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Numéro 04

La place Pichon à Sousse
La construction de l’identité de la place publique au début du Protectorat
Afef Ghannouchi Bouachour
La cité minière de Djerissa 1887-2017
Genèse, évolution et devenir à travers l'urbanisme et l'architecture
Leila Ammar & Hayat Badrani
L'Alhambra de Tunis; une salle de cinéma de faubourg
Iness Ouertani
04 | 2017
La cité minière de Djerissa 1887-2017
Genèse, évolution et devenir à travers l’urbanisme et l’architecture.
Ammar Leila et Hayet Badrani
Table des matieres
Introduction
1. Le chemin de fer et la ligne de Djerissa : la mise en place du réseau de transport colonial
2. Cadre géographique et historique, Djerissa au XIXe siècle
3. La mine : le minerai, la galerie souterraine et les installations du carreau
4. Genèse et évolution du tissu urbain : mécanismes, acteurs et formes urbaines1907-1956
5. Evolution historique et urbaine de 1905 à 1956
6. Morphologie urbaine, tracés viaires et organisation spatiale, les espaces publics, les corons
7. Principaux équipements publics
8. Djerissa aujourd’hui, la lente décadence de la cité minière
Conclusion
Résumé
Les développements qui suivent se situent dans le contexte de l’Industrialisation des cités minières du Maghreb aux XIXe et XXe siècles. L’industrialisation du monde s’accélère au XIXe siècle. Elle favorise l’intensification de la production, la mutation des techniques et l’avènement d’une nouvelle discipline du travail. Dès le début du XIXe siècle, pour les économistes libéraux comme pour les théoriciens socialistes européens, l’industrie devient la source de l’émancipation et l’industrialisation une nouvelle idéologie.
Le développement des mines et de l’extraction des minerais et des énergies fossiles au XIXème siècle s’est accompagné de la mise en place de cités et de villages miniers. Ces cités industrielles connaissent des évolutions diverses et des formes spatiales organisées en corons, entités singulières dans des ensembles monotones, hiérarchisés et ségrégués, dont le cœur du système, élément moteur de l’ensemble est la fosse et son carreau.
Dans le contexte du Maghreb en situation coloniale, l’implantation des Européens a eu pour conséquence une mainmise des colons sur une partie des meilleures terres de ces pays, mais aussi, l’exportation des ressources du sol au profit de sociétés étrangères. Ces ressources avaient été prospectées très tôt et exploitées rapidement.
En Tunisie, les mines de fer de Djerissa découvertes en 1887 et exploitées à partir de 1890 étaient sous le contrôle de la Compagnie algérienne de Crédit et de Banque, qui représentaient la Banque de l’Union parisienne. Djerissa, à 50 kilomètres de la ville du Kef, est un lieu dit du nom de Henchir Hadid d’origine berbère, organisé autour de terres agricoles et de pâturages. C’est à l’histoire, à la genèse et aux spécificités de ce site de gisement minier de fer (1887), que se consacre cet article. La cité minière de Djerissa est envisagée dans sa genèse et son évolution de la fin du XIXe siècle à nos jours. Les mécanismes de formation urbaine, la morphologie, les tracés et les typologies de logements ouvriers sont ici analysés. Les enjeux du présent et la lente décadence de Djerissa à partir des années 1960 sont évoqués et soulignés ainsi que l’impact environnemental de la cité minière. L’évolution contemporaine récente est significative des régressions mais aussi des potentialités d’un site industriel patrimonial à préserver et à mettre en valeur.
Mots clés
Cités minières, Industrialisation, Tunisie, Djerissa, XIXe et XXe siècles, Maghreb.
Pour citer cet article
Leila Ammar et Badrani Hayet, « La cité minière de Djerissa 1887-2017.
Genèse, évolution et devenir à travers l’urbanisme et l’architecture», Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture
Maghrébines [En ligne], n°04, Année 2017.
URL : https://al-sabil.tn/?p=16048
Texte integral
1. Industrialisation, cités minières et contexte maghrébin aux XIXe et XXe siècles
L’industrialisation du monde s’accélère au XIXe siècle. Elle favorise l’intensification de la production, la mutation des techniques et l’avènement d’une nouvelle discipline du travail. Dès le début du XIXe siècle, pour les économistes libéraux comme pour les théoriciens socialistes européens, l’industrie devient la source de l’émancipation et l’industrialisation une nouvelle idéologie.
Autour de 1830, l’expression révolution industrielle est forgée en Europe pour rendre compte du caractère brutal et radical du processus. L’industrialisation et ses machines perfectionnées en viennent à symboliser la « société moderne » et sont l’emblème de l’ascendant que l’Europe avait acquis sur le reste du monde. L’industrialisation née en Europe de l’ouest s’est, ensuite, généralisée par étapes successives au monde en favorisant la suprématie européenne dans le cadre d’un déséquilibre du commerce et de la domination politique.
Le développement des mines et de l’extraction des minerais et des énergies fossiles au XIXe siècle s’est accompagné de la mise en place de cités et de villages miniers. Ces cités industrielles connaissent des évolutions diverses et des formes spatiales organisées en corons, entités singulières dans des ensembles monotones, hiérarchisés et ségrégués, dont le cœur du système, élément moteur de l’ensemble est la fosse et son carreau.
Dans le contexte du Maghreb en situation coloniale, l’implantation des Européens a eu pour conséquence une mainmise des colons sur une partie des meilleures terres de ces pays, mais aussi, l’exportation des ressources du sol au profit de sociétés étrangères.Ces ressources avaient été prospectées très tôt et exploitées rapidement. En Algérie, les premières mines sont ouvertes en 1845. En Tunisie, les phosphates de Gafsa sont découverts en 1885-1886 et exploités à partir de 1889. Au Maroc, la découverte du gisement de charbon de Djerada en 1928 provoque une refonte de la législation minière marocaine. Le bassin houiller de Djerada, les gisements de fer de Kenitra, de manganèse de l’Imini et de plomb d’Aouli attirent nombre de sociétés capitalistes étrangères ainsi qu’une population d’ouvriers venus gonfler les sites et cités minières.
En Tunisie, les mines de fer de Djerissa étaient sous le contrôle de la Compagnie algérienne de Crédit et de Banque, qui représentaient la Banque de l’Union parisienne. En Algérie, toutes les richesses minières étaient, elles aussi, aux mains de capitalistes étrangers, en particulier français, dont les participations bancaires étaient importantes.
Pour relier les différents gisements miniers aux ports d’exportation, des voies ferrées avaient été construites très tôt en Algérie (1844) et dès les premières années du protectorat en Tunisie et au Maroc. Au début du XXe siècle, en 1919, les principaux éléments du réseau ferré algérien et tunisien étaient déjà installés. Ils reliaient les grandes villes, dont la majorité se trouve près des côtes, entre elles et les sites de gisements miniers avec les principaux ports d’exportation : Oran, Alger, Annaba, Tunis, Sfax et Sousse.
Ainsi, dans le contexte d’un Maghreb colonial, d’une forte concurrence et d’une véritable course aux concessions minières, on voit se développer au sein des sites miniers des cités et villages industriels qui hébergent le personnel de la mine et les responsables, les mineurs et leurs familles. Ceux-ci viennent de plusieurs horizons : paysans sans terre reconvertis aux travaux de la mine, contingent de population européenne pauvre (siciliens, italiens, français, corses, maltais), main-d’œuvre étrangère d’Afrique du Nord, (marocains, algériens, kabyles) ou population autochtone d’origine rurale ou urbaine attirée par le gagne-pain et le toit.Ces cités paternalistes, entièrement ou presque nées autour de l’exploitation d’une ressource minière, reproduisent un modèle d’organisation spatiale systématique, qui s’impose à une organisation agricole du territoire. La vie des ouvriers des mines et la vie des cités minières au XIXe siècle et au début du XXe siècle produit un tissu de relations à l’intérieur même de la cité et entre celle-ci et les villes ou villages ruraux dont elle dépend.
Djerissa, à 50 kilomètres de la ville du Kef, est un lieu dit du nom de Henchir Hadid d’origine berbère, organisé autour de terres agricoles et de pâturages. C’est à l’histoire, à la genèse et aux spécificités de ce site de gisement minier de fer (1887), que se consacrent les développements qui suivent.
2. Evolution de l’activité minière jusqu’à la découverte des gisements de fer à Djebal Djerissa
Les écrits grecs (Hérodote et Ptolémée) témoignent des explorations géographiques de l’Antiquité. En Tunisie, l’exploitation des mines est entreprise dès l’époque carthaginoise. Ces exploitations continuent jusqu’aux Romains qui développent des savoir-faire pour bien exploiter les mines(Burollet, 1995). Ensuite, les auteurs arabes comme Ibn Khaldoun et El-Idrisi évoquent des mines, dont El Ya’Kubi qui cite, particulièrement, les mines de Majjana près de la frontière algéro-tunisienne1 et El-Maliki mentionne la concession de mines de l’Ifrigiya à un frère de lait de l’émir Ibrahim2. La première exploration orientaliste, à travers l’Algérie et la Tunisie, étant le voyage de Peyssonel et Desfontaines en 1725, ces derniers évoquent les roches utiles (carrières et minerais) et des variations historiques des lignes de rivages. A la même époque, M. D. Shaw3 et Mannert4 donnent des descriptions bien illustrées de fossiles et de minéraux. En 1830, S. E. Hebenstreit publie les résultats de son voyage à Alger, Tunis et Tripoli, entrepris pour le compte du roi de Pologne Frédéric Auguste(Burollet, 1995). D’autres explorateurs ont décrit la région du Kef, dont Edouard Desor, Arnold Esher de la Linth et E. Roudaire, qui ramassent des fossiles pour études (en 1878) par R. Toumouïer menant à la découverte de leur richesse en fer, puis en 1880 G. Belluci et G. Perpetua publient, séparément, des ouvrages importants sur le Maghreb avec des cartes d’itinéraires. Dans son Geografia della Tunisia, Perpetua (1882) mentionne les minerais de Fer de Djerissa tout comme Djebal Onk en Algérie (citant particulièrement le nom de l’ingénieur des mines Edmond Fuchs) eny rajoutant de nombreuses descriptions géographiques sur la région. Et voilà que les ressources naturelles tunisiennes, tout comme celles des terres maghrébines, suscitent la curiosité des Européens, et en premier lieu celle des Français.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’extraction se limite aux minerais de fer, plomb et de zinc. En 1899 a eu lieu la concession des phosphates de Gafsa (gisements découverts par Philippe Thomas en 1885). Les principaux affleurements ferrugineux, sont exploités dans des régions septentrionales ou proches des frontières entre la Tunisie et l’Algérie : Djebal Djerissa, Djebal Slata, Djebal Hameima, Djebal Oust. Généralement les minerais de fer, sont constitués par des hématites (oxyde de fer), en général à haute teneur (45% à 57%). La mine de fer de Djerissa , la plus importante de l’époque, était connue par la richesse et la pureté de ses minerais, dont la composition moyenne est : fer 55%, manganèse 2,2%, silice 1,5%, souffre 0,02% et phosphore 0,015%(Lepidi, 1949).


Source : Archive des mines ParisTech. Photo de Mme Marie-Noelle Maisonneuve – 2010 6
1. Le chemin de fer et la ligne de Djerissa : la mise en place du réseau de transport colonial
Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Europe vit une crise économique et sociale, la France cherche alors de nouveaux horizons au-delà de la Méditerranée.Elle profite des acquis de la révolution industrielle et des dernières innovations au niveau des moyens de transport moderne, elle commence par mettre en place un réseau développé de chemin de fer en Algérie (en se basant sur la main d’œuvre locale) qu’elle généralise ensuite pour atteindre la capitale tunisienne par la voie Tunis- Ghardimaou en 1880 (voir carte).



Source : Miossec & Signoles, 1977.
Il est à noter que le réseau de chemin de fer s’est considérablement développé en Tunisie entre 1900 et 19108, aux alentours de la capitale et du Sahel et à l’intérieur du pays.

Source : NORTHERN AFRICA: The Railways of Morocco, Tunisia, and Algeria http://mikes.railhistory.railfan.net/r052.html
Le réseau de chemin de fer, reliant la ville à Tunis au niveau de la gare Fej Ettamer (près de la RN18), se divise à ce niveau en deux voies, dont la première continue vers la gare de Hidra (Gouvernorat de Kasserine), passant par la commune de Kalaa Khasba, alors que la seconde dessert la mine et la cimenterie de Djebal Om Khalil.
La mine de Djebel Djerissa est située à 50 km au sud du Kef et à 215 km du port de la Goulette où s’effectue l’exportation du minerai vers la France, le transport se fait par une voie ferrée de 1 m de large.
En 1949, les lignes de chemin de fer relient Djerissa à :
- La capitale passant par le Kef, le Fahs et Zaghouan,
- Kasserine au sud-est et menant à Tébessa (en Algérie) au sud-ouest.

Source : http://www.sncft.com.tn/fr/sncft/reseau.html

Source : Extrait des cartes du Ksour et de Thala au 1/100.000e / Archives Nationales
Les voies ferrées du Nord-ouest tunisien n’ont pas connu d’évolution depuis la période du protectorat, bien au contraire plusieurs lignes ont été arrêtées, dont celles reliant Fej Ettamer à Slata et à Kallat Senan.


2. Cadre géographique et historique, Djerissa au XIXe siècle
Djerissa (ou Jérissa) est une ville-délégation du nord-ouest tunisien, rattachée administrativement au gouvernorat du Kef située à 52 Km au sud du chef-lieu et à 220 Km de la Capitale. Elle est entourée par les délégations de Tajerouine, Dahmani, Thala et Kalâa El-Khasba.

La ville est desservie par : la route RN18 reliant Dahmani à Tajerouine, la voie RL745 qui traverse le tissu urbain, la voie ferrée qui mène de Tunis à la gare Fej Tmar (Fedj et-Tameur), celle-ci mène ensuite à la gare de Djerissa puis au carreau de la mine, en passant par la cimenterie de Om Khalil.
Le tissu urbain est implanté sur un canyon entre deux monts de la chaine de l’Atlas : Djebal Djerissa (+816m) au sud et Djebal Om Khalil (+750 m) au nord, où s’étalent de nombreuses vallées et plaines agricoles. Son tissu urbain actuel s’est développé sur une vallée traversée par l’Oued Erdhem (Erthem) de direction est-ouest.


Source : ENAU-Klich, 2015.
Le site est caractérisé par son climat méditerranéen allant de l’humide au semi-aride agressif, caractéristique de la région du haut tell, avec une pluviométrie modérée dont la moyenne est d’environ 450 mm/an à régime torrentiel et un écart thermique de l’ordre de 30°c entre un hiver très froid et neigeux et un été à température moyenne de 30°c mais qui peut dépasser 40°c en juillet.
Depuis l’antiquité, la région a été habitée par l’homme et a connu plusieurs civilisations. Elle est d’origine berbère ; on attribue aux amazighs l’attribution du nom de Djerissaqui signifie colline.Le site a pu voir se développer plusieurs civilisations, comme le prouve sa situation entre les deux sites archéologiques puniques, carthaginois et romains d’Althiburos (el-Mdeina – Dahmani) et de la Table de Jugurtha (Kalâa Senan). D’après Paul Reufflet (L’évolution de l’industrie minérale en Tunisie entre les années 1922 et 1930, 1931), les romains ont occupé toute la région du Kef, dont Djerissa fait partie, en la surnommant « le grenier de Rome à l’époque romaine » (Ben Brik, 2009).
Il s’agit, en effet d’un champ de refuge et de batailles. Cette terre a connu la conquête des musulmans entre les VIIe et IXe siècles, en lui donnant les noms arabes de « Majjenna » ou «Henchir el-Hadid ». Durant cette période arabe on parlait de la « citadelle de Bosr », faisant référence à son conquéreur « Bosr Ibn Arbi Ataa »9. Au milieu du XIXe siècle, les habitants de Djerissa mènent un mode de vie rural et vivent principalement de l’agriculture. Leurs maisons étaient dispersées et distancées les unes des autres, avec une organisation spatiale plutôt introvertie et ils utilisaient des techniques de construction traditionnelles. Le premier noyau urbain de Djerissa est colonial, il date du début du XXe siècle. Il est édifié autour de l’exploitation de la plus importante mine de fer du pays et géré par la Société du Djebel Djerissa depuis 1907.

Source : Archive de la Direction de la Mine de Djebel Djerissa
3. La mine : le minerai, la galerie souterraine et les installations du carreau
3.1. Le minerai : estimation de la production
En 1948, Seguin cite 5 gîtes et évalue à 5 000 000 tonnes, le « tonnage à vue » et à 2 800 000 tonnes le « tonnage probable » (voir tableau). Les nombreuses analyses de minerai réalisées accusent des teneurs de 58 à 60% de fer et 1% de silice. On prévoit que la mise en exploitation à ciel ouvert du gite a nécessité le décapage prenable de 5 millions de mètre cubes de calcaire (Seguin, 1948).
Les réserves de minerai de fer de la mine Djerissa sont estimées à « 800000 T représentant sa capacité de production actuelle, pendant une période de 30 à 45 ans » (Seguin, 1948).

Source: Lepidi, 1949.
3.2. La galerie souterraine
Djebel Djerissa (900 m) est un dôme incomplet de calcaire sur le pourtour, notamment dans la partie Ouest, mais régulier au Nord-Est. Les importants gites d’hématite brune qu’il contient sont constitués par des formations en couches et en amas de 50 à 60 m d’épaisseur, encaissées entre deux séries d’assises, l’une de calcaire au toit, l’autre de marnes au nord et plongeant sous une inclinaison de 30 à 35° (Lepidi, 1949).
La mine souterraine comprend des galeries verticales et des galeries horizontales. Ces dernières sont faites à plusieurs niveaux. Chaque fois qu’on a une veine, on comprend l’existence d’autres galeries, telles que : la galerie de fond qui est exploitée et la galerie de tête, servant d’issue de secours. En général, le déroulement de l’extraction se fait entre 300 et 1000 m de profondeur. On remarque aujourd’hui la présence de plusieurs entrées pour le « Damous » qui sont abandonnées depuis la période coloniale.
Depuis les années 60, et à l’aide de nouveaux engins, la société de Djebal Djerissa, a réussi à réaliser une énorme mine souterraine qui atteint plus de 700 mètres de profondeur, dont les revenus sont énormes.
La mine souterraine de Djerissa est composée de plusieurs parcours et de galeries sur 3 niveaux d’une profondeur qui dépasse 900 m. Le soutènement des galeries horizontales est assuré par 2 méthodes : la première par des murs verticaux en pierre, des poutres en IPN et des poutrelles en béton armé et la deuxième par les roches elles-mêmes, compte tenu de leurs caractéristiques (dureté, solidité).

Source : ENAU-Klich, 2015.

Source : ENAU-Mensi, 2015.

Source : ENAU, 2015.
3.3. Le carreau de la mine et ses installations en plein air
C’est le lieu de l’exploitation minière, d’extraction et de traitement des minerais de fer. Il s’agit du premier équipement installé à Djerissa à partir de 1905. Il comprend des installations d’extraction (tels que le fourneau et la centrale) dont certains ne sont plus fonctionnels. En effet, après son extraction le minerai subit quelques transformations dans le carreau de la mine. En effet, les wagons qui sortent du fond de la galerie remplis par le minerai, passent d’abord vers la station de culbutage pour verser le produit premier dans le concasseur, ensuite, le produit ainsi concassé est transmis par les convoyeurs vers le fourneau puis vers le refroidisseur. Enfin, il est acheminé vers la trémie pour faciliter son écoulement dans les wagons de train et son transport ainsi vers le port de la Goulette d’où il part vers les terres françaises.
Aujourd’hui, ce qui reste de ces installations témoigne du déroulement des activités industrielles relatives à l’extraction de l’hématite de carbonate de fer.

Source : ENAU-Klich (2015)

Source : Mamdane (2014).
Fig 18. Photos anciennes du carreau et du concasseur de la mine de Djerissa.

Source : ENAU- Klich & Mensi (2015).

Source : ENAU- Klich & Farhani (2015).

Source : ENAU- Klich & Farhani (2015).
3.4. Main d’œuvre et salariat
La mine de fer de Djerissa occupe, pendant le début du XXe siècle, plus de mille ouvriers. Le nombre atteint de 1217 ouvriers et employés en 1940 (Seguin, 1948), de plusieurs nationalités, il est réparti comme suit :
923 Tunisiens,
75 Marocains,
112 Italiens,
44 Français,
14 Tripolitains,
22 Algériens,
et 4 Étrangers

Source : Archives Nationales.
texte

Source: Lepidi, 1949.
La proportion des Français a augmenté en raison principalement des résultats des dispositions légales en matière de naturalisation. En fait, les Français occupent généralement des postes de maîtrise et de direction, parfois des travaux d’art. Pour ces raisons, le pourcentage d’italiens (qui étaient mineurs, boiseurs, et chef de chantiers) a diminué.
Les ouvriers tunisiens et nord-africains, dont le nombre relatif s’est maintenu de 1920 à 1946, sont : mineurs, boiseurs, gardiens, laveurs, tireurs et chargés des manœuvres. L’indice général montre un coefficient de majoration des salaires voisin de 9%. En 1945, le montant des salaires distribués s’est élevé à 195 millions de francs (dont 103 dans les mines métallique et de lignites et 92 dans les carrières de phosphates a été de 225 millions de francs(Lepidi, 1949).

Source : collection de la Direction de la Mine de Djebel Djerissa (2014).
4. Genèse et évolution du tissu urbain : mécanismes, acteurs et formes urbaines1907-1956
Durant le XIXe siècle, les habitants mènent un mode de vie rural et occupent des maisons éloignées et disparates, jusqu’à l’arrivée du protectorat français et à la mise en place des voies de chemin de fer, dont la voie menant de Tunis à la mine de Ebba-Ksour10 (1906). L’exploitation minière de Djebel Djerissa commence donc en 1907 après la mise en place des installations nécessaires. La société française choisit d’abord d’initier les habitants et de les encourager au travail minier. Puis, elle invite un grand nombre de travailleurs (mineurs et personnels) de diverses nationalités : des Européens (Français, Italiens, Espagnols, Corses et Maltais) et des Magrébins (Algériens, Marocains et Libyens) qui émigrent pour s’installer à Djerissa.
Entre 1907 et 1908, la Compagnie fait construire tout un village pour loger les mineurs et les personnels de la mine. Le village comporte une villa (placée juste en face du carreau de la mine) pour la gestion temporaire le temps de construire le siège de la Direction Générale de la mine et les équipements, une chapelle (église), un bureau de poste, un dispensaire, un magasin général, une cantine. Pareillement, des logements de différentes typologies ont été édifiés : des maisonnettes (villas) isolées pour les ingénieurs, entourées de jardins et de clôtures végétales (rappelant les cités jardins) et des corons plus denses et compacts pour les mineurs (corons européens, siciliens, marocains et kabyles).
On sait, par exemple, d’après les Cahiers Historiques de l’Ecole primaire(1907), qu’une maisonnette abrite les espaces d’une école primaire mixte avec 32 élèves dont 16 filles et 9 garçons. Une année après, deux salles de classes ont été construites : « une pour les garçons sous la direction de M. Habert et l’autre pour les filles sous la direction de Mme Tramoin ». En 1909, le nombre des élèves était de 186, dont 90 garçons et 96 filles11.
Après une année d’exploitation (au début de 1908), un village assez développé voit le jour, dont le nombre des ouvriers est estimé à 600, selon l’ingénieur Paul Petit(1907)12. Pour alimenter en eau ce village, les colons français ont eu recours à trois sources d’eau situées à environ 3 Km : Ain Obeira, Ain Rahala et Ain Mordjà (Petit, 1907).
« Ce village du plus riant aspect, avec maison d’école, infirmerie, pharmacie, poste de police, église, cimetière, économat, jardins, adduction d’eau, etc. a constitué l’un des plus beaux centres de la région » (Berthon, 1922, p. 143).
En 1937, la population de Djerissa atteint 5000 âmes13 (Mine de Djerissa (1931). En 1940, le nombre d’employés est estimé à 1217, il s’agit de : « 44 Français, 112 Italiens, 4 Européens de nationalités diverses, 23 femmes ; en tout 183 Européens ». Le « personnel indigène » comportait 923 Tunisiens, 75 Marocains, 22 Algériens et 14 Tripolitains14.
5. Evolution historique et urbaine de 1905 à 1956
Le développement urbain du tissu urbain colonial de Djerissa peut être résumé en six étapes :
- En 1905, et parallèlement à la mise en place des installations du carreau de la mine, le premier bâtiment est construit juste en face de la trémie (dernière étape du processus de production et point de dépouillement du minerai concassé avant qu’il ne passe dans les wagons). Il s’agit d’une maison qui abrite les bureaux de gestion et de contrôle, et la salle de réunion des ingénieurs. Elle porte le nom du Directeur : la Villa Maurin.
- En 1907, avec la mise en marche du chemin de fer, commence le transport du minerai à la Goulette pour célébrer les premières exportations vers la France, qui décide de la fondation d’une nouvelle Société pour la mine de Djebel Djerissa (qui se charge également d’autres mines à Bizerte). Le bâtiment abrite désormais les ingénieurs pour le travail (aurez-de-chaussée) et le logement (en étage). Une fois que tout est mis en place, on fait appel à la main d’œuvre locale de toute la région du Maghreb, tout comme à celle de l’Europe. Parallèlement, la société est amenée à penser à l’amélioration des conditions de vie et à la construction de logements décents en nombre suffisant pour ce grand nombre d’ouvriers venant de loin et de partout, qui comment déjà à s’installer aux environs de la gare.
- Entre 1908 et 1909, sont construits les premiers logements collectifs pour les mineurs que l’on appelle « corons » (dits quiroun) à l’européenne. Il s’agit des corons siciliens (quartier de la Petite Sicile) et des corons européens (actuellement, les cités Ahmed Tlili et Mohamed Ali), situés en face du carreau de la mine, en bas, et juste à côté de la Villa Maurin (logement du maître) en direction de la gare.
- Entre 1910 et 1919 : La voie principale (boulevard) est bien tracée reliant le bâtiment de la direction à la mine et les ingénieurs, et représentant le parcours du maître entre les ingénieurs et les ouvriers. On vient alors l’aménager, du côté du Djebel et tout près de l’administration et de la grande place, par des édifices publics et de services : l’église, l’hôtel (cantine), le magasin d’alimentation (avec boulangerie et boucherie, ). Plus tard, l’un des ateliers de menuiserie est aménagé en salle de cinéma, à l’instar de ce qui se passe à l’époque à Paris. Durant cette période, la France encourage les ingénieurs et les techniciens à venir s’installer à Djerissa avec leurs familles (crédits, terrains à bas prix, hausse de salaires, etc.). Un quartier bien équipé leur est alors dédié, à la manière des cités jardins (cités jardins de Draveil, Paris 1911). Il s’agit là d’une nouvelle manière de penser la ville en opposition à la ville industrielle polluée et dont on ne contrôle plus le développement pendant la révolution industrielle.
- De 1920 à 1930, la cité est presque achevée, on vient juste y rajouter de nouveaux logements pour les ouvriers de la mine, sur un terrain accidenté situé entre la Villa Maurin et le quartier des ingénieurs. Actuellement, le quartier porte le nom de quartier de la Police, peut-être qu’il a abrité des policiers juste après l’indépendance.
Aux alentours des années 50, le quartier des ingénieurs connaît une extension en y juxtaposant de nouvelles villas plus petites de taille. La fin du protectorat n’a pas connu grand-chose de neuf à part le rajout d’équipements socioculturels et de loisir : différents clubs de sport pour les ingénieurs (pétanque).

Source : ENAU- Mensi (2015).

Source : Archives Nationales


Source : Série M/M5, Carte 32/ Dos 114, Archives nationales de Tunisie.

Source : ENAU-Bargaoui, 2016.
6. Morphologie urbaine, tracés viaires et organisation spatiale, les espaces publics, les corons
Le village minier Djerissa présente, comme tous les tissus coloniaux, une trame urbaine relativement régulière avec une hiérarchie des voies de circulation et une voie principale autour de laquelle sont structurés les bâtiments publics et les voies secondaires qui mènent vers les quartiers résidentiels. On y distingue aussi la présence des voies d’accès vers le Djebel pour les engins et un chemin de fer pour le transport public et industriel.

Source : Extrait du PAU de Djerissa – Feuille 5.
L’urbanisme de la cité minière de Djerissa est caractérisé, à la fois, par la centralité des activités économiques et administratives et par l’axialité urbaine : les équipements publics sont alignés d’un seul côté d’un axe principal (le Boulevard) dont l’aboutissement est marqué par une grande place mettant en valeur le bâtiment de la Direction Générale de la mine : « Société de Djebel Djerissa ». Toutes les voies secondaires convergent vers cette place unique.

Source : ENAU-Mensi, 2015.
Le tissu urbain est organisé par la juxtaposition d’une série de trames régulières agençant des îlots de formes régulières qui épousent les différentes plateformes générées par la morphologie du terrain accidenté, dont les rues sont hiérarchisées. Deux voies principales, dont le boulevard de 11m qui est parallèle au chemin de fer et divise la cité minière en deux parties. D’une part on trouve les espaces publics et de l’autre les logements. A partir de cette voie, des voies secondaires de 6m sont ramifiées pour assurer l’accès aux logements des mineurs et des ingénieurs. De nombreuses voies tertiaires de 3 à 4m relient et structurent les îlots et les parcelles.
Les trajectoires des voies donnent une idée de la nature du relief accidenté, ainsi les voies d’accès au Djebel montrent la difficulté de circulation selon les courbes de niveaux ; l’accès aux équipements publics et aux logements est plus facile puisque les lignes des voies sont plutôt rectilignes.
Il s’agit d’une organisation fortement ségrégative, correspondant à des structures sociales et spatiales reflétées par les typologies et les formes architecturales, qui varient entre : le quartier des ingénieurs, le quartier de la police et les différents corons : le Coron européen, la Petite Sicile, le Coron Marocain et le Coron Kabyle.



Source : ENAU- Travail de groupe, novembre 2014.
Les corons siciliens et européens :

Source : ENAU- Travail de groupe, novembre 2014
7. Principaux équipements publics
7.1. La villa Maurin
C’est le premier bâtiment construit en1905 pour abriter les bureaux de la Direction de la mine. A partir de 1907, elle devient l’hébergement du Maître, le Directeur Général. La villa est située au cœur de la cité, donnant sur l’axe minier, placée sur la plus haute colline, en face de Djebel Djerissa. Par sa situation, son histoire, son architecture, la villa raconte la légende de la mine de fer et demeure une des figures marquantes du paysage minier. La villa est composée de deux niveaux reliés par un escalier : un rez-de-chaussée qui contient l’espace-jour, comme le salon, la salle à manger, la cuisine et un étage qui comprend l’espace-nuit (chambres, terrasses, couloir et salle d’eau).

Source : ENAU-Farhani, 2015.


Source : ENAU-Farhani, 2015.

Source : ENAU-Farhani, 2015.
7.2. Le bâtiment de la « Direction de la Société de Djebel Djerissa »
L’entreprise est fondée en 1907 pour l’exploitation des gisements de minerai de fer de Djerissa (et également d’autres minerais de la région de Bizerte). En 1949, peu avant l’indépendance, la société est classée première entreprise tunisienne (et la quinzième française). La Direction de la mine est composée de bureaux en rez-de-chaussée, elle comprend un étage réservé à l’hébergement des ingénieurs et un sous-sol (dépôt). Le bâtiment est un monument classé patrimoine national depuis 2010. Il est bien entretenu et garde encore les mêmes spécificités architecturales originelles : toitures en pente sur charpente en bois couverte de tuiles marseillaises, encadrement en briques pleines rouges des baies, cheminées, fer forgé, garde-corps.

Source : ENAU, 2015.
7.3. L’église Saint-Barbe
Espace religieux dédié aux messes des chrétiens européens. L’église est construite entre 1910 et 1919 (certains parlent de la fin des travaux de construction en 1911). Elle présente la morphologie d’une chapelle, avec une nef centrale, deux nefs latérales, un chœur, une loge pour le père, un clocher et des vitraux colorés.Après l’indépendance, le bâtiment resta fermé jusqu’à la décision des habitants d’enlever le clocher et le symbole de la croix chrétienne qui surmonte le bâtiment, ainsi que de fermer quelques ouvertures pour des raisons de sécurité.

Source : ENAU-Mensi, 2015.
8. Djerissa aujourd’hui, la lente décadence de la cité minière
8.1. Impact environnemental de la cité minière
La question de l’impact de la mine de Djerissa sur l’environnement a été souvent évoquée, surtout durant les deux dernières décennies. En effet, les études spécialisées attestent des impacts suivants : l’impact sur les sols est dû à au décapage des terres arables et sa conservation dans une spécialement aménagée pour son étalage à la fin de l’exploitation. L’impact par la poussière est constitué par le concassage et par la circulation des engins et transport et de chargement. L’impact sur le paysage se voit à travers les excavations et les fosses engendrés ; aucun impact sur les eaux profondes ou de surfaces, vu l’absence de tout processus de traitement chimique ; le seul rejet liquide est l’eau d’exhaure pompée à partir de la nappe pour maintenir le niveau piézométrique en dessous de la zone d’activité. Cette eau a fait l’objet d’un projet de canalisation et de distribution et est exploitée par les agriculteurs riverains pour l’irrigation (Abidi, 2008).
8.2. Déclin de l’activité d’extraction
La mine de fer continue durant plus d’un siècle à être la source principale d’emploi pour les habitants de Djerissa. Elle a occupé plus de 4 000 ouvriers en 1930 avec une main-d’œuvre de toutes les origines. Aujourd’hui, et suite à la diminution de la production, la mine occupe environ 300 ouvriers qui souffrent à cause de la diminution du salaire et du nombre d’heures de travail.
De nos jours, l’exploitation rencontre des difficultés ; elle devient presque impossible à cause de la présence d’une nappe phréatique et de la dégradation remarquable des matériaux et des engins. Cependant, l’activité minière continue encore, mais au ralenti, vu la bonne qualité de l’hématite vivant dans l’eau, qui est d’ailleurs toujours demandée par le marché européen.
La ville de Djerissa garde toutefois un mode de vie à la fois minier et rural en ce qui concerne le modèle économique et l’emploi. Cependant, la fonction publique assure l’essentiel des emplois (STEG et SONEDE) ainsi que l’administration de la direction de « Société de Djebal Djerissa », l’enseignement (le collège et l’école primaire), la santé (le dispensaire), le bureau de la poste, la municipalité. L’activité commerciale, quant à elle, reste primaire et assez timide.
La diminution de la production de fer par la mine de Djebel Djerissa a engendré divers problèmes socio-économiques. En 2004, le taux d’activité est de 42,1% de la population (concernant ceux qui sont âgés de plus de 15 ans), pour tout le gouvernorat du Kef et il est de 45,2% pour la délégation de Djerissa. Il s’agit d’environ 2500 personnes actives sur une population de 11300 habitants. Le taux élevé de chômage pousse les habitants à l’émigration vers les grandes villes environnantes. Devant cette situation inquiétante sur les plans économique et social, il y a lieu de penser à la mise en place urgente d’une nouvelle dynamique urbaine et socio-économique (porteuses de sources d’emplois).
8.3. Evolution urbaine postcoloniale et contemporaine récente
L’extension de la cité minière a donné lieu à l’actuelle Cité Mohammed-Ali (au Nord de la cité minière). Avec la création de la voie communale RL745, la Cité Hached (datant des années 50) a pu se développer au nord du quartier des ingénieurs. Vers le nord encore, et à la limite de la RN 18 a vu le jour le quartier Ali Ben Khalifa entre 1956 et 197515. L’extension du village Djerissa s’est donc faite dans les directions Nord, Sud et Ouest puisqu’elle est limitée par Djebel Lakehal dans la direction Sud-Est.

Source : ENAU-Klich, 2015
Deux phénomènes ont accéléré l’évolution urbaine et socio-économique de la ville durant les années 70. Les fonctionnaires nommés à Djerissa et l’exode rural des environs. La croissance de ville s’est faite d’une manière spontanée sans tenir compte des contraintes naturelles (Djebels, oueds, orientation, etc.), engendrant de nombreux désordres urbains qui ont continué à s’aggraver jusqu’à l’avènement de Djerissa en Commune, le 7 mai 1980.

Source : ENAU-Klich, 2015.
Aujourd’hui, tout comme la majorité des communes du nord-ouest, Djerissa n’arrive pas à retenir ses habitants. Les chiffres la caractérisent de ville répulsive. En effet, le déclin de l’activité minière a été appuyé par le problème national du chômage pour expliquer la crise économique actuelle que vit la ville.
La valeur historique et les qualités urbaines et architecturales de la cité minière de Djerissa requièrent une intervention de mise en valeur. Ceci afin d’encourager une forme de tourisme adapté et de tourisme alternatif tout en incitant, d’abord, à la visite du site pour sa découverte, puis, en posant la problématique du patrimoine industriel minier et de son éventuelle contribution au développement local intégré. Celui-ci vise l’essor économique, social, culturel et environnemental de la ville et de toute la région du nord-ouest du pays.

