intégré et relationnel caractéristique de l’habitat en tant que base du modèle traditionnel d’exploitation du territoire de haute montagne.

La présente étude propose une lecture du système de peuplement, de l’architecture et du paysage du Haut Tassaout axée sur l’analyse de l’interdépendance entre les villages, la caractérisation de leur habitat et les relations profondes entre celui-ci et l’espace de production des aliments. Son propos principal réside dans la caractérisation et le registre graphique de l’organisation spatiale du peuplement et de l’habitat, agrémenté d’une cartographie des jardins d’irrigation et des pâturages. Le choix du village de Magdaz et du territoire des Aït Attik en tant qu’objet d’étude résulte d’une première phase de prospection dans différentes régions du Haut Atlas à la recherche d’un cas d’étude permettant une analyse plus complexe de l’architecture et du paysage des régions de montagne de la Méditerranée occidentale2.

1. Magdaz et le territoire des Aït Attik dans le Haut Tassaout

Le village de Magdaz se situe dans le Haut Atlas Central, dans l’unité du Haut Tassaout, à environ 1960m d’altitude, au nord du Jbel Tiglist (2974m). Le territoire objet de cette étude a été délimité suivant des critères prenant en considération le territoire physique et la dimension socioculturelle, deux facteurs historiquement indissociables.

Magdaz fait partie des territoires de la tribu Fetouaka, de la fraction Aït Mgoun et de la sous-fraction Aït Attik. La présente étude explore le territoire des Aït Attik, constitué par un total de six villages (douar). Trois de ces villages se situent le long du cours principal du fleuve Tassouat (d’ouest à l’est : Fakhour, Aït Ali n’Ito et Aït Hamza), trois autres près des affluents Assif n’Tiftcht (village de Tiftcht) et Assif n’Magdaz (villages d’Ihgi n’Imziln, au nord, et de Madgaz, au sud). En plus de ces villages à la localisation privilégiée près des cours d’eau, le territoire des Aït Attik comprend un nombre important de peuplements secondaires (azib), étroitement liés à la transhumance et aux pâturages en altitude (fig. 1).

Fig. 1. Magdaz et le territoire des Aït Attik avec ses villages (douar) et ses hameaux secondaires (azib).
Source : D. Batista et M. R. Costa (2018).

Le paysage de ce territoire, qui s’étend sur le versant nord du Haut Atlas central, est ainsi déterminé par le peuplement sous forme de douars et d’azibs, associés, d’une part, à la petite propriété individuelle (melk) composée de terres non irriguées (bour) et de terres irriguées, d’une dimension moyenne par famille (takat) de 0,29ha et 1,71ha, respectivement et d’autre part, aux terres collectives de forêt et de pâturage (agdal). Une telle association garantit l’accès aux différentes ressources nécessaires à l’économie rurale traditionnelle, qui est aujourd’hui avant tout basée sur l’élevage traditionnel de bétail (bovins, ovins, caprins et équins), la plantation/culture de noyers, la céréaliculture et la relativement récente culture du lis (sossban).

En conjuguant les modes de vie sédentaire et transhumant, avec leur savoir ancestral, les Aït Attik ont forgé un paysage culturel qui traduit un rapport profond entre résilience et beauté3. A l’image des autres tribus de la région4, ils ont combiné les différents modes pastoraux (transhumance saisonnière, sédentaire, stabulation), l’agriculture des terres non irriguées et celle des terres irriguées associées à l’horticulture intensive (céréales en hiver, légumes verts et lis en été), et l’arboriculture (du noyer et, plus récemment, du pêcher), s’adaptant ainsi parfaitement aux effets de l’altitude, du relief, de l’absence de terres fertiles et d’eau pour l’arrosage (fig. 2).

Fig. 2. Le village de Magdaz au centre du territoire des Aït Attik.
Source : D. Batista (2018).

La prédominance de la structure socioculturelle sur l’organisation du paysage est visible partout, à toutes les échelles, depuis le territoire de la tribu Fetouaka (qui occupe la plus grande surface de la vallée de la Tassaout) jusqu’à la maison et l’exploitation de la famille nucléaire. Concernant le territoire de la sous-fraction Aït Attik, en plus de l’échelle du douar et du lien que celui-ci établit avec ses azibs, il faut également tenir compte des différentes lignages (ikhs; pl. ikhssen) qui sous-tendent la structure interne. Nous verrons plus loin que c’est cette échelle-ci qu’il faut considérer lorsqu’on cherche à comprendre la structure des champs irrigués5 et la distribution des moulins d’eau le long des rivières, mais aussi à interpréter l’organisation sociale et spatiale des villages, ce qui est particulièrement évident à Magdaz.

2. Les jardins irrigués à Magdaz

Les jardins potagers en terrasse, cultivés avec beaucoup de soin et de minutie, revêtent une grande importance sur le plan culturel6. Leur rôle dans l’évolution du paysage est bien visible à Magdaz, où les expériences et les connaissances transmises d’une génération à l’autre sont le fruit d’une occupation humaine intense et ancienne. Ici, comme dans d’autres terres irriguées de haute montagne telles que la vallée de Aït Bougmez7 ou la localité des Aït Iktel8, la culture de l’eau et sa gestion collective en tant que bien commun de la société tribale déterminent une agriculture entièrement artificielle, basée sur un ensemble complexe et hiérarchisé de techniques et de structures de captation, transport, stockage et distribution de l’eau, associé à l’irrigation de cultures agricoles qui autrement ne produiraient que peu, voire rien, dans pareil contexte d’aridité et de sècheresse.

Le système hydraulique traditionnel du réservoir-séguia-rigole (uggug-targa-tiferouine) constitue la structure de base utilisée dans l’irrigation des potagers de Magdaz. Le travail de terrain a permis l’identification de trois types de jardins d´irrigation : en terrasse ; dans le lit de la rivière ; sur la ligne de crête9 (fig. 3). Les trois types sont associés à des systèmes d’irrigation qui utilisent l’eau collectée à partir du débit de l’assif n’Magdaz, et/ou de ses affluents, par des bassins d’eau ou des lacs artificiels rudimentaires. L’eau ainsi captée est ensuite acheminée par des séguias, principales et secondaires, jusqu’aux champs, où elle est distribuée par un système de rigoles.

Fig. 3. Les trois types de jardins d´irrigation de Magdaz
(en terrasse, dans le lit de la rivière et sur la ligne de crête). Source : D. Batista (2016)

On trouve les jardins d´irrigation en terrasse surtout entre la cote des lignes d’eau et la cote d’implantation du/des village(s). Leur installation s’est faite moyennant la construction de solides murs en pierre sèche pouvant mesurer 3m de haut et 0,60m d’épaisseur, qui entourent de petites parcelles larges de 2,5m et à longueur variable. Ce procédé associe, de façon remarquable, le cours de l’eau et le cours de l’homme, et se traduit en une mosaïque horticole géométrique constituée de minifundia qui permet à chaque famille de disposer d’un lopin de terre destiné à la production de céréales, élément base de sa diète alimentaire.

Contre la violence des crues, les jardins d´irrigation installés dans le lit de la rivière exigent la construction de murs de pierre sèche, qui s’avèrent néanmoins insuffisants pour lutter contre la destruction provoquée par le déferlement de l’eau. Ces espaces éphémères de production d’aliments sont aussi nécessaires que fragiles, et demandent, par conséquent, des travaux de restauration saisonniers.

De nouveaux espaces destinés à l’augmentation de la production, avec des potagers, des vergers et des pâturages irrigués (tilliba), ont récemment été implantés sur la crête du mont au sud de Magdaz. Le système hydraulique associé à l’irrigation (timessuit) de ces terres comprend une séguia qui serpente à travers le tiers le plus élevé du coteau, à partir de la saignée d’un petit affluent de la rivière. Le bassin de retenue (tafrawt) partiellement excavé sur la crête est alimenté par cette séguia principale et stocke l’eau, qui est ensuite distribuée par les cultures agricoles moyennant des séguias secondaires et des rigoles (fig. 4).

Fig. 4. La répartition des jardins d´irrigation de Magdaz selon les différentes lignages :
Aït Hassou ; Aït Hamma ; Aït Ijja ; Aït Hadou ; Aït Hsain.
Source : D. Batista et M. R. Costa (2018)

Les noyers, les céréales d’été et les lis se cultivent essentiellement en terrasse, surtout à proximité des habitations, pour des questions de sécurité et de protection. Les céréales et les légumineuses d’hiver/printemps, ainsi que les légumes verts, occupent saisonnièrement le lit de l’assif n’Magdaz. Les pêchers, les pommiers, les céréales et les lis sous couvert partagent l’espace des terres irriguées sur la crête du mont, avec des pâturages frais essentiellement destinées aux vaches et aux veaux.

La traditionnelle rotation de cultures est pratiquée dans tous les types de jardins d´irrigation, sous divisés en carré, planche d’irrigation et parcelle, et est ajustée au calendrier agricole déterminé par la pluviométrie et les différences entre le cycle végétal des céréales d’hiver, qui dure six mois (orge, blé), et celui des céréales de printemps/été (maïs), qui ne dure que trois mois en raison de la diminution du débit de l’eau entre mai et septembre10. Ce dernier aspect revêt une importance extrême dans un contexte où le manque d’eau pendant les périodes de sècheresse ou pendant la saison chaude peut déclencher des conflits entre les villages riverains, concernant la gestion communautaire de l’eau d’irrigation11. Ici, une gestion de l’eau basée sur le droit d’eau et le tour d’eau intra-douar et inter-douars12, telle que l’on observe dans d’autres vallées irriguées (tamarzit) du Haut Atlas13, semble ici insuffisante pour garantir une distribution équitable d’une ressource vitale pour la production d’aliments.

Pendant la saison froide, près de Magdaz, dans les terres irriguées (où l‘eau est disponible en permanence) et semi-irriguées (disponibilité intermittente), prédomine la culture de l’orge (environ 75% de la surface). En plus de l’orge et du lis (espèce biannuelle largement présente), sont cultivés en parts égales le blé dur, la luzerne (légumineuse fourragère), la fève (légumineuse) et les légumes verts. Pendant la saison chaude, la surface antérieurement occupée par l’orge est partagée entre la culture du maïs, qui occupe les meilleures parcelles, et la jachère (issîki). Sur la surface restante, sont cultivés, en parts égales, le millet, la luzerne et les légumes verts. La céréaliculture irriguée d’hiver (orge) et de printemps/été (maïs), qui assume un rôle de premier plan au niveau de la surface cultivée et de la diète locale, est complétée par la culture du lis sauvage. Avec celle des noyers, celle-ci constitue un supplément fondamental de l’économie familiale, par la commercialisation des bulbes, après séchage.

Dans les terres irriguées et semi-irriguées éloignées du village, l’orge (et les lis en bordure des parcelles et des carrés) participe(nt) à la rotation d’hiver alors qu’en été, plus de la moitié de la surface occupée par l’orge reste en jachère pendant que la surface restante est partagée entre la culture du maïs et la production de navets. Les cultures exigeant le plus de soins quotidiens, installées à proximité de l’habitation, sont subordonnées aux rotations traditionnelles définissant le quotidien de la communauté et le paysage des jardins d'irrigation. Associées à la présence séculaire des noyers, la cueillette des noix en automne et les denses couronnes en été, elles font de la vallée une véritable oasis de montagne.

3. Les pâturages et les champs des bergeries

Le territoire de plus grande altitude associé aux bergeries confirme le caractère complémentaire existant entre l’agriculture et le pacage en tant qu’activités clé de l’économie rurale de la haute montagne. Cette complémentarité définit la relation journalière ou saisonnière du douar de Magdaz avec un ensemble d’azibs : Azig (10 min. à dos de mulet), Asfeder (15 min.), Imeguiss (15 min.), Toyalt (30 min.), Aka (30 min.), Azrif (1h 30 min.) e Toudjirt (3h)14. L’activité pastorale, régulée par les conditions climatiques et les pâturages disponibles, se traduit par la transhumance et les changements successifs d’habitat tout au long de l’année. Les hameaux secondaires sont, par conséquent, avant tout associés à cette transhumance. On y trouve des installations temporaires pour les troupeaux, comme il est d’usage dans différentes régions du Haut Atlas. Autour de Magdaz, il existe plusieurs hameaux avec leur organisation caractéristique marquée par la juxtaposition ou la proximité de certains abris de berger avec leurs enclos. C’est le cas de Azig, au sud du village, occupé à la mi-saison, ou de Toyalt, sur la même ligne de faîte représentant la cote la plus élevée à l’est, associé aux pâturages d’été. Les habitats et les pâturages d’altitude sont gérés collectivement (agdal), de manière à assurer les permanences durant la période estivale. C’est le cas d’Asfrial au pied du Jbel Tazerzant; de Tikiami, entre celui-ci et Magdaz; et de Tadoumeli, entre Magdaz et Tagouknt15.

Néanmoins, la structure de ces habitats peut se révéler plus complexe, et ne pas se restreindre à la transhumance du petit bétail. Parfois, elle garantit aussi l’accueil saisonnier des bovins des villages ou inclut des champs irrigués, comme dans le cas d’Arghriz, et intègre même quelques habitations à caractère permanent, comme à Imeguiss. Bien que localisé à plus de 5 kilomètres à l’ouest de Magdaz (près du village de Tagoukht, au bord de l’Assif n’Tasselnt, un autre affluent du fleuve Tassaout), le hameau d’Arghriz fait partie intégrante du même système, à l’intérieur du territoire des Aït Attik (fig. 5).

Fig. 5. Hameau secondaire d’Arghriz localisé à plus de 5 kilomètres à l’ouest de Magdaz
Source : M. R. Costa (2016).

Entre la fin du printemps et la fin de l’été, certaines familles des villages de Magdaz et de Tifchit (à environ 8km, à l’est) changent leur lieu de résidence et s’installent à Arghriz, afin de profiter des pâturages pour les bovins et bénéficier de la proximité des champs agricoles situés dans les environs. Des partenariats de relais/alternance sont parfois instaurés pendant des années successives, dans le cadre de ce déplacement saisonnier associé à la transhumance des troupeaux de bovins. A cette pratique est également associée la culture de la céréale sèche (bour). Son sarclage, exécuté de façon traditionnelle, permet de compléter la diète fourragère avec de mauvaises herbes ou des adventices, que l’on trouve dans les prairies naturelles. La combinaison des différentes ressources est particulièrement évidente à Arghriz, implanté dans une zone plate à mi-hauteur de la côte (fig. 5), entre les parcelles irriguées en aval et les terres non irriguées en amont.

Parmi les bergeries avec lesquelles Magdaz a établi un rapport plus étroit, se distingue Imeguiss, au sud du village, implanté dans les plis du Jbel Tiglist. Les composantes fondamentales du territoire associées au système humide et au système sec, se conjuguent ici d’une manière spécifique. L’association entre horticulture et vie pastorale forment un lieu qui synthétise certains des aspects les plus singuliers des Aït Attik. Les jardins potagers d’Imeguiss, cultivés dans une vallée moins encaissée, reflètent le caractère diligent des communautés dans leur conquête incessante de nouveaux espaces pour la production d’aliments et la création de ressources. Les céréales d’hiver (orge et blé dur, notamment) et de printemps/été (surtout le maïs) renforcent la diète, alors que la culture du lis sauvage, qui atteint ici une dimension significative grâce à l’eau disponible, contribue à l’augmentation du revenu des familles.

Le long processus continu de construction des jardins d´irrigation dans toute la vallée, perpétue des méthodes et des techniques traditionnelles, auxquelles viennent s’ajouter des éléments novateurs liés soit au système de captation et d’adduction d’eau pour l’irrigation, soit à l’enrichissement du sol et à la création d’un lit pour la semence. Récemment, le système d’irrigation traditionnel basé sur la captation superficielle d’eau à partir du lit de l’assif moyennant les séguias, a été agrémenté de tuyaux d’arrosage, qui conduisent l’eau jusqu’aux parcelles et aux carrés. A ce procédé est venu s’ajouter un autre, qui est peut-être plus fonctionnel : l’excavation d’un canal jusqu’à la cote de la nappe phréatique, en marge de la rivière, pour le transport des eaux souterraines jusqu’au bassin construit dans le périmètre des terres irriguées. Sur sa cote supérieure, une séguia principale assure l’alimentation d’un système labyrinthique et hiérarchisé de séguias et de rigoles, qui distribue l’eau par les terrasses disposées en amphithéâtre ou en succession topographique (unmila)16, qui occupent tout l’espace entre l’habitat et le cours d’eau. C’est à partir des sédiments qui s’y accumulent et qui sont parfois triturés avant d’être mélangés avec le fumier provenant des enclos et des étables, que l’agriculteur berbère obtient une couche plus ou moins épaisse de terre fertile pour y semer les céréales et planter les bulbes.

Ici, la présence de noyers n’est pas encore très significative. On trouve quelques exemplaires jeunes près de la targa principale et de la rivière. L’actuelle absence d’arbres à grande frondaison révèle le quadrillage géométrique de la petite propriété du jardin d´irrigation fractionné en carrés minuscules. Ces carrés dessinent les terrasses sur différentes cotes et s’approchant formellement de l’architecture et des terrasses des maisons et des abris pour les animaux, suivant un processus d’adaptation à la topographie qui caractérise ce paysage et cet habitat.

Une grande partie des champs d’Imeguiss appartiennent aux habitants de Magdaz et de Tazenakht, qui s’y rendent régulièrement pour les travaux agricoles. Au cours de la saison chaude, ce sont les agriculteurs éleveurs de bovins qui pratiquent cette transhumance. Outre l’habitat d’été et les abris pour les troupeaux de petit bétail, Imeguiss se caractérise aussi par l’existence de quelques habitations à caractère permanent sur lesquelles nous reviendrons plus loin.

4. Les greniers et l’organisation sociale et spatiale du village

Lorsqu’on descend vers Magdaz, la vue se pose sur une succession de plans et de volumes qui dessinent l’implantation, sur la côte, d’un ensemble bâti de grande densité (fig. 6). Ce bâti, marqué par des toits en terrasse, associe des constructions aux volumes simples à d’autres couronnées par des hauts vents ou échelonnées en terrasses successives. Outre cette diversité formelle, on distingue de grands greniers aménagés avec des tours d’angle, des mâchicoulis, des façades à embrasures et des fenêtres aux étages supérieurs. La morphologie des greniers fortifiés (tighremt) renvoie aux périodes de plus grande instabilité et de pillage, ces structures constituant alors le dernier refuge pour les populations qui défendaient ainsi leurs vivres et leurs biens17. Les greniers constituaient, par ailleurs, également des symboles d’affirmation des différents groupes, dans un contexte de rapports conflictuels ou d’alliances associées au contrôle des pâturages d’altitude et des différentes ressources du territoire18.

Fig. 6. Vue de l’ancienne partie de Magdaz de la terrasse du grenier Aït Hassou.
Source : M. R. Costa (2016).

Ces greniers revêtent une importance comparable à ceux de certaines régions de l’Anti-Atlas, qui sont des structures de grande dimension couronnant souvent l’habitat de villages concentrés sur les côtes plus basses. Mais, contrairement à ces régions, les greniers de Magdaz appartiennent à des lignages (ikhs) et ponctuent le village sur différentes cotes19. Ils appartiennent aux mêmes ikhs Aït Hassou, Aït Hamma (deux), Aït Ijja, Aït Hsain (deux) (fig. 7), auxquelles s’ajoutent deux greniers dans le sous-douar de Tazenakht, sur la marge opposée de la rivière.

Fig. 7. Trois greniers de lignage de Magdaz : petite grenier Aït Hamma, grenier Aït Ijja et grenier Aït Hassou.
Source : M. R. Costa (2017).

Il s’agit de greniers identiques à ceux de la tribu voisine des Imerhrane (et de leurs villages proches, en amont de la vallée de la Tassaout), qui “comptent parfois trois, quatre et même cinq étages comprenant chacun une tamesrit et un long couloir tasuqt où s’alignent les magasins” et qui en plus du “portier chargé” pouvaient héberger des étrangers et des visiteurs20. Pour les habitants de Magdaz, le grenier le plus ancien est une petite construction de quatre étages, située dans la partie la plus basse du village et qui était, initialement, une structure collective. Avec la construction postérieure des greniers de lignage, ce bâtiment est devenu la propriété d´une des familles des Aït Hamma. Il s’agit d’une construction élémentaire, l’accession à chaque étage non compartimenté se faisant par une échelle mobile.

Le plus grand grenier du village appartient aux Aït Hassou et présente une structure plus complexe. Il tire profit de son implantation sur le coteau, avec deux entrées autonomes dans des façades opposées : la première, qui donne sur le terre-plein du bétail (tanrourt) sur la cote plus basse, permet l’accès à l’étage terrien, qui abrite cinq pièces pour les animaux ; à partir de celui-ci, on accède au deuxième étage, où sont stocké les vivres. La deuxième entrée donne sur l’espace extérieur qui auparavant était destiné au battage (anrar), et permet l’accession aux trois étages supérieurs et à la terrasse couverte. En plus des magasins et des pièces pour les animaux au rez-de-chaussée, ce bâtiment comprenait d’autres espaces, qui attestent de son importance en tant que structure de lignage. Au dernier étage se situent une salle de réception et un espace où se réalisaient des repas élargis aux différentes unités familiales Aït Hassou, secondé par une grande cuisine située dans une construction annexe, à l’est.

Ainsi, chaque famille élargie participe en régime de copropriété dans cette construction affectée à la famille agnatique de lignage, ce qui traduit l’importance que celle-ci revêt au quotidien (travaux des champs, occasions festives, périodes de retrait/repli et de résistance). Indépendamment du fait que tous les lignages ne possèdent pas de grenier fortifié, il n’en reste pas moins qu’ils constituent la structure bâtie référentielle des ikhssen à l’échelle du paysage, du village et de la maison. Ceci est encore plus visible lorsque l’organisation de l’espace du village est marquée par l’existence des différents ikhssen dans des périmètres reconnus par les habitants de Magdaz (fig. 8A). Le grenier fortifié, et parfois même l’ensemble qu’il constitue avec les terres pleines de l’anrar et du tanrourt, fonctionne comme le pôle central autour duquel s’organisent les habitations des différentes familles du lignage.

Fig. 8. Organisation sociale de Magdaz.
Source : M. R. Costa et D. Batista (2018).

A - Zones appartenant aux différents lignages de Magdaz avec des greniers collectifs : [1] Aït Hassou ; [2] Aït Hamma ; [3] Aït Ijja ; [4] Aït Hadou ; [5] Aït Hsain.
B - Zone centrale du village avec : [1] grenier ; [2, 3, 4] et espaces communs des Aït Hassou.

Reprenons, à propos, la propriété des Aït Hassou, délimitée par différents ensembles édifiés autour de plusieurs espaces libres dans le village. Un de ces espaces est le terre-plein des airs de battage (anrar), qui forme une unité avec le grenier fortifié (fig. 8B). Cet espace, marqué par la présence centrale caractéristique des poteaux de bois servant à attacher les animaux pour le battage, constituait également l’accès à certaines habitations et granges. A l’est, le bâti est organisé de différentes manières autour d’un deuxième espace libre, sur une cote plus élevée, où est pratiqué l’élevage, total ou partiel, de bétail en étable, et qui fonctionne comme espace de permanence des animaux en été (tanrourt). Une grande partie du bâti disposé autour de cet espace comprenait des compartiments pour le bétail au rez-de-chaussée, les pièces d’habitation étant reléguées à l’étage supérieur. Les deux espaces (anrar et tanrourt) étaient accessibles à partir de la rue, moyennant des passages couverts, et correspondaient à des espaces en commun menant, à leur tour, aux différentes habitations par des escaliers intérieurs ou, plus rarement, par des escaliers extérieurs.


Certains habitants de Magdaz justifient cette forme d’organisation par la fragmentation progressive et l’ampliation d’un ensemble édifié original appartenant à un unique propriétaire. On peut établir un parallèle avec d’autres régions de montagne de la Méditerranée Occidentale, où certaines structures d’une maison originale sont maintenues en commun par plusieurs générations de descendants, alors que d’autres sont successivement fragmentées et amplifiées. Ainsi, bien que les airs de battage de l’anrar contigu au grenier fortifié appartiennent à une famille, cet espace continue d’être utilisé par les différents membres du lignage, pour accéder à leurs bâtiments disposés autour de l’anrar et au grenier. Il en va de même pour les espaces tanrourt qui peuvent aussi bien correspondre à des terre-pleins partagés par plusieurs familles d’un même lignage, que constituer des ensembles appartenant à un seul propriétaire.

L’observation d’un deuxième exemple d’un terre-plein anrar, appartenant aux Aït Hassou, localisé au nord du quartier que nous venons de décrire (fig. 8B), révèle que, contrairement au premier, cet espace n’est entouré que par des constructions non destinées à l’habitation, presque toutes converties en granges. Au temps de l’arrière-grand-père des propriétaires actuels, cet espace fut divisé entre deux de ses fils, chacun d’eux héritant un air avec un poteau en bois et plusieurs constructions contigües. L’occupation ultérieure de cet espace n’inclut pas d’habitations dans les étages supérieurs occupés par les granges.

C’est à partir de certains de ces thèmes que s’organise la transformation des ensembles construits des différents lignages sur différentes niveaux du village. La zone la plus basse, plus proche de la rivière, a été maintenue comme espace central, le long duquel sont disposés la mosquée et la petite medersa (et, plus récemment, le lomssint dans le lit de la rivière), l’espace extérieur où se réalisent les fêtes religieuses (lmslli) et les magasins.

La liaison de Magdaz à Toufghine (sur la route de Demnate à Ouarzazate) et l’importance qu’elle revêt pour la transformation de Magdaz, est matérialisée par la nouvelle route goudronnée. C’est au long de cet axe d’arrivée au village que s’alignent les nouvelles constructions à fonction commerciale, qui remplacent les anciens magasins du centre du village. La construction subit les mêmes transformations que celles vérifiées dans la plupart des villages de la vallée de la Tassouat, avec le remplacement des modes de construction anciens en terre, pierre et bois par les techniques du béton armé et de la brique, que l’on peut aujourd’hui acheminer facilement. D’un autre côté, la transformation de Magdaz passe également par une tendance à l’abandon ou à la conversion en dépendances, de l’habitat plus ancien, au profit de la construction de nouvelles résidences autour du noyau originel. Ce phénomène résulte dans la perte graduelle du rôle des lignages dans l’organisation du village, même si c’est encore en fonction de ceux-ci qu’a été aménagé le réseau de distribution des eaux et des fontaines, en 2013-2014.

Par ailleurs, les greniers fortifiés, devenus accessoires, tendent à être sous-occupés et moins soumis aux travaux de conservation. Le résultat de ce changement progressif est l’état de ruine partielle d’une partie de ces structures, par exemple les greniers des Aït Hsain ou des Tazenakht. La même chose était arrivée au grand grenier des Aït Hassou, qui a fait l’objet d’une intervention de réhabilitation en 2004-2006, dans le cadre d’un important projet de développement local21 .

5. L’architecture de l’habitat principal

La caractérisation de l’architecture de Magdaz indique l’expression tighremt pour le grenier fortifié et tigemmi pour l’habitation courante, terme local qui a la même signification que taddart dans les “parlers du nord”22. A Magdaz, tighremt représente presque toujours la structure édifiée des ikhs, c’est-à-dire d’un même lignage, alors que tigemmi correspond plutôt à l’habitation de la famille élargie ou famille nucléaire. Le douar de Magdaz fait partie de la vaste zone du Haut Atlas où domine la construction des maisons-bloc. Le rez-de-chaussée de cet habitat est réservé aux animaux et aux fourrages. Le premier et, éventuellement, les autres étages sont destinés à l’habitation. Concernant les matériaux de construction, l’architecture courante du village est caractérisée par la combinaison de murs en pierre avec des murs en pisé et en adobe. Avec leurs textures différentes, ils contribuent tous à l’expressivité du village.

En général, cette construction correspond à une seule habitation, propriété d’une famille élargie. Dans la partie la plus ancienne de Magdaz (comme dans d’autres villages), les processus de fragmentation et d’ampliation de ces habitations ont abouti à des solutions plus complexes incluant l’agrandissement en hauteur et plusieurs escaliers superposés. Ce processus d’agrandissement progressif est souvent reconnaissable aux joints sur les murs, aux travées en bois restées en place des avant-toits précédents ou par l’emploi de systèmes de construction différents pour chaque étage (peuvent aller jusqu’à l’apposition de murs de pierre sur des murs en pisé) (fig. 9).

On observe ainsi l’existence de plusieurs cas de copropriété dans certains bâtiments abritant des foyers ou des pièces de plusieurs familles (à l’intérieur d’un même ikhs), et qui peuvent combiner des habitations disposées sur un même étage (propriété horizontale) avec des habitations organisées sur plusieurs étages. L’implantation sur des terrains en pente résulte parfois dans la duplication de portes d’entrée, tant à partir de la rue que des terre-plein (tanrourt ou anrar). L’accès peut être exclusif à une seule habitation ou partagé par deux ou plusieurs foyers.

Fig. 9. Caractéristiques de l'architecture de Magdaz : composition des murs en pierre, en pisé et en adobe ; fenêtre de cuisine de l'habitation traditionnelle ; différentes positions du haut vent (amalal).
Source : M. R. Costa (2016).

Articulés de plusieurs manières, la désignation de ces espaces d’habitation est, en général, identique à celle arrêtée par Laoust23. La salle de réception (tamesrit), où sont reçus les invités, constitue l’espace le plus valorisé. Il se distingue notamment par la décoration des portes et des plafonds24. Dans les maisons que nous avons pu visiter, certains plafonds étaient décorés avec des ripes récupérées (non peintes) de bâtiments plus anciens, disposées de manière géométrique, avec des poutres en bois de taille et de coupe régulière (non peintes ou peintes avec une seule couleur et sans motifs), ou, plus récemment, avec des plafonds en plâtre aux motifs polychromes sur fond blanc, qui ressemblent à ceux d’autres zones du sud marocain25.

Dans les habitations plus modestes, la salle de réception tend à ne pas se distinguer de manière significative des autres pièces, sauf par l’ouverture de deux fenêtres de même dimension. La salle de réception se trouve à proximité de la porte d’entrée et éloignée des pièces plus intimes. Dans les habitations de plus grande dimension, la salle de réception peut même être remplacée par plusieurs espaces de réception formant un ensemble autonome et sans lien direct avec l’espace principal de l’habitation, une conséquence, peut-être, des processus de fragmentation déjà mentionnés. La tamesrit constitue un espace avec différentes fonctions, où l’on reçoit, boit du thé, mange ou dort. Une grande partie des habitations à Magdaz possède néanmoins d’autres chambres, qui ne sont pas des espaces de réception, mais assument les autres fonctions de la salle de réception et reflètent ainsi les différents usages affectés aux espaces de l’habitation.

La cuisine (ahanu n-takât) est elle aussi une pièce fondamentale, mais opposée au salon. En général, il s’agit d’un espace noir de fumée, sans aucun revêtement intérieur sur les murs. A Magdaz, la cuisine comprend souvent deux ouvertures dans la façade. La première correspond a une fenêtre de dimensions considérables (à quatre battants, chaque battant ayant son propre volet) et la deuxième a une petite ouverture presque toujours près du plafond, au-dessus du foyer et du four à pain. Cette articulation permet d’identifier assez aisément l’emplacement de la cuisine de l’extérieur (fig. 9). Il arrive que la cuisine soit associée à un compartiment de petite dimension où l’on garde le bois, qui peut aussi être gardé au rez-de-chaussée.

La terrasse représente également un espace fondamental de cet habitat. Elle est souvent partiellement recouverte d’un haut vent (amalal) (fig. 9), comme dans les greniers fortifiés. La présence répétée de ce haut vent contribue à la forme expressive de l’architecture de Magdaz, qui renvoie à certains villages d’autres régions du Haut Atlas décrits par Henri Terrasse26 ou par Jacques Berque27. Tant les bâtiments du village et la construction du paysage, que les terrasses et les hauts vents, font l’objet de différents travaux de maintenance qui incluent le nettoyage de la neige, en hiver, ou l’apposition d’une nouvelle couche de terre sur le sol, en été. Aussi versatiles dans leur utilisation que les espaces intérieurs de l’habitation, les terrasses servent à la réalisation de nombreuses tâches domestiques, ainsi qu’au séchage des céréales et des produits agricoles. Laoust mentionne même l’utilisation de l’amalal pour abriter de jeunes agneaux en hiver28.

Accompagnant le calendrier agricole, la terrasse acquiert une importance complémentaire au terre-plein (tanrourt et anrar) décrits antérieurement, et confirme le caractère imbriqué de l’espace d’habitation avec les espaces d’appui à la production. Bien que constituant une structure essentielle de la couverture, l’amalal peut également être présent à l’étage immédiatement au-dessous ou même aux étages inférieurs. L’espace extérieur couvert est ainsi au centre de l’organisation de l’habitation, tel qu’on le voit dans une des habitations Aït Hassou (fig. 10A) tournées vers le tanrourt, déjà mentionnée antérieurement. L’amalal de cette habitation confirme les différents usages de l’espace, qui intègre aussi, dans un coin, le foyer et le four à pain, et sert de cuisine pendant la saison chaude.

Une grande partie des constructions édifiées dans le village se caractérise par une autre condition fondamentale de cette architecture, en lien avec les saisons : pendant la saison froide, la vie se déroule essentiellement dans les pièces des étages inférieurs, alors qu’en été, elle se décale vers les étages supérieurs, la terrasse et l’amalal servant alors fréquemment d’espace pour dormir. Ceci résulte parfois non seulement dans la duplication du foyer (pour faire le feu), mais également de la tamesrit, joignant au caractère polyvalent des espaces d’habitation une flexibilité caractéristique de l’organisation saisonnière des différents usages. Cette condition saisonnière est particulièrement évidente au niveau du bâti plus ancien et de taille plus grande qui a souvent été fragmenté à des périodes plus récentes. Concernant l’exemple de l’habitation avec amalal décrite ci-dessus, celui-ci faisait partie d’une maison plus grande organisée sur plusieurs étages, qui a ensuite été divisée en trois fractions.

Il s’est produit la même chose au niveau de la construction faisant partie de l’ensemble édifié au sud. L’accès et l’échelle de l’ancienne habitation ont été convertis en structures communes à plusieurs foyers, répliquant ainsi, d’une certaine manière, la structure des greniers fortifiés du village (fig. 10B). Ce processus de fragmentation est accompagné par la tendance à la reconversion des maisons du bâti ancien en greniers ou en d’autres espaces d’appui à la production. La construction croissante, ces dernières décennies, de nouvelles habitations en périphérie du village a mis ce processus en exergue. En effet, une partie des anciennes habitations sert aujourd’hui de grenier ou d’espace de rangement ce qui, nonobstant le nouvel usage, permet la lecture et la reconstitution de l’organisation de l’ancienne habitation moyennant le maintien des caractéristiques fondamentales des différents espaces.

Fig. 10. Organisation de l'architecture du Haut-Tassaout.
Source : M. R. Costa et D. Batista (2018).

A - Deux maisons à Magdaz. [1] Étables et greniers à foin (maisons 1 et 2). [2] Haut Vent (amalal) et salon à gauche, cuisine, chambre et débarras à droite (maison 1). [3] Amalal, salon et bergerie à gauche, amalal, cuisine et chambre à droite (maison 2).
B - Maison a Magdaz. [1] Entrée, chambres (hiver). [2] Cuisine et salon. [3] Chambres (été). [4] Amalal et terrasse. [5] Terrasse.
C - Logement temporaire avec bergerie à Imguiss.
D - Logement permanent à Imguiss. [1] Dépendances pour le bétail [2] Grenier à foin, Amalal, cuisine et chambres.

6. L’architecture des abris et de l’habitat secondaire

Le modèle de territorialisation du système agro-silvo-pastoral des régions de haute montagne passe par la relation entre douar et l’azib, entre l’agglomération principale et ses terres irriguées et l’agglomération secondaire avec ses pâturages en altitude et, parfois, l'institution d’un agdal. Au fur et à mesure que l’on monte vers les pâturages d’altitude et les bergeries, la diversité du bâti des villages tend à diminuer, en raison de conditions plus adverses. La construction en pisé et en adobe disparaît au profit de la suprématie de la pierre et du bois de genévrier, qui caractérise les abris temporaires de la transhumance des troupeaux de chèvres et de moutons. L’architecture des azibs, rude et précaire, exige des soins constants29.

Leur structure combine une construction semi enterrée, où hommes et animaux passent la nuit, avec un enclos extérieur délimité par des murets en pierre et en bois. Ces abris sont, en général, implantés sur les coteaux, soutenus par un mur de support (au tracé parfois curviligne). Les différentes pièces et hauts vents s’ouvrent sur l’espace extérieur, qui est orienté dans le sens sud/est. De par leur peu de hauteur et leur implantation sur le terrain, les couvertures des abris forment souvent une ligne continue avec le niveau du terrain. Leur construction est faite à base de pierre (murs intérieurs et extérieurs), de bois non poncé (colonnes, poutres, linteaux, cloisons sèches et murs des espaces extérieurs), de terre (couverture), parfois agrémentée avec du fumier animal (sol).

Ce type de construction, comprenant souvent un ensemble de plusieurs unités, constitue la structure de base des azibs. Nous l’avons rencontrée, avec peu de variantes, dans les hameaux d’Azig, d’Imeguiss et d’Arghiz (fig. 5), où s’est déroulé notre travail de terrain. A Azig, une de ces unités est organisée en trois zones distinctes pour le bétail, avec des accès indépendants à partir de l’espace extérieur. Chacune de ces zones comprend différentes pièces, avec une hauteur qui varie entre 0,90m et 1,50m. A cet ensemble s’ajoute une seule chambre pour l’homme, organisée autour du foyer et qui mesure environ 2,00m d’hauteur. Le processus évolutif de ces structures est ici bien mis en évidence, tant par l’ajout constant de nouvelles constructions que par la conversion fréquente du haut vent en un espace fermé. Un deuxième abri, proche du premier, dédouble le logement destiné à l’homme en deux espaces distincts situés aux extrémités du haut vent encore existant. Ce deuxième abri traduit, de façon expressive, le caractère organique et la capacité d’adaptation à leur milieu dont font preuve les abris, par le tracé irrégulier des murs, la présence d’affleurements rocheux et de pentes prononcées à l’intérieur des espaces pour le bétail, ou par le recours au bois très tordu du genévrier utilisé pour les piliers, les poutres et les clôtures de l’espace extérieur.

A Imeguiss et à Arghriz, à part les abris temporaires associés au petit bétail (fig. 10C), nous avons trouvé d’autres constructions en rapport avec la transhumance des bovins pendant la saison chaude. Tout en gardant la même typologie qui combine le bâti et l’espace environnant, ces constructions possèdent des caractéristiques spécifiques qui se traduisent dans le choix d’endroits plus plats, avec des dépendances aux sols moins accidentés et des hauteurs plus uniformes. Nous avons également noté une plus grande séparation entre les abris destinés au bétail et ceux des personnes. C’est le cas d’un abri situé dans une position intermédiaire de l’un des ensembles répertoriés, où les dépendances du bétail se situent au sud et le grenier et les espaces d’habitation au nord (avec duplication du foyer à l’intérieur et à l’extérieur). Au cours des dernières années, on assiste à un investissement plus important dans la partie habitation de certains de ces abris, ce qui les distingue davantage des abris temporaires du petit bétail et les rapproche des habitations estivales.

Une autre particularité pouvant différencier les azibs est la présence de résidences principales et à caractère permanent identiques à celles que nous avons trouvé à Imeguiss. Cette importance plus grande accordée aux espaces d’habitation proprement dits peut aller jusqu’à l’intégration d’un deuxième étage au-dessus des dépendances du bétail. Une des maisons les plus importantes du lieu semble constituer un mélange entre la maison du douar et l’abri pastoral des azib (fig. 10D). L’étage terrien présente des analogies évidentes avec les abris des bergers d’Azig. Il combine des espaces de différentes hauteurs (certains sont très bas, en raison de la non modulation du sol incliné et de l’intégration de l’affleurement rocheux), associés à une bergerie murée située au sud-est. L’accès à cette bergerie se fait par une porte avec un haut vent et une mangeoire identique à ceux que l’on trouve dans les anrar de Magdaz. De son côté, l’étage supérieur rappelle l’habitat des villages situés sur une cote plus basse. On accède à l’amalal par la façade postérieure. De par sa position centrale, l’amalal structure la liaison avec les autres compartiments, y compris avec l’espace du foyer (au sud-ouest) et une petite salle de réception (au nord-ouest) avec la caractéristique duplication de la fenêtre. L’organisation de l’ensemble traduit ainsi l’importance du petit bétail, qui est fondamental pour l’économie du lieu. Nombreux maisons d’Imeguiss complètent cette ressource avec les terres irriguées des champs au sud et, dans certains cas, avec quelques têtes de bovins, ce qui confirme l’important processus de sédentarisation dans certains lieux d’altitude.

7. Considérations finales

L’étude de l’organisation sociale et spatiale du village de Magdaz et du territoire des Aït Attik a permis d’obtenir des informations essentielles pour le projet de recherche plus large sur l’architecture et le paysage des zones de montagne sur les deux rives de la Méditerranée occidentale. La région est habitée par une communauté locale d’agriculteurs et de bergers qui a développé une stratégie de survie essentiellement guidée par un besoin d’adaptation constante aux contraintes (écologiques, sociales, culturelles) du milieu environnant, par la complémentarité entre les différentes activités socio-économiques (horticulture, céréaliculture, arboriculture, élevage, apiculture) et la gestion partagée des écosystèmes et des ressources. Le travail de terrain, en cours, reprend à son compte les paramètres et ensemble d’expressions culturelles communes à d’autres zones de montagne de la région à l’étude : l’organisation des différents us du territoire ; le système d’irrigation (réservoir-séguia-rigole) et les tours d’eau ; les pâturages collectifs ; la transhumance estivale ; le peuplement par petites agglomérations ; la relation entre les villages principaux et les hameaux secondaires ; le processus de fragmentation de l’habitation. Il a également permis de reconnaître le caractère singulier de cette région de montagne, et sa très forte dimension identitaire. Celle-ci résulte de la conjugaison de facteurs naturels (relief, sol, eau, climat) en tant que conditions biophysiques déterminant les usages des communautés, et de facteurs culturels associés à la complexité de la structure sociale (tribu, fraction, sous-fraction, douar, ikhs, takat), à la connaissance et aux savoirs traditionnels (construction, culture, irrigation, pâturage). Les Aït Attik ont forgé un paysage culturel spécifique à partir de cette interaction entre aspects écologiques et aspects sociaux. Les systèmes, les structures et les lieux, comme l’agdal dans les zones de plus grande altitude, les potagers éphémères dans les lits des rivières ou les greniers de lignage dans les villages, forment un patrimoine rural vivant et évolutif, révélateur d’une culture qui, dans le contexte austère du Haut Atlas, mérite tout soutien en vue de garantir sa sauvegarde et sa valorisation.

Notes

1 Fougerolles, 1981, p.162
2 Cet article fait partie du projet de recherche UID / ARQ / 0281/2016 de CEAACP financé par Fundação para a Ciência e a Tecnologia (FCT), Portugal. La présente recherche s’inscrit dans “L’Étude intégrée de l’architecture et du paysage des régions de montagne de la Méditerranée occidentale”, financée par FCT (SFRH/BSAB/114338/2016 e SFRH/BSAB/114311/2016), relative au premier semestre de 2016, pour l’élaboration du travail de terrain au Maroc, intégré au LERMA-TDD, Laboratoire Les Montagnes Atlasiques - Territoires, Développement et Durabilité, Université Cadi Ayyad, Marrakech. Les auteurs remercient le soutien – essentiel – de l’architecte José Alberto Alegria, Consul honoraire du Maroc en Algarve, du professeur João Guerreiro de l’Université de Algarve, du Dr. Maria Ramalho de l’ICOMOS, de l’architecte Salima Naji et du professeur Said Boujrouf de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Cette recherche, encore en cours, est dédiée à la population de Magdaz. Des remerciements particuliers sont adressés à Abde Ouhadouche (et à sa famille) qui a collaboré aux différentes phases du travail de terrain réalisé dans ce village et dans son territoire environnant.
3 Batista et Costa, 2020.
4 cf. Aït Hamza 2012, 187-207.
5 cf. El Faïz 2001, p. 44-46.
6 Aït Hamza 2012, p.187-207.
7 El Faïz 2001, p. 36-48.
8 Amahan 1998, p.102-111.
9 Batista et Costa 2020, p. 217.
10 Berque 1978, p.127-131.
11 Somet 1976, p. 58.
12 El Faïz 2001, p. 41-43
13 Amahan 1997, p. 93
14 cf. Somet 1977, HT1/2.
15 Somet 1977, HT1/10.
16 cf. El Faïz 2001, p. 45; Amahan 1998, p. 298.
17 cf. Naji 2006, p. 47
18 cf. Aït Hamza 2002, p.192 ; Crépeau et Tamim, 1986, p. 369.
19 Costa et Batista, 2020.
20 Laoust 1920, p. 18.
21 Ce projet fut mené grâce au partenariat entre l’Association Megdaz pour le développement, les affaires sociales et le tourisme et Tetraktys, Association de coopération pour le développement local des espaces naturels, à partir de l’initiative et avec la collaboration de l’École Nationale d’Architecture de Rabat (Maroc), avec le soutien du Ministère de la Culture et du Ministère du Tourisme et la plus grande participation de la population.
22 cf. Laoust 1920, p. 2.
23 Laoust 1920, p.17-18.
24 cf. Naji, 2001, p. 62-69/94-105
25 Naji, 2001, p.101-105
26 Henri Terrasse, 2010, p.37-50.
27 Jacques Berque, 1978, p. 30-31.
28 Laoust, 1920, p. 17.
29 cf. Berque 1978, p.112.

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Auteur

Batista Desidério

Professeur et chercheur au CEAACP, Université d'Algarve, Campus de Gambelas, 8005-139 Faro, Portugal, mrcosta@ualg.pt, https://orcid.org/0000-0002-9894-7811

Reimão Costa Miguel

Professeur et chercheur au CHAIA-UÉ, Université d'Algarve, Campus de Gambelas, 8005-139 Faro, Portugal, dbatista@ualg.pt, https://orcid.org/0000-0001-5289-6185

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