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intégral
Numéro 07
Dégradation du patrimoine ksourien du sud algérien
Cas du tissu résidentiel des Ziban (Biskra)
Sami Zerari, Leila Sriti et Khaled Mansouri
Joseph Hiriart et Jean-Marcel Seignouret, Maîtres français de l'Art déco
Esquisse de dix années d'activités à Tunis (1927-1936)
Lauren Etxepare
et Esmahen Ben Moussa
Genèse du village colonial à Tébourba
Faiza Matri
07 | 2019
Les bungalows de Skanès, un modernisme du sud.
Un exemple d’architecture moderne au sud de la méditerranée
Emna Touati
Table des matieres
Résumé
Le mouvement moderne a eu un impact considérable sur la production architecturale mondiale. Si le berceau premier est l’Europe et les Etats-Unis, ce mouvement a su propager au fil des années et des déplacements des architectes, ses idées tout autour du monde. Les principes sont les mêmes : universalité d’un langage architectural et progrès technique. Mais différentes interprétations sont apparues selon l’aire géographique et les moyens mis à disposition. Dans les pays du sud de la Méditerranée l’architecture moderne s’est adaptée au lieu et au climat en réinterprétant des dispositifs propres à la tradition constructive de la région. C’est notamment le cas pour les architectures de la période de la Reconstruction en Tunisie à partir de 1943. Avec la vague des indépendances au Maghreb et en Afrique, les nouveaux pouvoirs politiques ont voulu affirmer l’identité retrouvée des peuples à travers l’architecture et l’urbanisme. Des chefs d’Etats comme Habib Bourguiba ont tenté de faire la fusion entre la culture traditionnelle du pays et leur volonté de mener leurs peuples sur la voie de la modernisation. A travers des commandes exceptionnelles comme les palais présidentiels, les architectes vont proposer des architectures qui s’adaptent au lieu, à la culture et aux préceptes de la Charte d’Athènes. A partir de l’analyse de cinq bungalows présidentiels du Palais de Skanès conçus par Olivier-Clément Cacoub, architecte de la présidence de la république tunisienne à partir des années 1960, nous allons découvrir comment l’architecture moderne a su s’adapter au sud de la méditerranée.
Mots clés
Olivier-clément Cacoub, Architecture méditerranéenne, architecture moderne du sud, Tunisie.
Abstract
The modern movement has had a considerable impact on world architectural production. If the first cradle is Europe and the United States, this movement has been able to spread its ideas all over the world over the years and through the travels of architects. The principles are the same: universality of an architectural language and technological progress. However, different interpretations have emerged depending on the geographical area and the resources made available. In the southern Mediterranean countries, modern architecture has adapted to the place and climate by reinterpreting features specific to the region’s constructive tradition. This is particularly the case for the architectures of the Reconstruction period in Tunisia from 1943 onwards.
With the wave of independence in the Maghreb and Africa, the new political powers wanted to affirm the regained identity of peoples through architecture and urban planning. Heads of state such as Habib Bourguiba have tried to merge the country’s traditional culture with their desire to lead their peoples on the path of modernization. Through exceptional commissions such as presidential palaces, architects will propose architectures that adapt to the place, culture and precepts of the Athens Charter. Based on the analysis of five presidential bungalows of the Palace of Skanes designed by Olivier-Clément Cacoub, architect of the Tunisian presidency from the 1960s onwards, we will discover how modern architecture has adapted to the southern Mediterranean.
Keywords
Olivier-clément Cacoub, Mediterranean architecture, modern architecture of the south, Tunisia.
الملخّص
كان للحركة الحديثة تأثير كبير على الإنتاج المعماري العالمي. إذا كان مهد هذه الحركة أولا في أوروبا والولايات المتحدة الأمريكية، فقد نشرت هذه الحركة أفكارها في جميع أنحاء العالم على مر٘ السنين فضلا لحركة المهندسين المعماريين. لكن ظهرت اختلافات ملحوظة حسب المنطقة الجغرافية ووسائل البناء المتاحة. ففي دول جنوب البحر المتوسط، تكيفت الهندسة المعمارية الحديثة مع المكان والمناخ من خلال فترة « إعادة الإعمار» في تونس ابتداء من 1943. ومع موجة اﻹستقلال في المغرب العربي وإفريقيا أرادت القوى السياسية الجديدة تأكيد الهوية المستردة للشعوب من خلال العمارة والعمران. لقد حاول رؤساء دول مثل الحبيب بورقيبة دمج الثقافة التقليدية للبلاد مع إرادتهم لقيادة شعوبهم على طريق التحديث من خلال أوامر استثنائية مثل القصور الرئاسية، سيقترح المهندسون المعماريون هياكل تتكيف مع المكان والثقافة ومبادئ ميثاق أثينا.
من خلال تحليل مجموعة من خمسة بناءات تنتمي لقصر صقانس الرئاسي والتي صممها أوليفيا كليمون كاكوب، مهندس رئاسة الجمهورية التونسية في الستينات. سنكتشف من خلالهم كيف تكيفت الهندسة المعمارية الحديثة في دول جنوب البحر المتوسط.
الكلمات المفاتيح
عمارة البحر المتوسط، العمارة الحديثة، تونس، أوليفيا كليمون كاكوب، تونس.
Pour citer cet article
Touati Emna, « Les bungalows de Skanès, un modernisme du sud. Un exemple d’architecture moderne au sud de la méditerranée », Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture
Maghrébines [En ligne], n°07, Année 2019.
URL : https://al-sabil.tn/?p=17424
Texte integral
Le mouvement moderne en architecture a pendant des décennies été perçu comme un tout indivisible. Une vague d’idées, de béton, de standardisation et de formes simples qui aurait déferlé sur le monde de l’architecture pour le refaçonner d’un seul bloc. Les principaux acteurs étaient connus, Le Corbusier surtout, par le grand public pour son effort considérable de médiatisation de ses idées.
Mais l’histoire se réécrit à la lumière des nouvelles recherches, des études critiques et du recul que les années qui passent nous offrent. Le mouvement moderne global a perdu de son aura d’absolu avec l’émergence des critiques régionalistes et post-modernistes, tout d’abord, qui à l’instar de Aldo Rossi ou Ricardo Bofill, se tournent vers les spécificités culturelles et historiques de l’environnement dans lequel ils construisent. Ces spécificités intrinsèques à la production architecturale, les modernes avaient voulu les gommer, au début du XXe siècle, afin de mettre en valeur le grand principe de l’universalité de l’architecture et de l’homme, qui fondait leur idéologie.
Néanmoins, l’analyse des architectures produites par le Mouvement moderne a permis de mettre en exergue la dichotomie qu’il y avait entre le discours universaliste et les nuances qu’on retrouve dans l’architecture produite. Le mouvement moderne a donné naissance à une multitude d’architectures modernes. Les tours de Mies Van Der Rohe, les habitats sociaux de Ernst May, le purisme de Le Corbusier, autant d’expérimentations qui ont évolué, et se sont adaptées, plus ou moins, aux environnements dans lesquels elles se sont implantées grâce entre autres, au formidable travail intellectuel produit par les modernes (Monnier, 1994).
Les grands maîtres modernes n’ont pas vraiment beaucoup construit au sud de la méditerranée. Mis à part Le Corbusier qui a conçu la villa Baizeau1 à Carthage (Benton, 2014). Les constructions modernistes, nous les devons essentiellement à des architectes2 tels que Jacques Marmey ou Bernard Zerhfuss qui, pendant la période de la reconstruction, après la IIème guerre mondiale, ont proposé une architecture particulière au Maghreb, une adaptation rationnelle au lieu, aux matériaux disponibles, au climat et aux nouvelles tendances de l’architecture (Breitman, 1986). Plus tard, dans la Tunisie indépendante des années 1960, d’autres architectes vont émerger.
Le nouveau régime républicain indépendant tunisien a la volonté d’asseoir son identité à travers la construction de nouveaux équipements. Le premier Président de la République Tunisienne, Habib Bourguiba, impulse un vent de modernité à travers le pays. Il lance plusieurs grands projets à l’échelle nationale, ses priorités sont l’éducation, le progrès, la vie décente et les équipements du pays.
Il veut une nation moderne avec des routes, des ponts, des hôpitaux, des écoles, des universités, des stades, et des villes modernes3. Mais il n’est pas question pour Bourguiba de renier l’identité culturelle du pays. Après soixante ans de colonisation française, l’heure est à l’affirmation de la tunisianité et à la mise en avant de son histoire millénaire. A l’instar des pays comme l’Inde, le Brésil ou le Mexique4, le président tunisien veut affirmer l’identité nationale à travers ses projets architecturaux.
L’occasion lui sera donnée, très tôt au cours de son long mandat présidentiel, d’exprimer grâce à son maître d’œuvre Olivier-Clément Cacoub sa vision d’une architecture contemporaine tunisienne. En 1962, deux palais présidentiels sont achevés. Celui de Carthage, résidence officielle du Président de la république et siège de son activité politique et diplomatique est une juxtaposition phénoménale de style andalou, de salons à la Louis XVI, de décors tunisiens et de jardins à la française.
Le second, plus modeste dans ses dimensions et son programme est un palais-résidence d’été. Construit à Skanès, un village voisin de la ville natale de Bourguiba, Monastir. Plus nuancé dans son esthétique, le Palais de Marbre « Qasr el Marmar » a été ainsi nommé à cause de ses façades recouvertes de moucharabieh et de dalles de marbre blanc. L’édifice est selon son auteur une interprétation d’un plan carré méditerranéen. Ce questionnement sur la qualification de cette architecture, sa modernité, sa méditérranéité, nous voudrions l’aborder dans l’œuvre d’Olivier-Clément Cacoub à travers des objets architecturaux uniques que sont les bungalows des invités présidentiels du Palais de Marbre.
L’objectif étant de définir les apports, les influences et les hybridations dans l’architecture moderne et contemporaine tunisienne.
1. Un architecte en prise avec les courants : Entre Grand Prix de Rome, Architecture moderne et Méditérranéité
1.1. Beaux-Arts et Grand Prix de Rome
Olivier Clément Cacoub est un enfant de la Médina de Tunis. Il a été élève au Lycée de Tunis et a rejoint après son bac, l’atelier de Gaston Glorieux à l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis, où il ne restera qu’une seule année. En 2ème classe, il est admis en 1942 à l’atelier Pierre Bourdeix à l’Ecole Régionale d’Architecture de Marseille. Puis il est transféré à l’Ecole de Paris où il sera élève d’Emmanuel Pontremoli5 et André Leconte.
Durant ses années de cours à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Cacoub va participer à plusieurs concours6.
Le Grand Prix de Rome de l’Académie de France à Rome7 est un des concours les plus importants dans la vie d’un étudiant en Architecture (ou d’une autre discipline).Nous avons pu accéder à son projet Premier Grand Prix de Rome de 1953, conservé à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris8. Olivier Clément Cacoub sera pensionnaire à l’Académie de France à Rome de 1953 à 1957. Comme tous les pensionnaires, ses envois de Rome auront pour thème des architectures antiques à restituer. Pour leur troisième année, les pensionnaires ont l’obligation, depuis la réforme de 1948, d’effectuer un voyage dans le bassin Méditerranéen ou dans un autre pays. Cacoub a choisi de l’effectuer en Tunisie (comme son Patron d’Atelier aux Beaux-arts Pontremoli avant lui). Son envoi de troisième année, en 1957, a été une étude de « l’Architecture et urbanisme méditerranéen, création et aménagement d’une grande voie traversant la Médina historique de Tunis ».
1.2. Une commande exceptionnelle
Après son Premier Grand Prix de Rome, commencera sa carrière avec un centre d’accueil9 pour enfants à Ksar-Saïd dans le gouvernorat de La Manouba en 1958. Très vite, le Premier Président de la jeune République Tunisienne, Habib Bourguiba, va avoir connaissance de ce jeune architecte tunisien Grand Prix de Rome. C’est à travers sa deuxième épouse Wassila Bourguiba, selon Chédli Klibi, que le premier chef d’Etat tunisien va faire la connaissance du jeune architecte. « Le choix de Cacoub, pour construire les palais de Carthage et de Skanès, était le sien. Elle le présenta à Habib Bourguiba, qui fut séduit par son intelligence, sa vision alliant l’ancien et le moderne, et son bagout » (Klibi, 2012).
Bourguiba va confier à Cacoub le réaménagement de sa ville natale de Monastir. L’architecte va complètement métamorphoser cette petite ville côtière en une grande ville balnéaire selon les principes du Mouvement Moderne. « L’occasion de construire dans des conditions exceptionnelles allait bientôt m’être donnée. Je la dois à la Tunisie, pays où je suis né et plus particulièrement au Président Bourguiba qui me confia la reconstruction de Monastir, sa ville natale. » (Cacoub, 1974).
A partir de cette collaboration, de cette amitié naissante et de cette estime partagée, la carrière d’Olivier Clément Cacoub va connaître un bond fulgurant. Bourguiba le désigne architecte de la Présidence de la République. Il est aussi architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux. De 1958 jusqu’en 1974, il réalisera 123 projets et études dont la moitié en Tunisie. Pour ses activités d’avant 1974, son livre « Architecture de soleil » constitue une source importante et fiable. Son agence prolongera son activité jusque six mois avant sa mort en 2008.
Son amitié avec Bourguiba a permis à Cacoub d’avoir de nombreuses relations avec plusieurs chefs d’états africains. Il sera l’architecte de deux Présidents africains : Félix Houphouet Boigny10, Président de la Côte d’Ivoire et Mobutu Sese Seko11, Président de l’ancien Zaïre. En France, Cacoub est l’architecte notamment de la Cité Internationale des Arts en collaboration avec Paul Tournon et Marion Tournon-Branly (1950-1965), du nouveau Palais des Festivals de Cannes, de l’Université d’Orléans-la-source (1962-1982).
Cacoub était proche des hautes sphères politiques françaises. Il était notamment devenu le conseiller d’Edgar Faure dans les années 1990. En 2002, le Président Jacques Chirac décerne à Cacoub la cravate du commandeur dans l’Ordre de la Légion d’Honneur et salue la carrière de l’architecte qu’il considère comme « l’un des grands bâtisseurs de ces trente dernières années ». A sa mort en avril 2008, Christine Albanel, alors Ministre de la Culture et de la Communication rend hommage à l’architecte : « Prolifique, respectueux dans l’audace, Olivier-Clément Cacoub laissera le souvenir d’un architecte dont la motivation profonde était de rendre les gens plus heureux »12.
2. Skanès, un palais dans une palmeraie
2.1. Un palais méditerranéen
Au cours de sa carrière, Cacoub va concevoir toutes sortes de bâtiments, parmi eux des commandes officielles comme celle du Palais de Marbre de Skanès en 1962. Il s’agit d’un palais estival pour la Présidence de la République, implanté face à la mer dans une palmeraie de plus de 1000 arbres à Skanès Monastir, la ville natale du Président de la République Habib Bourguiba.
Ce palais construit en 1962 s’inscrit dans un vocabulaire architectural qui répond en certains points aux préceptes modernistes (toit terrasse, façade libre, fenêtres en bandeau), mais qui pour ce qui est de l’ornementation, tire plus ses références des palais de l’aire arabo-musulmane (dentelle de marbre, tapisseries de carreaux de céramique…).
Dans le texte descriptif qu’il fait de ce Palais de Marbre dans son ouvrage Architecture de Soleil, Olivier-Clément Cacoub évoque une conception de plan « d’inspiration authentiquement méditerranéenne ».

Source : Cérès.1974.
Le plan du palais est carré entourant un patio dont deux des façades sont constituées d’une série de colonnades monumentales ouvrant l’édifice sur le paysage.
Le palais lui-même est un jeu complexe entre grammaire architecturale moderne et vocabulaire esthétique local traditionnel.

Source : Cérès.1974.
2.2. Cinq bungalows en « Cinq Points »
L’enceinte du Palais du Marbre renferme dans son jardin 5 bungalows sur pilotis dont la pureté formelle contraste avec la riche décoration du Palais. A l’époque, ces constructions servaient de logement pour les invités du couple présidentiel. A leur construction et durant toute la présidence de Bourguiba, ces bungalows et le palais étaient les seules constructions de l’impressionnante palmeraie de 1000 arbres.
Ces cinq unités constituent un exemple assez singulier de ce que l’architecte a pu concevoir.
Une trentaine d’années après la construction de la Villa Baizeau par Le Corbusier sur le sol tunisien, Cacoub présente une réinterprétation des préceptes architecturaux modernes agrémentés de détails constructifs qui les intègrent au climat et au site.

Source : Google Map. 2019.
S’ils s’inscrivent assez naturellement dans l’héritage du Mouvement moderne puisqu’ils correspondent aux Cinq Points de l’Architecture Moderne énoncés par Le Corbusier à partir de 1927, ces constructions sont tout de même une adaptation au lieu.
• Toit terrasse
Les cinq bungalows présentent des toits plats mais qui ne sont pas tous accessibles. Une seule des unités présente une toiture-terrasse totalement accessible. Les toits sont particulièrement marquants dans ces bungalows puisqu’ils débordent généreusement de trois côtés.

Source : Photographie personnelle. 2018.
• Le plan libre
Les bungalows présentent des espaces intérieurs assez ouverts. Les espaces nuits ne sont séparés de la pièce de vie que par une cloison amovible légère en fer, une sorte de rideau. Un seul des bungalows offre une chambre à coucher cloisonnée.
• Les pilotis
Tous les bungalows sont surélevés et accessibles par un escalier latéral et reposent sur des pilotis dont la forme conique inversée est caractéristique du mouvement moderne. Au rez-de-chaussée, des dépendances (salle de bain extérieure, local technique) sont cachées dans un mur courbe, non porteur, recouvert d’un parement de pierres.

Source : Photographie personnelle. 2018.
• Ouvertures sur paysage
S’agissant de bungalows dont la surface est assez restreinte, l’accent a été mis sur des ouvertures totales en bande sur le balcon-terrasse aux proportions généreuses.

Source : Photographie personnelle. 2018.
• La façade libre
Les ouvertures jouent un grand rôle dans ces bungalows, elles sont là pour cadrer le paysage et ouvrir au maximum l’intérieur sur les terrasses tout autour. Les façades découlent donc de cette prérogative.
3. Architecture moderne du Soleil
3.1. Une architecture de brise-soleil
Le Corbusier adopte dans son projet de la Villa Baizeau le principe de balcons entourant la maison, constituant ainsi un toit-parasol. Cette solution est une reprise des dispositifs traditionnels de protection solaire (Siret, 2006). Cacoub, dans ses bungalows présidentiels va proposer une typologie semblable à la combinaison choisie par Le Corbusier dans la Villa Baizeau : pilotis, fenêtres en bandeau et toit-parasol. La relation de l’architecture d’Olivier-Clément Cacoub avec le soleil est très importante dans son œuvre et dans son discours. Il nomme d’ailleurs son livre « Architecture de soleil », et y insiste sur l’importance de l’ombre et de la lumière pour l’architecte et le méditerranéen qu’il est.
Autre préoccupation pour ce climat méditerranéen chaud, l’orientation des bungalows. Leurs terrasses et ouvertures suivent toutes l’orientation nord faisant face à la mer. Les façades sud des bungalows sont peu percées d’ouvertures. Les portes d’entrée se trouvent sur la façade est ou ouest.

Source : Photographies personnelles. 2018.
3.2. Tradition méditerranéenne
Dans ces bungalows du Palais présidentiel, les signes d’une réinterprétation d’une architecture traditionnelle méditerranéenne ou arabo-musulmane sont minimes. Nous relèverons seulement l’introduction dans chaque bungalow d’une fresque murale faite de zelliges peints à l’instar des carreaux de faïence qui recouvrent traditionnellement les intérieurs des maisons méditerranéennes. Ces fresques, comme celles du Palais de Marbre et de ses jardins, sont signées par les plus grands noms de l’art contemporain tunisien comme Aly Ben Salem, Ali Bellagha, Jallel Ben Abdallah, Abdelaziz El Gorgi ou Nello.

Source : Photographie personnelle. 2018.
3.3. Une modernité assumée
Les bungalows reprennent les préceptes de l’architecture de Le Corbusier et de la Charte d’Athènes des CIAM : construction sur pilotis, façade libre, plan libre, toit plat, fenêtres en bandeau, utilisation de matériaux modernes comme le béton armé, l’acier, le verre, les carreaux de pâte de verre et une non-ornementation manifeste. Les fresques murales présentes sur les terrasses des bungalows sont à apparenter à l’importance de l’art dans l’architecture moderne et non pas à prendre en compte comme une ornementation de façade.

Source : Photographie personnelle. 2018.