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Numéro 07
Dégradation du patrimoine ksourien du sud algérien
Cas du tissu résidentiel des Ziban (Biskra)
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Esquisse de dix années d'activités à Tunis (1927-1936)
Lauren Etxepare
et Esmahen Ben Moussa
Genèse du village colonial à Tébourba
Faiza Matri
07 | 2019
Etude spatio-syntaxique des mosquées Ibadites construites au temps des I`azzâben (Azzaba) à Djerba et au Mzab
Houda Ben Younes
Table des matieres
Introduction
1. Principe d’organisation spatiale de l’échantillon mosquées Ibadites de la pentapole du Mzab et de l’ile de Djerba
2. Les caractéristiques spatiales et socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites dans la pentapole du Mzab et dans l’ile de Djerba
3. Comparaison des caractéristiques spatiales et socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites dans la pentapole du Mzab et dans l’ile de Djerba
Conclusion
Résumé
Cet article a pour but d’analyser la spatialité de vingt mosquées Ibadites de la pentapole du Mzab et de Djerba, dans leurs doubles-aspects matériel et immatériel. L’interrogation principale de ce travail étant l’identification de la genèse de la logique spatiale ainsi que la pertinence sociale de ces configurations architecturales des mosquées Ibadites, autrement dit, comment un ordre d’espaces dans une configuration spatiale fonctionne-t-il en premier lieu en tant que système de relations spatiales et, en second lieu, en tant que système de relations sociales ? Notre étude se base sur la méthode de la syntaxe spatiale qui met en évidence la relation fondamentale qui existe entre la configuration d’un espace et son usage. En utilisant les techniques de la syntaxe spatiale, il a été découvert des similarités génotypiques dans les mosquées qui montrent en apparence des différences dans l’organisation spatiale.
Mots clés
Vallée du Mzab, Ile de Djerba, Syntaxe spatiale, Mosquée ibadite,Génotype.
Abstract
The aim of this article is to analyse the spatiality of twenty Ibadite mosques in the pentagon of Mzab and Djerba, in their dual aspects, tangible and intangible. The main question of this work is the identification of the genesis of spatial logic as well as the social relevance of these architectural configurations of Ibadite mosques, in other words, how does an order of spaces in a spatial configuration function first as a system of spatial relations and secondly as a system of social relations?Our study is based on the spatial syntax method, which highlights the fundamental relationship between the configuration of a space and its use. Using spatial syntax techniques, genotypic similarities have been discovered in mosques that seem to show differences in spatial organization.
Keywords
M’Zab Valley – Djerba Island – Spatial syntax – Ibadite mosque – Genotype.
الملخّص
ان الغرض من هذا المقال هو تحليل الفضـاءات المعــماريّة ﻟﻸﺒـﻨﻴﺔ الــدينيّة الاباضــيّة. تعتمد الدراسة على نظريّة التركيبة المجــاليّة. ان التركيبــة توضح بجلاء العــلاقة الاســاسيّة المــوجودة بين هيئة المجـــال والطــريقة التي يسير بها. ان الـهدف من هذا الـعمل الـبحثي،هو تـجريب هذا الاجتهاد على عيّنة متكوّنة من عشـــرين مســجدا ابــــاضيّا من قصـــور وادي مــيزاب الخمسة و من جزيرة جـــربة. تركّز هذه الدراسة اســاسا على طـــريقة التركيبة المــجاليّة كتقنية قياس مدى صــلابة المـــوروث المـــجالي. كخـاتمة أوليّـة، نجد تشابها في الخصائص التنظـــيميّة الفضــائيّة والاجتمــاعيّة التي تميّز المساجد الاباضيّة في المنطقتين.
الكلمات المفاتيح
وادي ميزاب، جزيرة جربة، التركيبة المجاليّة، المسجد الاباضي، الموروث المجالي.
Pour citer cet article
Ben Younes Houda, « Etude spatio-syntaxique des mosquées Ibadites construites au temps des I`azzâben (Azzaba) à Djerba et au Mzab », Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture
Maghrébines [En ligne], n°07, Année 2019.
URL : https://al-sabil.tn/?p=17247
Texte integral
Cette étude s’intéresse principalement à l’étude de la spatialité d’un type de mosquée issu de la production populaire qui est la mosquée berbère ibadite1. En effet, l’architecture des mosquées édifiées par et pour les Ibadites, a été étudiée principalement par les disciplines de l’histoire de l’art, de l’architecture et de l’archéologie. Elles ont été décrites et détaillées dans de très nombreuses monographies et à travers des analyses d’histoire, de typologie et de sémiotique (Oleg, 1983). Ces approches analytiques semblent, cependant, présenter toutes un trait commun : leur nature exclusivement qualitative. Or nous jugeons que l’étude de l’espace architectural à travers son volet cultuel et sa relation à la société qui en constitue l’essence même, ne peut se réduire uniquement à l’analyse de l’espace d’un seul et unique point de vue dit « sensible ». Par ailleurs, les quelques travaux antérieurs de comparaisons menés sur un certain nombre de mosquées ibadites dans de différentes aires géographiques, se sont limités à la recherche des particularités architecturales communes (Marçais, 1928 ; Schacht, 1954 ; Benkari, 2004). Cette approche n’a pas été poursuivie pour analyser, avec une manière scientifique et détaillée, la logique spatiale et sociale de ces mosquées, identifier leurs génotypes2 et les comparer. Cette présente recherche tente de traiter l’espace cultuel ibadite selon une perspective complémentaire et dualiste, le prenant dans son double aspect matériel et immatériel. Ce positionnement épistémologique nous a guidés vers la combinaison de deux méthodes jugées assez illustratives au regard de notre objectif exprimé : La syntaxe spatiale3 et la méthode historique (Ben Younes, 2018). Cette recherche se focalise, donc, sur l’étude socio-spatiale d’un échantillon de 20 mosquées ibadites (dont 10 mosquées de Djerba et 10 mosquées du Mzab) construites avant le 18ème siècle4. Nous proposons à travers ce travail de comprendre si la mosquée Ibadite, pourrait entretenir au niveau de sa spatialité une unité qui pourrait les identifier comme génotype architectural. Et si, ce ou ces génotypes architecturaux issus des mosquées Ibadites de la première région d’étude, entretenaient une quelconque relation commune avec le ou les génotypes des mosquées Ibadites issues la deuxième région d’étude. Cet article est composé de trois grandes parties : Une première partie qui s’intéresse à la description générale des espaces constitutifs de l’échantillon de mosquées Ibadites sélectionnées de la pentapole du Mzab et de l’ile de Djerba. Une deuxième partie concerne les caractéristiques spatiales et socio-spatiales de ces mosquées. Quant à la dernière partie, elle s’intéresse à la recherche des similarités et des différences au niveau de ces caractéristiques.
1. Principe d’organisation spatiale de l’échantillon mosquées Ibadites de la pentapole du Mzab et de l’ile de Djerba
1.1. Principe d’organisation spatiale de l’échantillon des mosquées Ibadites de la pentapole du Mzab
La mosquée mozabite du Ksar (Fig.1), appelée localement « tamijjîda », comprend globalement deux niveaux : Le premier est constitué d’une salle pour les ablutions « taqerbûst », d’une salle de prières couverte « tzaqqa n tzallit » , de deux pièces de rencontre (l’une pour les fidèles ; salle de cours coranique « mahdra » et l’autre pour les I'azzâben5 ; le « tamnâyt », d’une cour à galeries « çahn » , avec un ou plusieurs mihrab/s, d’une bibliothèque, éventuellement, de même que des niches « ibûja » pour les dates et les livres. Supérieur au précédent, le second se compose d’une salle de prières pour les femmes et d’une grande terrasse à ciel ouvert « annej » avec un mihrab.
La mosquée funéraire, appelée localement Muçalla (Fig.2), est située généralement en contrebas du Ksar. C’est une construction très simple, dont le volume parallélépipédique de la salle de prière présente généralement une base presque carrée. Le toit de la salle de prière « annej »est accessible grâce à une sorte d’échelle « tîsunân » formée de pierres plantées le long du coin de l’une des façades. Cette salle de prière « tzaqqa n tzallit » est bordée par une cour utilisée comme aire de prière« tzallit », délimitée par un muret assez bas. Sa surface plane, blanchie à la chaux, sert également pour collecter les eaux de pluies, dont le ruissellement est dirigé par de petits canaux vers un puits« majel » construit dans son coin.
1.2. Principe d’organisation spatiale de l’échantillon mosquées Ibadites de l’ile de Djerba
Les différentes composantes de la mosquée de Djerba (Fig.3), appelée localement « tamizgîda »,sont réparties dans une esplanade surélevée, entourée d’un muret. On accède généralement à ces espaces par deux entrées principales qui s’ouvrent directement sur le« çahn » ou la cour. Le sol de cette dernière est régulièrement passé à la chaux. Des puits et des citernes y sont dispersés autour de la salle de prières « tzaqqa n tzallit ». Celle-ci occupe une place centrale dans l’enceinte de la mosquée. Les mosquées Ibadites possèdent généralement plusieurs lieux de prière bien distincts. Leur fréquentation varie selon les saisons et les heures du jour : outre la salle de prière fermée, des mihrab/s d’été sont installés à l’extérieur. Tenant compte des conditions climatiques de l’ile, les djerbiens ont construit un petit portique, le « bortâl », qui accueille la prière des fidèles en été. Les mosquées Ibadites comportent également un local réservé aux ablutions ou « mîda », des pièces d’habitation ou« khulwât », qui peuvent abriter les leçons des enseignants ou héberger les pèlerins et les voyageurs. Les pièces d’habitation et les autres espaces annexes (le « makhzen» ou le local de dépôt, la « madrsa » ou école coranique, cuisine…etc.), entourent la salle de prière et sa cour en occupant les différents côtés de l’enceinte.
2. Les caractéristiques spatiales et socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites dans la pentapole du Mzab et dans l’ile de Djerba
2.1. Abstraction des arrangements spatiaux de l’échantillon des mosquées Ibadites du Mzabet de Djerba
L’exploration des arrangements spatiaux de notre échantillon de mosquées Ibadites en vue de découvrir leurs configurations spatiales sous-jacentes, ne pourrait se remplir, sans rendre intelligible les plans architecturaux de l’ensemble des spécimens retenus pour cette étude. Pour ce faire, ces derniers ont été abstraitement convertis en graphes justifiés (Fig.4 et .5), après décortication de leurs espaces en nœuds ou cellules. Ces différents espaces constitutifs des spécimens du corpus d’étude, ont été codifiés selon les anciennes appellations attribuées par les Ibadites djerbiens et les mozabites (Tab. 1). Le but de cette abstraction des plans architecturaux est, en plus du dessin des graphes considéré comme étape préliminaire indispensable à l’analyse de la syntaxe spatiale, d’explorer les éventuelles récurrences représentatives.
2.2. A la recherche des génotypes de l’échantillon des mosquées Ibadites du Mzab et de Djerba
La syntaxe spatiale, nous permet de connaître la structuration de l’intérieur des mosquées. Ceci a été fait en comparant chaque espace de la mosquée aux autres lieux de cette même mosquée, selon son degré d’intégration6 et prendre ainsi, un rang sur une échelle. De pareilles ordinations d’après les graphes nous ont conduites à une meilleure compréhension de la morphologie et par conséquent de la structuration spatiale (Tab. 2 et .3). Le questionnement que l’on est tenté de se poser à ce stade est : Si ces séquences ordonnées de lieux, donc de fonctions, sont récurrentes dans certaines mosquées ?7
2.3. Le mode de structuration
L’identification des caractéristiques spatiales, a fait appel aux éléments syntaxiques d’ordre quantitatif à savoir, la valeur d’intégration, le facteur de différence de base relativisé BDF H*8 ainsi qu’au rapport Espace/Liaison (SLR)9. L’ordre d’intégration des espaces complexe par complexe a montré l’existence d’un groupe dominant (I), structuré exclusivement autour de la cour (S), ainsi que trois autres groupes mineurs ; (I), (II) et( III), où le premier est structuré simultanément autour de la cour (S) et la salle de prière principale (TZL), le deuxième est structuré exclusivement autour de la terrasse (Anj), quant au troisième, il est structuré uniquement autour de l’école coranique (Ma). Le facteur de différence relativisé a confirmé que la cour (S) est bel et bien l’espace le plus intégré et le plus intégrateur du seul groupe dominant trouvé, comme il a certifié sa solidité (Tab .4, .5, .6 et .7). Cette même opération a été reprise pour les 10 mosquées de Djerba, qui a déterminé un seul groupe, structuré exclusivement autour de la cour (S) dans les spécimens de Djerba. Le facteur de différence relativisé a confirmé que la cour (S) est bien l’espace le plus intégré et le plus intégrateur comme il a certifié la solidité de ce groupe composé des 10 spécimens de Djerba10 (Tab.8).
2.4. Le degré d’annularité11
Afin d’identifier les génotypes de l’échantillon des mosquées Ibadites de Djerba et du Mzab, une prise en compte de degré d’annularité des graphes justifiés ; a permis de classifier les spécimens en graphes arborescents et annulaires internes, externes et complexes (Tab.9).
Cet examen a permis de classifier les spécimens des mosquées Ibadites du Mzab en trois génotypes (A, B et C) structurés tous autour de la cour (S). De même pour les spécimens des mosquées Ibadites de Djerba, qui ont été classifiés finalement, en quatre génotypes D, E, F et G structurés tous, également, autour de la cour (S).Les génotypes sont identifiés par les structures suivantes :
A= {S, 3, AI, H*< 01} ; B= {S, 3, AC, H*< 01} ; C= {S, 2, Ar, H*<01} ; D= {S,4, AI, H*< 01} ;
E= {S, 3, Ar, H*< 01} ; F= {S, 2, AE, H*< 01} et G= {S, 1, AC, H*< 01}12 .
2.5. Les caractéristiques socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites du Mzab et de Djerba
Après avoir défini les génotypes des mosquées de Djerba et du Mzab, nous avons ensuite eu recours à la validation de ces résultats par l’intermédiaire d’une étude de pratiques spatiales (rituelles et sociales, journalières et occasionnelles) qui se déroulent au sein de ces génotypes trouvés. La consultation d’ouvrages et de travaux de recherche13, nous ont permis de récolter les informations nécessaires relatives aux manières avec lesquelles les fidèles Ibadites djerbiens et mozabites, utilisaient les différents espaces de leurs mosquées (Tab.10). Le traitement de ces informations pour les mosquées du Mzab a montré que (Graph.1) :
- La plupart des pratiques socio-spatiales, s’effectuent dans la cour (S) de la mosquée ; c’est l’espace qui abrite le nombre le plus élevé des pratiques (26 pratiques sur total de 50 pratiques recensées).
- Les locaux de dépôt (baJ), le minaret (AS), la salle de prière pour femmes (TZLt) et les salles d’ablution (E), comportent un nombre faible de pratiques (de l’ordre de 2 pour chacun). Quant à la salle de réunions des I’azzâben(Tm), elle comporte une seule pratique ce qui induit qu’elle est le seul espace qui abrite le plus faible nombre de pratiques dans la mosquée mozabite.
- Les espaces constituants les mosquées du Mzab, sont à usage majoritairement social.
De même pour les mosquées de Djerba, le traitement de données a montré que (Graph.2) :
- La majorité des pratiques socio-spatiales, s’effectuent au sein de la cour (S)(21 pratiques sur un total de 49 pratiques recensées)
- Le plus faible nombre de pratiques s’effectuent au sein des grottes (G) (4 pratiques), des locaux de dépôt (Mak), des terrasses (sT), des chambres et des salles d’ablution (E) (2 pratiques dans chacun de ces trois derniers espaces) et du minaret (MN), de la cuisine (Mt) et de l’escalier-minaret (Mdrj), qui comportent chacun, une seule pratique.
- D’une façon générale, les espaces constituants les mosquées de Djerba, sont à usage majoritairement social.
3. Comparaison des caractéristiques spatiales et socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites dans la pentapole du Mzab et dans l’ile de Djerba
3.1. Comparaison des caractéristiques spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites du Mzab et de Djerba
Les mosquées Ibadites de Djerba et celles du Mzab, appartiennent trois génotypes communs ayant les structures suivantes ; {S, n, AI, H*>1},{S, n, Ar, H*>1} et {S, n, AC, H*>1} (Graph.3 et .4). Les mosquées qui composent ces trois génotypes, possèdent la même logique d’organisation spatiale où la cour « çahn » (S) est l’espace le plus intégré et intégrateur des autres espaces du système global. Ces mosquées possèdent également les mêmes caractéristiques qualitatives inhérentes à leurs graphes justifiés de nature arborescente, annulaire interne et complexe. De ce fait, nous pouvons dire que les mosquées ibadites de Djerba et du Mzab appartiennent à des génotypes communs.
3.2. Comparaison des caractéristiques socio-spatiales de l’échantillon des mosquées Ibadites du Mzab et de Djerba
Les cours (S) constituent les espaces qui comportent le maximum des pratiques totales recensées (rituelles/sociales, journalières/occasionnelles) dans les mosquées Ibadites des deux régions d’étude. Ce sont des espaces tampons entre l’intérieur considéré « sacré » et l’extérieur qui est vu comme « impur ». Les notions de ségrégation et d’intégration dans la mosquée Ibadite de Djerba et celle du Mzab sont communément associées, à la notion de pureté, de sécurité et de la défense commune : les espaces communs les plus profonds et les plus ségrégués dans les mosquées des deux régions sont les espaces qui sont considérés comme « impurs » (KH/Tz, E/E, Ma/Ma, Mak/baJ) et les espaces communs dans les mosquées des deux régions qui assurent le contrôle et la défense sont les espaces à caractère sécuritaire (sT/ Anj, MN/AS, G/Tm).
Discussion
Grâce à la combinaison de la méthode de la syntaxe spatiale et de la méthode historique, cette investigation nous a permis de découvrir les configurations socio-spatiales sous-jacentes des mosquées ibadites et d’identifier par la suite leurs génotypes architecturaux. Bien qu’elles soient toutes structurées selon de divers modes d’agencements spatiaux, les mosquées des deux régions sont génotypiques et possèdent même des génotypes communs entre eux. Cependant et contrairement à ce que l’on pensait auparavant, la salle de prière dans la mosquée ibadite, n’est pas l’espace le plus important en termes de fréquentation et d’utilisation. C’est bien la cour qui est l’espace le plus important dans ce type de mosquées. Cet espace filtre, permet non seulement de jouer le rôle d’un espace tampon entre l’espace profane à l’extérieur et l’espace sacré à l’intérieur mais aussi entre les différents espaces associés à certaines pratiques particulières à l’intérieur même de la mosquée. Bien que de telles connaissances dans la pratique architecturale aient été largement fondées sur l’intuition et l’expérience, la connaissance fondée sur des preuves à la fois quantitatives et qualitatives assez fiables, ne fera qu’appuyer et compléter notre étude sur ce type de mosquées spécifiques.Par ailleurs, nous pouvons apercevoir, sur la base des résultats trouvés, qu’il existe des propriétés spatiales particulières et caractéristiques propres à la mosquée ibadite de ces deux régions. Prenons par exemple les graphes justifiés et le tableau des pratiques socio-spatiales relevées dans les mosquées, qui nous ont permis de distinguer certaines zones très intégrées et d’autres moins intégrées dans le même espace de la cour. Cela peut suggérer deux types d’espaces de prière et de circulation au sein même de cet espace qui n’ont pas été explicités auparavant ; l’isolé avec moins de fréquentation (orienté Nord-ouest) et l’occupé avec plus de fréquentation (orienté Sud-est).
Conclusion
Nous pouvons conclure que les spécimens choisis des mosquées ibadites du Mzab et de Djerba révèlent, d’une part, une similarité au niveau de leurs propriétés syntaxiques malgré la diversité de leurs formes spatiales, et d’une autre part, des similitudes dans la nature des espaces et des pratiques socio-spatiales qui évoluent dans un univers dicté par des codes tirés de la tradition islamique. Cette similitude révèle ainsi que la mosquée ibadite du Mzab ou celle de Djerba, est conçue de la même manière, en tant que forme institutionnelle unifiée et fondée essentiellement sur les principes et les lois islamiques malgré le contexte géographique et les codes de conduite différents dans les deux régions d’étude.

Source : Auteure 2017.

Source : Auteure, 2016.

Source : Auteure, 2017.













