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intégral

Numéro 17

17 | 2024

La mosquée Gurgi à Tripoli et son waqf.
Un monument emblématique de la fin du règne des Qaramanlis

Ahmed Saadaoui et Ali Cheib Ben Sassi

Résumé

Cet article porte sur l’une des plus belles mosquées de Tripoli, construite entre 1820 et 1831 par Mustafa Gurgi, capitaine de la marine et gendre de Youssef Pacha, le dernier grand souverain de la dynastie des Qaramanlis. Notre travail s’appuie sur un document de waqf inédit de la mosquée établi en 1260/1844, complété par d’autres sources et notamment al-Yawmiyyât de Hassen al-Faqîh, ce qui nous a permis de placer la mosquée et l’ensemble du complexe religieux dans leur contexte historique, urbain et architectural. L’étude approfondie de ce monument prouve qu’il s’inspire de la mosquée d’Ahmad Pacha édifiée un siècle auparavant, et tentent même de la dépasser par la richesse de son décor. Les deux mosquées témoignent de la prospérité relative de la Régence à leurs époques respectives et représentent parfaitement les traditions architecturales et décoratives libyennes sous le règne des Qaramanlis.

Mots clés

Libye, Tripoli, Qaramanlis, mosquée de Mustafa Gurgi, waqf, architecture, décor architectural, Qallaline

Abstract

This article focuses on one of Tripoli's most beautiful mosques, built between 1820 and 1831 by Mustafa Gurgi, naval captain and son-in-law of Youssef Pacha, the last great ruler of the Qaramanlis dynasty. Our work is based on an unpublished waqf document of the mosque established in 1260/1844, supplemented by other sources, notably al-Yawmiyyât by Hassen al-Faqîh, which enabled us to place the mosque and the entire religious complex in its historical, urban and architectural context. In-depth study of this monument proves that it takes as its model the mosque of Ahmad Pasha built a century earlier, even attempting to surpass it in the richness of its decoration. Both mosques bear witness to a certain prosperity of the Regency in their respective periods, and perfectly represent Libyan architectural and decorative traditions during the reign of the Qaramanlis.

Keywords

Libya, Tripoli, Qaramanli, mosque of Mustafa Gurgi, waqf, architecture, architectural decor, waqf, Qallaline

الملخّص

يدرس هذا المقال جامع من أجمل جوامع مدينة طرابلس، أنشأه فيما بين سنتي 1820 و1831 مصطفى قرجي الذي كان يشغل منصب رئيس المرسى كما كان صهرا ليوسف باشا آخر حكام الأسرة القرمانلية. وتعتمد الدراسة على نص جديد لم ينشر قبل لوقفية الجامع دوّن سنة 1260/1844، بالإضافة إلى مصادر أخرى وخاصة منها يوميات حسن الفقيه، المعاصر لبناء المجمع المعماري. خولت لنا هذه المصادر وضع الجامع، وكامل المجمع، في سياقه التاريخي والحضري والمعماري. وتؤكد الدراسة المعقمة أن جامع قرجي يقلد في عمارته جامع أحمد باشا بل يحاول تجاوزه والتفوق عليه من حيث الثراء الزخرفي. ويكشف الجامعان عن ثراء وازدهار نسبي عرفتها إيالة طرابلس خلال التاريخ ؛ وهما يمثلان كذلك أحسن تمثيل التقاليد المعمارية والفنية الليبية خلال حكم الأسرة القرمانلية.

الكلمات المفاتيح

ليبيا، طرابلس، القرمانليون، جامع مصطفى قرجي، الوقف، المعمار، الزخرفة المعمارية، القلالين.

Pour citer cet article

Ahmed Saadaoui et Ali Cheib Ben Sassi, « La mosquée Gurgi à Tripoli et son waqf. Un monument emblématique de la fin du règne des Qaramanlis », Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines [En ligne], n°17, Année 2024.

URL : https://al-sabil.tn/?p=13353

Texte integral

Introduction

Durant la période des Qaramanlis, Tripoli s’est dotée de deux grands ensembles architecturaux, le premier réalisé par Ahmad Pacha, le fondateur de la dynastie, et le second construit par le capitaine de la marine Mustafa Gurgi, gendre de Youssef Pacha al-Qaramanli (1795-1832), peu de temps avant la chute de la dynastie. Ce dernier complexe imite le premier et tente même de le dépasser par un décor riche et flamboyant.

En nous appuyant sur un acte de waqf de la mosquée, établi en 1260/1844, nous avons essayé de présenter les différentes composantes de ce complexe religieux, de le placer dans son contexte historique, urbain et architectural et de démontrer la place qu’il occupait dans les traditions architecturales libyennes de l’époque ottomane. Inédit, l’acte de waqf est d’un intérêt indéniable ; c’est pourquoi nous avons tenu à lui consacrer une part importante de cette recherche. Dans cet article, nous avons présenté une traduction partielle du document et nous avons publié en annexe le texte arabe intégral, lequel reste, bien évidemment, la référence en la matière pour toute recherche sur le sujet.

Les données du document de waqf sont complétées par des observations sur le terrain, l’exploitation des inscriptions historiques et des informations relatées dans les sources historiques de l’époque et notamment le fameux journal de Hassan al-Faqîh Hassan, al-Yawmiyyât al-Lîbiyya, contemporain de la construction de la mosquée et rapportant des informations précieuses sur la personnalité du fondateur et sur la progression du chantier depuis ses débuts, jusqu’à la fin des travaux et l’ouverture de l’établissement pour le culte.

Nombreuses sont les études sur la ville de Tripoli à l’époque ottomane : mentionnons l’étude la plus complète sur la mosquée de Mustafa Gurgi de Salvatore Aurigemma (1928) et celle de Gaspare Messana (1977) sur l’architecture libyenne. Nous citons aussi plusieurs études récentes et notamment les recherches menées par notre équipe qui ont enrichi nos connaissances sur la ville et ses monuments, notamment les quatre thèses de doctorat soutenues ces dernières années à l’Université de Tunis : celles de Ali Ben Sassi (2014), Hanène Muhammad Nâfaac (2016), Ilhem Ibrahim Al-Qarqani (2016) et Sofien Dhif (2018).

Tous ces matériaux ont été sollicités pour mieux cerner l’histoire du monument et dater ses différentes composantes. Ils nous ont aidé aussi à déterminer la place qu’occupe le complexe de Mustafa Gurgi dans l’histoire de l’architecture libyenne à l’époque ottomane.

Erigé face à l’arc de Marc Aurèle, le monument domine le quartier de Bâb al-Bahr. Il ouvre sur la rue al-Akwâsh, artère importante traversant d’est en ouest le quartier de Bâb al-Bahr et celui de la Hara al-Kbîra et reliant ces deux quartiers cosmopolites de la ville. Dans le premier, figurent de nombreuses traces de la présence chrétienne et européenne : l’église Sainte-Marie (XVIIe siècle), le consulat de France, l’ancien consulat britannique et le Château espagnol, à l’origine un bagne pour captifs chrétiens. Le quartier de la Hara, quant à lui, abritait à l’époque une importante et dynamique communauté juive qui y avait édifié ses propres synagogues.

L’origine géorgienne du fondateur explique en partie ce choix du site, mais l’élément déterminant était certainement les activités de Mustafa Gurgi, riche marchand très actif dans les échanges commerciaux du port de la ville mais aussi capitaine de la marine, râ’is marsâ de la province de Tripoli d’Occident, d’après l’acte du waqf de la mosquée.

Fig. 1. La mosquée Gurgi vue à partir de l’arc romain de Marc Aurèle qui s’élève à Bâb al-Bahr.
Source : Photo Ahmed Saadaoui 24 février 2005.

1. Le contexte historique de la construction du complexe architectural de Gurgi

1.1. Le règne de Youssef Pacha

Youssef Pacha accède au pouvoir dans une période de crise et de guerre. En effet, vers la fin du XVIIIe siècle, la ville de Tripoli connait une grave épidémie de peste et de fréquentes disettes. Miss Tully raconte que lors de la peste de l’année 1780, la ville a perdu trois mille personnes, le quart de population estime-elle1. La guerre dynastique n’a pas arrangé les choses. Avant d’accaparer le pouvoir en 1795, Yusuf Pacha a longtemps bataillé contre son père et ses deux frères, et les dissensions dans la famille régnante des Qaramanlis ont dégénéré en lutte ouverte.

Une fois seul au pouvoir, Youssef Pacha parvient à pacifier le pays et à relancer ses activités. Mais comme à ses débuts, la fin du règne du Pacha se caractérise par des difficultés financières, ainsi qu’une forte pression des puissances européennes sur la régence et un conflit dynastique. L'expédition d'Alger de 1830 vient assombrir davantage l'horizon des États barbaresques, incitant Istanbul à rétablir sa suzeraineté effective sur la régence de Tripoli. Mettant à profit les rivalités provoquées entre les fils de Youssef Qaramanli, les forces de Moustafa Neguib Pacha se rendent maitres de Tripoli en mai 1835 et toute la régence devient dès lors, une simple province ottomane.

Durant la période d’entre les deux guerres dynastiques, au cours des deux premières décennies du XIXe siècle, la ville retrouve son dynamisme. Ainsi, au sortir des difficultés de la fin du XVIIIe siècle, la population, estimée à 15 mille habitants, s’accroit durant le règne de Youssef Pacha atteignant 20 mille individus. Mais bien que capitale de régence, Tripoli reste cependant une petite ville dont la population est composée d’une majorité de musulmans (des Turcs et des maures d’après les sources), d’environ quatre mille juifs et de quelques centaines de chrétiens2. La ville connait aussi un certain redressement économique, social et urbain3. En effet, le Pacha a relancé les activités de la course et du commerce méditerranéen et s’illustre par une œuvre politique importante et quelques réalisations architecturales. Ainsi, il réhabilitera les fortifications de Tripoli, notamment celles consacrées aux défenses maritimes proches de la citadelle et du port. En 1215/1800, d’après une inscription historique, il restaure les murailles et rénove le fort dit Borj al-Majzara4.

Quelques années plus tard, il construit le fort al-Jadîd, élevé sur la jetée nord du port, à proximité du fort du Mandrîk. Dans certaines sources, le fort, édifié sur les ordres du Pacha et sous la direction de Mustafa Gurgi entre 1817 et 18205, est attribué à ce dernier et appelé ainsi Borj al-Râ’is. Pour financer les travaux, Youssef Pacha impose la communauté juive, et « en outre, il demanda aux consuls du Suède et du Danemark cinquante canons, avec affûts et boulets ». Cependant ces travaux coûteux pour la caisse de l’Etat marquent le début des difficultés financières du souverain6.

Youssef Pacha édifie également Hûsh al-Harim, une belle demeure, de deux étages et richement ornée, réservée à son harem. Ce petit palais, assez spacieux, se distingue par une belle fontaine de marbre dressée au centre du patio. Dallé de plaque de marbre, le patio est bordé, sur deux niveaux, de portiques dont les arcs reposent sur des colonnes en calcaire clair couronnées de chapiteaux d’un type très familier à Tunis, dit « turc ». Ces éléments de support proviennent certainement des ateliers de sculpture de pierre de la capitale de la régence voisine. La belle demeure est mentionnée dans al-Yawmiyyat sous le nom de Hûsh al-Harîm al-Kabîr7.

Fig. 2. Dar al-Qaramanli.
Source : Photo Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

Edifiée à la même époque, la demeure des Gurgi (Hûsh Gurgi) est située dans le même quartier, au 39 rue al-Arbac cArassât8, et se caractérise par sa porte d’entrée en marbre, cintrée et richement décorée9. L’intérieur de l’habitation s’organise autour d’un patio pavé de carreaux de marbre blancs et noirs. Sur deux niveaux, les différentes pièces de la maison donnent sous des galeries portées par des colonnes en marbre blanc couronnées de chapiteaux de type néo-dorique frappés de rosaces. Les portiques de l’étage sont bordés de balustrades en bois tourné d’une belle facture. La demeure a été signalée à plusieurs reprises dans al-Yawmiyyât d’al-Faqîh10, lors du conflit de Mustafa Gurgi avec son épouse Lalla Khaddûja, en 1831. Cette dernière, ayant chassé son conjoint de la demeure conjugale, condamne la porte d’entrée de l’habitation et la relie à la maison paternelle, Hûsh al-Harîm al-Kabîr, par un passage situé à l’arrière.

Fig. 3. La demeure de Mustafa Gugi bâtie au début du XIXe siècle.
Source : https://www.facebook.com/Tripolinoww

Outre celle des Qaramanlis et celle de Gurgi, plusieurs belles demeures de la ville actuelle remontent à l’époque de Youssef pacha. Citons celle de Moknî, un notable tripolitain proche du Pacha ou celle dite Hûsh Mohsin, shaykh al-balad, datée par un panneau de céramique provenant des Qallaline de Tunis et réalisé par l’atelier de Youssef al-Khamîrî en 1228/181311. Dans les environs de la ville, à al-Manshia, sont édifiées également, à cette époque, de belles résidences secondaires. L’auteur des Annales Tripolitaines évoque celle commanditée par le fameux consul britannique Warrington vers 1814 : « Trop à l’étroit dans la maison traditionnelle du consulat, située au centre de la ville, il fit l’acquisition d’un vaste jardin sur le bord de la mer, dans une position dominant la rade, et s’y fit construire une résidence somptueuse, toute de marbre et de faïence vernies, apportées d’Italie à grand frais »12 .

Mais le monument le plus important caractérisant l’époque de Youssef Pacha reste néanmoins le complexe religieux édifié par son ministre Mustafa Gurgi, et objet de cet article.

1.2. Mustafa Gurgi

Mamelouk d’origine géorgienne, Mustafa intégra très jeune la cour des Qaramanlis ; converti, il fera partie du corps des mamelouks qui formaient l’entourage du souverain tripolitain. Très vite, le jeune homme devint l’un des favoris du Pacha qui lui attribua les charges honorables et lucratives de capitaine du port, l’équivalent alors, de ministre de la marine. Il restera en poste jusqu’à la chute de la dynastie des Qaramanlis.

Dans son journal, Ḥassan al-Faqîh signale à plusieurs reprises Mustafa Gurgi et souligne son importance dans la cour de Youssef Pacha, évoquant plusieurs épisodes de sa vie et mentionnant les dates importantes de son parcours.

Son nom apparaît pour la première dans le Journal lorsqu’il succède à cAlîwa al-Gamarkajî au poste de Râ’is al-mînâ ou capitaine de la Marine, au mois de jumada 1er 1225 /juin-juillet 181013. Il occupe le poste par intérim, avant sa nomination officielle, le lundi 1er safar 1226/25 février 181114.

Quelques mois plus tard, le 17 jumada 1er 1227/6 septembre 1812, le Pacha le marie à sa fille Khaddûja ; le jour de son mariage est aussi celui de deux autres fils du souverain, Ahmad et cAlî. Occasion de festivités durant quatre jours, rapporte l’auteur du Journal15. Khaddûja est la fille de Lalla Zohra, à l’origine concubine du Pacha, mais qui occupera une place importante dans le harem au point de devenir quasiment la première dame du palais16. L’auteur d’al-Yamiyyât rapporte qu’elle était d’un grand secours pour sa fille dans son conflit avec son époux ; nous y reviendrons.

Quelques années après sa nomination au poste de capitaine de la marine, Mustafa entreprend d’importants travaux de fortification du port et édifie un nouveau fort qui portera son nom. Après quelques mois de préparatifs17, les travaux, inaugurés par une cérémonie religieuse le jeudi 21 jumada II 1232/8 mai 171718, s’achèvent le mardi 11 rabîc 1er 1235/28 décembre 1819. Deux semaines plus tard, le lundi 24 rabîc 1er 1235/10 janvier 1820, a lieu la cérémonie d’inauguration en présence du Qadi, des Ulémas, de Shaykh al-balad et du directeur des travaux et capitaine du port, Mustafa Gurgi Râ’is. Le fort est ainsi complètement équipé et ses canons bien installés19.

En qualité, de fait, de ministre de la Marine, Mustafa Gurgi préside durant toutes ces années aux activités du port, menant en parallèle des activités corsaires et des activités marchandes. Al-Faqih signale les sorties de ses navires marchands pour Malte20, Livourne21, Benghazi22, Alexandrie23, Izmir24, Istanbul25 et même Moscou. L ‘auteur indique que des deux dernières villes, les navires revenaient parfois chargés de blé26. Gurgi participe aussi à l’activité des navires de course, le 26 dhû al-qacda 1244/30 mai 1829, ceux-ci allant jusqu’à l’Atlantique27.

Son poste, sa fortune et ses liens familiaux avec les Qaramanlis ne cessent d’accroitre le pouvoir de Mustafa Gurgi. Le 16 Dhû al-Qaada 1240/ 2 juillet 1825, un certain Ahmad Rmili, se sentant menacé après avoir abusé d’une femme, demande la protection du capitaine de la marine. Ce dernier l’accompagne chez le Pacha, dans la citadelle, pour solliciter la sécurité de son protégé28.

Mustafa Gurgi détenait un pavillon ou kiosque, kushk, sis au port, où il percevait les taxes coutumières (عوايد)29. Il y recevait également en premier les visiteurs importants : ainsi, le 4 dhû al-hijja 1244/ 7 juin 1829, le représentant de Muhammad cAli d’Egypte, chargé d’une mission, y est accueilli avec son équipage avant de se diriger vers la citadelle pour rencontrer le Pacha30. Par moments, le capitaine du port participe à la vérification et au contrôle des embarcations ou des navires achetés à des constructeurs maltais, italiens ou autres31.

Le savoir-faire de Mustafa Gurgi dans les affaires, sa compétence dans la gestion des activités maritimes et ses liens privilégiés avec le puissant Pacha font du capitaine de la marine le principal intrigant de la Tripoli de l’époque. S’il est proche du fameux consul anglais, Warrington, l’auteur du Journal révélant une certaine complicité entre les deux hommes32, les rapports de ce géorgien converti n’étaient cependant pas toujours bienveillants avec les autres consuls européens et notamment le célèbre consul français Rousseau. C’est pourquoi l’auteur des Annales Tripolitaines le qualifie de fanatique et d’intolérant : « Mustafa Gurgi, géorgiens, gendre du Pacha, était capitaine de port : c’était un fanatique, méprisant tout ce qui est chrétien »33.

Les dernières années du règne des Qaramanlis furent des années troublées : les crises économiques, les querelles dynastiques et les pressions européennes conduiront à la chute de cette dynastie. Ce furent aussi les années les plus difficiles pour Mustafa Gurgi, ses démêlés conjugaux venant s’ajouter à toutes ces difficultés. Le 9 dhû al-hijja 1246/21 mai1831, le Ra’is al-mina’ est contraint de se réfugier chez son ami le consul anglais suite à un différend avec sa femme Lalla Khaddûja ; celle-ci, avec le soutien de sa mère, la redoutable Lalla Zohra, et de ses hommes de main, ordonne la condamnation de la porte de sa maison et l’oblige à dormir dans un petit local, ghurfa, du côté du port à Bâb al-Bahr (le 1er dhû al-hijja)34. Le 18 rabic II 1247/26 septembre 1831, nouvelles disputes avec sa femme Lalla Khadduja. Elle lui interdit de nouveau la demeure familiale35. Un mois plus tard, le 20 jumada 1er1247/27 octobre 1831, le couple se sépare, après vingt ans de vie commune36.

L’inauguration de sa mosquée, le 24 juin 1831, a lieu en pleine tourmente conjugale, ce qui expliquerait l’absence du Pacha à la cérémonie. Il semblerait toutefois que le divorce n’ait pas beaucoup affecté les rapports de Mustafa Gurgi avec Youssef Pacha et ses fils, puisqu’il conservera ses fonctions, et que le 20 jumada II 1247/25 novembre 1831, moins d’un mois après la séparation, nous le retrouvons à la tête d’un petit groupe de chevaliers chargés de refouler des tribus révoltées qui menaçaient la capitale37.

D’autres indices laissent penser qu’il s’est remis de ses mésaventures conjugales puisqu’il récupère enfin sa maison. Le 10 chawwâl 1247/13 mars 1832, il y entreprend des travaux de rénovation et lui ajoute une galerie pourvue de cinq arcs, avant de la louer, un peu plus tard, au consul d’Espagne38. Le vendredi 10 dhû al-hijja 1247/11 mai 1832, à l’occasion de l’aïd, les notables, comme à l’accoutumée, lui rendent visite après avoir présenté leurs vœux au pacha et à son fils cAli39. Le lundi 24 safar 1248/23 juillet 1832, Gurgi est membre d’une délégation chargée de négocier la dette des Qaramanlis auprès du consul anglais, et c’est dans la somptueuse résidence secondaire du consul à al-Manshia que les négociations se déroulent40.

Al-Yawmiyyât note que le jeudi 26 safar 1248/26 juillet 1832, un brîk, navire marchand de Mustafa Gurgi se dirige de Zouara vers Istanbul pour le commerce et après cette date, le journal cesse d’évoquer le Râ’is. Son nom n’apparaîtra qu’une seule fois, sept ans plus tard, ce sera la dernière mention du capitaine de la Marine41.

Il est fort probable que Mustafa Gurgi soit resté à Tripoli après la chute des Qaramanlis, poursuivant ses activités : nous le trouvons le 26 jumada II 1255/6 septembre 1839, à la tête d’une délégation de notables tripolitains chargés de rencontrer le gouverneur ottoman Ashqar cAlî Pacha, l’objet de la mission n’étant pas précisé dans le document42. C’était la dernière mention en date du Râ’is dans al-Yawmiyyât. Si nous ignorons la date du décès de Mustafa Gurgi, survenu quelques années plus tard, l’acte du waqf de sa mosquée que nous publions confirme qu’il était en vie en 1844. Daté du 11 du Ramadan 1260/24 septembre 1844, l’acte révèle que Mustafa Gurgi a perdu ses fonctions, c’est pourquoi il est qualifié de bey, simple titre honorifique accordé à un vieux dignitaire de la province ottomane. Nous présumons que suite à des difficultés financières, l’ancien capitaine du port et l’une des plus importantes personnalités de la cour des Qaramanlis s’est vu contraint de demander la dissolution du waqf afin de subvenir à ses besoins et de jouir de la rente des biens constitués waqf auparavant. Sa demande est rejetée par le juge.

Fig. 4. Tripoli de Libye, 1843. Carte dessinée vers la fin du règne des Qaramanli.
Source : Hellert 15.

2. La waqfiya de la mosquée

La construction de la mosquée de Mustafa Gurgi s’effectue dans le cadre d’un projet de rénovation et d’aménagement de la partie nord de la médina de Tripoli. La waqfiyya de cette mosquée nous dévoile des informations nouvelles et intéressantes sur ce projet, sur les intentions du bâtisseur et sur le fonctionnement de la fondation43. Etabli du vivant du fondateur, l’acte du waqf que nous publions dans cet article nous révèle que Mustafa Gurgi, le chef de la douane de Tripoli d’occident (ريّس مرسى ثغر طرابلس الغرب), édifie une nouvelle mosquée complétée par une madrasa pour l’enseignement des sciences religieuses et dote sa fondation d’importantes donations, des biens immobiliers et fonciers, instituées en waqf classées ainsi :

        1- La totalité des cinq boutiques attenantes à la mosquée du côté nord.
Quatre d’entre-elles se trouvent à gauche de l’entrée et la cinquième sur sa droite. Les limites des deux premières boutiques sont : au sud (côté qibla), la mosquée ; à l’est, le minaret ; au nord, la rue et à l’ouest la porte d’entrée. Les troisième et quatrième boutique sont délimitées au sud par la mosquée, à l’est et au nord par une rue et à l’ouest par le minaret. La cinquième boutique est délimitée au sud par la mosquée, à l’est par la porte d’entrée, au nord par la rue et à l’ouest par une salle d’ablution, mathara, et par le puits de la mosquée.

       2-La totalité des trois boutiques sises au quartier de Bâb al-Bahr, près de la mosquée sus-citée et de Bâb Rahbat al-Hût, marché aux poissons. Leurs limites sont : au sud, une rue passante sur laquelle donnent les portes d’entrée ; à l’est, une boutique propriété des héritiers de Ben Sâlih ; au nord, un moulin de Bayt al-Mâl et la boutique qui sera mentionnée plus bas et à l’ouest, une rue passante.

       3-La totalité de la boutique attenante aux trois boutiques suscitées du côté nord. Ses limités sont : au sud, les boutiques mentionnées plus haut ; à l’est, les héritiers de Ben Sâlih ; au nord, le moulin suscité et à l’ouest, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée.

       4- La totalité de l’étage établi sur les quatre boutiques sus-citées.

       5- La totalité des deux boutiques sises au quartier de Bâb al-Bahr, à Rahbat al-Hût, marché aux poissons. Leurs limites sont : au sud, le fondouk d’al-Rejibi et le Consulat français, Hûsh consul al-Fransîs ; à l’est, la boutique de Muhsin ; au nord, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée et à l’ouest, la boutique de Muhsin.

       6- La totalité des deux boutiques mitoyennes sises à l’ouest du mausolée, dharîh, de Sîdî cAbd al-Wahâb. Leurs limites sont : au sud, une boutique propriété des héritiers du bey Ahmad al-Qaramanli ; à l’est, la mosquée de Sîdî cAbd al-Wahhâb sus-citée44 ; au nord et à l’ouest, la rue de Bâb al-Bahr sur laquelle donne la porte d’entrée.

       7- La totalité de la boutique sise à la rue de Bâb al-Bahr, près de ruelle dite Zuqâq al-Beylik. Ses limites sont : au sud, une ruelle non passante ; à l’est et au nord, les héritiers d’al-Tarrâh et à l’ouest, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée.

       8- La totalité des deux boutiques contigües sises à l’ouest de la mosquée Ben Sâbir45, mises à part leurs terrasses qui ne font pas partie du habous. Leurs limites sont : au sud, une rue passante sur laquelle donne leurs portes d’entrée ; à l’est, une rue passante aussi ; au nord, la demeure de cAlî Bû-Nûh et à l’ouest, la demeure, hûsh de Ustâ Yûsuf al-Mâltî46.

       9- La totalité de la boutique qui fait partie des boutiques prises sur la demeure d’al-Sammûnî. Ses limites sont : au sud, une ruelle dite Zuqâq al-Halwânî ; à l’est et au nord, les héritiers d’Ahmad al-Tarrâh et à l’ouest, une rue passante.

       10- La totalité de la boutique sise à souk al-Harrârîn. Ses limites sont : au sud, une demeure d’al-Hâj Ahmad al-Qashshâsh ; à l’est, un waqf de la mosquée de Mahmûd47 ; au nord, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée et à l’ouest, la boutique d’al-Moknî.

       11- La totalité de la boutique sise à souk al-Qamal. Ses limites sont : au sud, une propriété d’al-Hâj Mustafâ b. Mussâ48 ; à l’est, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée ; au nord, un waqf de la mosquée de Shaïb al-cAyn49 et à l’ouest, al-Nuwaysiriya.

       12- La totalité de la boutique sise à souk ( ?). Ses limites sont : au sud, la boutique du dhimmi Benyamine al-Zabîb ; à l’est, une rue passante sur laquelle donne la porte d’entrée ; au nord, la boutique du dhimmi Abraham al-Zabîb et à l’ouest, la boutique du dhimmi Bâbana Ashhût.

       13- Le quart de la totalité de la boutique indivisible sise à souk al-cAttârîn, près de la porte sud de la ville. Ladite boutique est délimitée au sud par la rue du la tour de la Poudrière, Dâr al-Bârûd ; à l’est par la boutique de Hammûda Shahbûna ; au nord par une rue sur laquelle donne la porte d’entrée et à l’ouest par la boutique du dhimmi Bâbana Ashhût.

       14- La totalité de l’entrepôt, makhzan, sis près de ruelle dite Zuqâq al-Beylik, suscitée. Ses limites sont : au sud, une impasse sur laquelle donne la porte d’entrée ; à l’est, les héritiers d’al-Tarrâh et cUmar al-Hawwât et à l’ouest, une impasse.

       15- La totalité de l’entrepôt sis à la ruelle dite d’al-Halwânî. Ses limites sont : au sud, une ruelle sans issue ; à l’est et au nord, les héritiers d’Ahmad al-Tarrâh et à l’ouest, la ruelle suscitée.

       16- La totalité de l’entrepôt sis près du mausolée du saint, sheikh-mazâr, Sîdî Mascûd.

       17- La totalité de l’entrepôt.

       18- Une parcelle d’un verger.

       19- Le quart de la totalité du verger, sâniya, sis au chemin d’al-faqîh cIssâ, au Sahel de la Manshia de Tripoli d’occident. Ses limites sont : au sud, une voie sans issue sur laquelle donne la porte d’entrée ; au nord, une voie sans issue également ; à l’est, Ibn Rajab le Kouloughli et à l’ouest, Ibn Jâbir et les fils d’Ibn al-Hâj.

       20- La totalité de la demeure sise à la rue de Bâb al-Bahr, à l’intérieur de la ville, près du mausolée de Sîdî Yacqûb50. Ses limites sont : au sud, le moulin, tâhûna, d’al-Hâj Belgacem al-Jibâlî ; à l’est, une rue ; au nord, les héritiers d’Ibrâhîm al-Qarqâshî et à l’ouest, une rue sur laquelle donne la porte d’entrée.

       21- La totalité des deux fours à chaux qui se trouvent dans sa propriété, celle qui fait partie des fermes de la Tripoli dites d’Abu Salim51 ; ils sont installés à l’ouest de la route menant à son entrée et au sud du puits du waqf. Les deux fours portent le nom d’al-Gurjî et sont connus ainsi que leurs dépendances et servitudes et leurs limites et leur emplacement n’a pas besoin d’être précisé.

       22- La totalité de l’huilerie souterraine sise au village de Beni Muslim, près de la montagne de Mislata52, ainsi que ses équipements (les meules, etc.) et l’animal qui les fait tourner.

A la fin de l’acte notarié, il est précisé que les deux boutiques sises près de la mosquée d’Ibn Sabir furent transformées en café et leurs terrasses, qui n’étaient pas concernées par le waqf, furent additionnées au habous. En outre, la totalité de la demeure connue sous le nom d’al-Sammûnî et les six boutiques prises sur ladite maison furent transformées en deux moulins à grains surmontés d’un étage (علِيّ).

Puis le document atteste que le fondateur a constitué en waqf l’ensemble des biens-immobiliers et fonciers susmentionnés avec leurs servitudes, leurs dépendances et leurs droits, au profit de sa mosquée. Leurs rentes sont allouées en premier lieu à l’entretien et à la restauration des biens constitués en waqf. Les revenus du waqf servent ensuite aux dépenses de la mosquée, telles que l’achat des nattes, des tapis et de l’huile. Ils servent également aux rétributions de l’imam des cinq prières quotidiennes, celui du prêche du vendredi, du professeur (mudarris), des muezzins, des agents d’entretiens, du gérant, de l’intendant, des étudiants qui étudient les sciences religieuses dans la madrasa et du répétiteur derrière l’imam le vendredi (مسمع). Les rentes sont affectées également à l’achat des lampes et à l’entretien et à la restauration de la mosquée, etc.

L’acte précise ensuite les différentes rétributions : celles-ci sont indiquées en qirsh stambouliotes ou piastre ottomane, petite monnaie en argent connue dans l’Empire sous le nom de akçe osmani. Les sources européennes utilisent le mot « aspre » pour désigner cette monnaie53.

Tab. 1. Les fonctions attachées à la mosquée et la madrasa de Gurgi et les rétributions mensuelles qui leur sont affectées, d’après l’acte du waqf daté du 10 du mois de Ramadan 1260/24 mars 184454.

Le fondateur concède ensuite la gestion de la fondation à Ahmad Ibn al-Haj Hassîn al-Tûghâr qualifié de faqîh, jurisconsulte, mudarris, professeur, et mufti. Le juge hanafite sultanien, désigné par le sultan, a authentifié et signé l’acte, le déclarant légal.

Cet acte a été dressé le 11 du mois de Ramadan 1260/24 septembre 1844 par les deux notaires témoins Ahmad al-Massûs et cAbd Allah cUthmân.

Les deux témoins al-Hâj Muhammad b. Sâlih al-Maghribî et al-Ustâ cAlî b. Ibrâhîm al-Turkî ont attesté, de leur côté, que tous les biens-fonds immobiliers et fonciers susmentionnés, sis à l’intérieur et à l’extérieur de Tripoli, appartiennent bien à son fondateur. Ils ont consigné leur témoignage auprès du juge hanafite désigné par le sultan, Muhammad Ascad Afandî qui a authentifié et signé l’acte, déclarant le waqf légal. Le document se clôt sur les signatures des deux notaires : Hassîn b. Muhammad al-cAssûssî et Ahmad b. al-Hâj cAbd al-Rahmân al-cAllâlî.

A la fin de l’acte, figure une ordonnance du qadi de Tripoli d’occident indiquant que le fondateur du waqf Mustafa Gurgi, qualifié ici de Bey, et le gérant de la fondation Ahmad al-Tûghâr, qualifié de qâ’im maqâm al-mutawwalî wa nâdhir al-hubus, se sont présentés devant le juge susmentionné suite à un différend. Le premier voulait revenir sur le waqf pour l’annuler et le second soutenait l’authenticité du waqf et son irrévocabilité. Après avoir écouté les plaidoiries et évalué les différents arguments, le juge, se fondant sur la doctrine d’Abû Hanîfa, déclara la pertinence du waqf, confirmant le caractère définitif de la cession et son irrévocabilité et signa l’acte en ordonnant son application. Le verdict fut prononcé le 11 du mois de Ramadan 1260/24 septembre 1844, et un acte établi, signé par les deux notaires susmentionnés.

Si les deux actes portent la même date, ils ne relèvent pas cependant de la même période ; le premier acte a été établi avant la chute de la dynastie des Qaramanlis, Mustafa Gurgi, étant à l’époque, comme indiqué dans le document, chef de la douane de Tripoli d’occident. La date mentionnée est celle de l’établissement d’une copie et sa consignation dans le registre officiel, dit al-Sigil al-mahfouz, pour préparer le dossier de plaidoiries concernant le différend entre le fondateur et le gérant du waqf. Sur le deuxième document, cette date correspond à la sentence prononcée par le juge de Tripoli à l’époque, soit une dizaine d’année après la chute des Qaramanlis. Ici, le document révèle que Mustafa Gurgi est toujours en vie, mais qu’il a perdu ses fonctions, c’est pourquoi il est qualifié de Bey, comme nous l’avons dit, simple titre honorifique pour rendre hommage à une personnalité de l’Empire. La demande de dissolution du waqf s’expliquerait par les difficultés matérielles de l’ancien chef des douanes, l’un des plus importants dignitaires de la cour des Qaramanlis.

Fig. 5. Le quartier Bâb al-Bahr et le quartier de la Hara occupent toute la partie nord de la médina de Tripoli :
deux quartiers cosmopolites.
Source : Plan redessiné par Houssem Eddine Othmani
d’après la carte de l’Administration des villes historiques de Tripoli.

1. Mosquée Gurji ; 2. Mosquée et hammam Darghouth Pacha ; 3. Mosquée de Shaïb al-cAyn ;
4. Mosquée Sîdî Salem ; 5. Madrasa cUthmân Saqazlî ; 6. Mosquée Ben Sâbir ; 7. Mosquée Mahmûd Khaznadâr ; 8. Mausolée et masjid de Sîdî cAbd al-Wahhâb ; 9. L’Ancien Bagne ;
10. Ancien Consulat de France ; 11. Ancien Consulat britannique ; 12. L’église orthodoxe grecque ; 13. L’église Sainte-Marie ; 14.Ancien Château espagnol ; 15. Arc de Marc Aurèle ;
16. La Synagogue de Tripoli ; 17. La demeure de Youssef Qaramanli (Hûsh al-Harim) ;
18. La demeure de Gurgi.

3. Le quartier de Bâb al-Bahr : topographie, tissu urbain, souks et bâtiments publics

L’acte du waqf nous fournit des données précises sur la fortune de Mustafa Gurgi : il possédait des propriétés à l’extérieur de la ville, à al-Manshia, riche zone agricole des environs de Tripoli, où s’élevaient les résidences secondaires des dignitaires tripolitains, ainsi que des vergers verdoyants. Parmi les propriétés du mamelouk géorgien d’al-Manshia, Mustafa Gurgi constitua en waqf un quart d’un verger sis au Sahel et deux fours à chaux sis à Abû Salim. Il possédait également des biens dans des régions plus éloignées de la Tripolitaine ; l’acte signale en effet, une huilerie souterraine sise au village de Beni Muslim, près de la montagne de Mislata.

Cependant, les propriétés constituées en waqf de Gurgi se répartissent essentiellement en différents lieux de la ville de Tripoli : à souk al-cAttârin, au sud de la ville près de la Citadelle et de la Poudrière, dite Dâr al-Bârûd, ainsi qu’un autre souk, dont le non n’a pu être identifié, mais qui se trouve près de la Hara. L’acte mentionne aussi le souk de la Soie, souk al-Harîr ou al-Qamal55, qui borde la mosquée de Muhammad Shaïb al-cAyn et du souk des Turcs, célèbre par ses métiers de tissage de la soie. Le document signale aussi le souk al-Harrârîn, dit aussi souk al-Harrâra spécialisé dans le négoce du fil et des tissus de soie56, situé un peu plus vers l’ouest, non loin du quartier juif et de Hûmat Ghariyân.

Fig. 6. Au cœur du quartier de Bâb al--Bahr, l'Arc Marc Aurèle et la mosquée Gurgi.
Source : al-Tillîssî, 1997, p. 258.

Mais le premier secteur concerné par l’œuvre de Mustafa Gurgi reste, de toute évidence, le quartier de Bâb al-Bahr. La ville de Tripoli, en ce temps-là, se composait plusieurs quartiers, hûma-s, habités par les musulmans, de deux quartiers juifs, al-Hara al-Kabîra et al-Saghîra, et d’un quartier mixte, celui de Bâb al-Bahr, comprenant des musulmans, des juifs, des chrétiens catholiques, protestants ou orthodoxes, et tout le petit peuple du port, aux origines diverses. Dans ce quartier s’élevaient plusieurs mosquées notamment celles de Darghûth Bacha, de Sîdî Salem, de Mahmûd Khaznadâr ou de Sîdî Abd al-Wahhâhab. S’y trouvait également la plus ancienne madrasa de Tripoli, celle de cUthmân Saqazlî. A proximité de ces lieux de culte musulman, se situaient les consulats des pays européens : France, Angleterre, Danemark et Etats-Unis57, ainsi que deux églises, l’église catholique, Sainte-Marie, et l’église orthodoxe grecque. Proche de ces deux édifices religieux se dressait le grand bagne pour les captifs chrétiens, dit al-Hammâm al-Kabîr, et appelé par les européens « le bagne de Saint-Michel ». Œuvre de cUthmân Saqazlî datant de l’année 1664, il pouvait recevoir jusqu’à 700 captifs.

Fig. 7. Au premier plan la façade de l'Ancien Bagne et derrière, la mosquée Mahmoud Khaznadâr.
Source : al-Mîlûdî, 1993, p. 288.

Dans ce quartier cosmopolite, le mamelouk géorgien, Mustafa Gurgi, a vécu les plus belles années de sa longue carrière de chef de la douane. Là se situait sa demeure principale, Hûsh al-Gurgi58 ainsi que plusieurs de ses propriétés, certaines d’entre elles mentionnées dans le document du waqf : citons de nombreuses boutiques attenantes à sa mosquée, deux boutiques côtoyant la mosquée de Ben Sâbir et la demeure de d’Usta Yûsuf al-Mâltî ; d’autres boutiques à proximité du marché aux poissons, rahbat al-Hût ; deux autres à l’ouest du mausolée et du masjid de Sîdî cAbd al-Wahhâb ; une boutique à la rue al-Beylik ; deux boutiques attenantes au Consulat français, Hûsh al-Fransîs et du fondouk al-Rajîbî, etc.

Fig. 8. L’ancien consulat de France.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.
Fig. 9. L’ancien consulat britannique.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

Quatre termes : al-tarîq, al- shâric, al-zqâq, et al-sikka sont utilisés par le document pour désigner la voirie du quartier et de la ville. Le terme al-tarîq, le plus cité, désigne la rue ; parfois le texte précise qu’il s’agit de tarîq câmma, voie publique, ou de tarîq Jâdda, rue passante. Dans deux cas seulement, al-tarîq est indiqué par son nom : tarîq bâb al-Bahr et tarîq Borj al-Bârûd. Le terme al-shâric, l’artère ou la rue, est employé à deux reprises uniquement et dans les deux cas, le document indique son nom shâric Bâb al-Bahr ; ce qui indique son importance. Al-zqâq, la ruelle, apparaît dans le texte à plusieurs reprises de façon anonyme ; seuls zqâq al-Beylik et zqâq al-Halwânî sont indiqués avec leurs noms. Dans ce dernier cas, le document précise qu’il s’agit d’un zqâq ghayru nâfidhin, ruelle non passante. Le terme al-sikka, impasse, est mentionné à quatre reprises et à chaque fois, le document énonce qu’il s’agit d’une ruelle non passante, sikka ghayru nafidha. Les places publiques sont rares, dans la ville comme dans le quartier de Bâb al-Bahr ; une seule est signalée à deux reprises, celle faisant fonction de marché aux poissons, rahbat al-Hût, située à l’extérieur des murailles, proche du port.

Au cœur du quartier de Bâb al-Bahr s’élève le complexe architectural de Mustafa Gurgi ; cette œuvre fut un pôle d’urbanisation qui a fortement marqué le quartier.

Fig. 10. Plan de situation de la mosquée Mustafa Gurgi.
Source : Redessiné par Houssem Eddine Othmani
d’après la carte de l’Administration des villes historiques de Tripoli.

1. Mosquée Gurji ; 2. Ancien Consulat de France ; 3. Ancien Consulat britannique ; 4. Mosquée Sîdî Salem ; 5. Arc de Marc Aurèle ; 6. Mausolée et masjid de Sîdî cAbd al-Wahhâb ; 7. Ancien Château espagnol ; 8. Madrasa cUthmân Saqazlî ; 9. Mosquée de Shaïb al-cAyn.

4. Le complexe architectural et ses composantes

Le complexe religieux de Gurgi est le plus important du quartier de Bâb al-Bahr et l’un des plus imposants de Tripoli. Avec ses multiples coupoles et son minaret de près de vingt-cinq mètres de hauteur, il domine toute la partie nord de la médina. L’ensemble architectural s’organise autour d’une grande mosquée et comporte plusieurs éléments dont une madrasa, un mausolée monumental complété par un espace sépulcral, tous deux réservés pour l’inhumation du fondateur et de ses proches, et une série de boutiques et d’entrepôts accueillant activités artisanales et commerciales.

L’ensemble architectural occupe un emplacement stratégique et se dresse face au port et à l’arc monumental de Marc Aurèle ; il s’élève au bord d’une des plus importantes artères de la ville, la rue al-Akwâsh qui mène à l’arc romain, à l’est, et jusqu’aux enceintes occidentales, à l’ouest, non loin du borj Sidi al-Haddâr, dit aussi borj al-Hara. Le complexe est bordé sur le côté sud (qibla) par une ruelle dite Zenqat Esbagnoul et sur le côté est par une ruelle étroite dite Zenqa Dhaiqa.

Fig. 11. Plan de la mosquée Muṣtafa Gurgi
Source : Redessiné par Houssem Eddine Othmani d’après G. Messana, 1977, p. 167.

4.1. Datation

Le complexe architectural est daté par des documents du waqf, des inscriptions historiques et des chroniques historiques et notamment le fameux Hassan al-Faqîh, un ami proche du fondateur. Dans ses Yawmiyyât, le chroniqueur consigne des informations très précises sur différentes étapes de la construction de la mosquée et du complexe religieux. Les travaux commencèrent le dimanche 28 ḏū-l-ḥijja 1235 / 06 octobre 1820 ; Mustafa Gurgi ordonna la démolition d’une maison d’habitation et d’un moulin pour laisser la place à son complexe religieux59. Les travaux dureront plus de 10 ans ; l’auteur des Yawmiyyât signale qu’un premier maître maçon, al-Ustâ Muhammad Babânî décéda pendant les travaux et quelques temps après, le 27 muharram 1241/11 septembre 1825, mourut un deuxième ustâ, Youssef al-Turki al-Bannây ; les deux maître-maçons furent remplacés à temps ; ils étaient probablement les deux premiers architectes, directeurs successifs des travaux du chantier60.

Fig. 12. Mosquée Gurgi:
la couverture de la salle de prière avec ses multiples coupoles et le minaret à deux balcons.
Source : Ali Mustafa Ramadan, 1976, p. 109.

Hassen al-Faqîh indique également la date précise de la fin du chantier et de l’ouverture de la mosquée aux fidèles. Le jeudi 5 muḥarram 1247/16 juin 1831, les derniers préparatifs furent confiés à la responsabilité d’al-Ḥâj Sulaymân al-Qarbâc (الحاج سليمان القرباع) ; deux semaines plus tard, la mosquée était complètement meublée et prête à accueillir les cérémonies et les prières. Le vendredi 13 muḥarram 1247/24 juin 1831, les notables de Tripoli, les Ulémas et le Qâdî participèrent au premier prêche du vendredi dans la mosquée et un banquet fut offert aux étudiants et aux indigents à cette occasion61.

Fig. 13. Mosquée Gurgi. Porte d’entrée orientale.
Source : Ahmed Saadaoui 24 février 2005.
Fig. 14. Mosquée Gurgi . L’inscription de fondation placée au-dessus de la porte d’entrée orientale.
Source : Ahmed Saadaoui 24 février 2005.

L’inscription historique qui surmonte l’entrée orientale de la mosquée donnant sur al-Zanqa al-Dhayyiqa confirme la date de la fin des travaux donnée par al-Faqîh, malgré un petit décalage facile à expliquer. Voici son texte :

        1. بسْم الله الرحمن الرحيم                    وصلى الله على سيدنا محّمد

        2. وذاك وزير للعلى جنابه                   أخو الفضل والإحسان والمجد كامل

        3. بنا مسجدًا لله يتلى كتابهُ                   به في مدى الأيام قوم أفاضل

        4. خصوصا صور الدين يبدوا نتاجها       لدي فكر التحقيق بالحق صايل

        5. وقاه الاه العرش حر سعيره               وأولاه رب البيت ما هو آمل

        6. قفوا ندع إخواني لمن شاد البنا            ومن حاز فضلا لم تنله الأوائل

        7. رئيس لمرسا العز والنصر والثنا         منتهى بقرجي مصطفى لخير نائل

        8. وفيه أصول العلم تدنوا فروعها...        لمن كان بالحزم الشديد يحاول

        9. بنا لقصر في جنات عدن قراره           به الروح جبرائيل ناح بالوزل

        10. وأرخ إلى التقوى والمجد وسمة.        تفوز بآلاء روتها الأوائل

        11.                                             سنــ1246ـة كتبه حسين حمزه 62


1. Au nom de Dieu, le bienfaiteur, le miséricordieux. Que Dieu bénisse notre Seigneur Muhammad.

2. C'est un ministre dont la dignité est sublime, connu pour son mérite, ses bienfaits et sa renommée, homme accompli.

3. Il a construit une mosquée pour Dieu où récite son Livre chaque jour, un espace vertueux (?)

4. En particulier les formes de la religion dont les effets sont visibles. À celui qui réfléchit, vérifie et défend la vérité.

5. Que le Dieu du Trône le protège du feu de la fournaise. Que le Maître de la Maison lui accorde ce qu'il espère.

6. Arrêtez-vous mes frères, prions pour celui qui a construit cet édifice, qui a acquis un mérite que n'ont pas atteint les Anciens.

7. Capitaine du port glorieux, victorieux et digne d'éloge et de louange … pour Gurgi Mustafa.

8. Dans cette mosquée se trouvent les traces de la science (... ?) pour qui cherche à les atteindre avec une ferme résolution.

9. Il s'est construit un palais dans les jardins d'Eden où sera son séjour, où se trouve l'Esprit de Gabriel.

10. Daté selon la piété des hommes de vertu. Avec une telle qualité, on obtient les bienfaits que rapportent les Anciens.

11. En l'an 1246 / 22 juin 1830 –11 juin 1831. Écrit par Ḥusayn Ḥamza.

Fig. 15. Une inscription scellée au-dessus de l’encadrement de l’entrée extérieure orientale de la mosquée, donnant sur al-Zanqa al-Dhayqa, en face de l’arc romain de Marc Aurèle. L’œuvre épigraphique date le monument avec la signature du lapicide en bas du texte.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

Cette belle plaque commémorative précise la fonction de fondateur, chef de la douane (ريّس المرسى rayis al-marsa) et lui accorde aussi le titre de wazîr, ministre, ce qui confirme l’importance du poste de capitaine de la marine. Elle signale aussi que la mosquée fut construite en l’année 1246. Cette date ne correspond pas tout-à-fait à celle donnée par al-Yawmiyyât qui indique, comme nous l’avons signalé plus haut, que l’inauguration et l’ouverture au culte datent du vendredi 13 muḥarram 1247/24 juin 1831. Ce qui signifie, à notre avis, que l’inscription a été commanditée à l’atelier du lapicide Ḥussayn Ḥamza63 vers la fin de l’année 1246, année de l’hégire qui se termine le 11 juin 1831. La plaque fut achetée puis fixée au-dessus de l’entrée de la mosquée pendant les tous derniers jours de l’année 1246 de l’Hégire, alors que l’inauguration de la mosquée et son ouverture au culte ne s’est faite qu’aux tous premiers jours de l’année suivante.

4.2. La mosquée

De l’extérieur, on accède à l’intérieur de la mosquée par deux portes. Celles-ci donnent directement dans les cours qui encadrent la salle de prière de trois côtés.

La porte orientale donne directement dans la cour latérale est ; elle est percée dans l’enceinte du monument sur l’axe transversal de l’oratoire. Précédée de deux marches aménagées devant un beau portail, la porte ouvre dans un arc outrepassé légèrement brisé ; elle est inscrite dans un double encadrement : le premier en marbre et le second en carreaux de faïence polychrome d’une belle facture. L’encadrement en marbre clair est orné au niveau de la clé de l’arc, des écoinçons et des piédroits par des rosaces. Au-dessus de la rosace, la clé de l’arc est frappée du traditionnel décor en croissant de lune, placé sur les nuages. Le portail ferme par deux battants en bois épais pourvus de deux beaux heurtoirs portant les deux expressions de la shahada.

Fig. 16. La porte extérieure nord de la mosquée Gurgi.
Source : Ahmed Saadaoui 25 février 2005.
Fig. 17. Le vestibule sur lequel donne le portail nord de la mosquée Gurgi.
Source : Ahmed Saadaoui 25 février 2005.

Le portail nord de la mosquée est légèrement décalé par rapport à l’axe du mihrab ; il ouvre sur la rue al-Akwash et mène à la cour antérieure par un vestibule couvert d’une voûte en berceau tapissée de stuc orné de motifs géométriques et floraux et notamment de grandes étoiles à huit branches et de cyprès se terminant par des fleurons trilobés. Ici, l’encadrement en marbre est identique à celui du portail oriental ; mais nous notons de petites différences dans l’encadrement en carreaux de céramique ; de même, l’inscription historique a été remplacée par un panneau revêtu de carreaux de faïence. Le décor des deux portes extérieures annonce très riche de l’intérieur de la mosquée.

Fig. 18. Mosquée Gurgi, le portique qui donne sur la cour antérieure.
Source : Photo Ali Ben Sassi.
Fig. 19. Mosquée Gurgi, le portique qui donne sur la cour orientale.
Source : Photo Ali Ben Sassi.

En effet, celles-ci donnent de l’extérieur sur des cours assez étroites entourant la salle de prière sur deux côtés formant ainsi une sorte d’esplanade. La cour antérieure, qui s’étend en longueur devant la galerie narthex, est prolongée par une cour latérale qui s’étend sur le côté est de l’oratoire. La cour antérieure et la cour latérale orientale sont partiellement couvertes par deux galeries adossées à la salle de prière. Couverte d’un plafond horizontal à solives apparentes, ces deux galeries sont portées par des colonnes soutenant des arcs en plein cintre. Les arcs des portiques s’appuient sur douze colonnes taillées dans un marbre clair portées par des bases moulurées et couronnées de chapiteaux néo-toscans.

Sous les portiques, les murs de la salle de prière sont tapissés d’un revêtement polychrome qui présente une grande variété de carreaux et de panneaux de faïence provenant de Tunis. S’interpose entre le revêtement céramique et les plafonds, un bandeau en stuc sculpté d’une belle facture. Parmi ces beaux carreaux, certains sont contemporains de la fondation de la mosquée et remontent au début du XIXe siècle ; d’autres remontent à une restauration tardive effectuée au XXe siècle et portent la signature du célèbre céramiste nabeulien al-Kharrâz (voir en annexe de l’article le catalogue des carreaux de céramique de la mosquée Gurgi).

Fig. 20. Le revêtement céramique qui orne les murs de la salle de prière situés sous les portiques.
Source : Ahmed Saadaoui 25 février 2005.
Fig. 21. Mosquée Gurgi. Le revêtement céramique qui orne les murs de la salle de prière situés sous les portiques. Comme il est indiqué en bas du panneau, celui-ci est fabriqué par des céramistes de Nabeul.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

La salle de prière communique avec les cours qui l’encadrent par trois portes : deux portes ouvrent sur la cour antérieure et la dernière donne sur la cour orientale. Ces portes s’inscrivent dans un encadrement soigné de marbre qui porte un décor floral polychrome réalisé par l’incrustation de pierre de couleur dans le marbre blanc. Les clés de l’arc en plein cintre outrepassé ainsi que les piédroits sont frappées de rosaces saillantes dont le sommet est marqué par le croissant ottoman. Chacune de ces portes se ferme par deux battants en bois massif.

Fig. 22. L’intérieur de la salle de prière de la mosquée Gurgi.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

De l’intérieur, la salle de prière présente un plan carré de 18 m de côté. Elle est entièrement couverte de coupoles. Douze des seize coupoles qui surmontent les seize travées de cette salle sont de hauteur égale ; les quatre coupoles restantes s’élèvent sur les deux extrémités des deux nefs médianes, celle du mihrab et celle du minbar. L’une des deux coupoles qui jouxtent le mur de la qibla se place devant le mihrab et la deuxième au-dessus du minbar ; et à l’autre bout de la salle, la troisième et la quatrième coupole s’élèvent au niveau des deux entrées ouvertes dans le mur nord ; l’une d’elle couvre la sidda ou la tribune des muballigh-s64 et l’autre s’élève sur la travée qui est sur sa droite. Ces quatre coupoles sont surélevées par rapport aux autres et les intrados de leurs calottes hémisphériques sont tapissés d’un décor en stuc qui se distingue par sa richesse et sa variété ; c’est un ornement surchargé à base de polygones étoilés. Le décor en stuc qui orne les 12 autres coupoles est plus simple ; les calottes sont divisées en huit compartiments ornés de cyprès se terminant par des fleurons trilobés. Les pendentifs sont frappés de motifs en rosaces.

Les coupoles qui couvrent la salle sont établies sur des arcs en plein cintre ornés de motifs en stuc. Ces arcs s’appuient sur des pilastres intégrés aux murs et sur neuf colonnes qui se dressent au milieu de la salle de prière et la divisent en quatre allées transversales et quatre allées longitudinales séparées par les arcades. Toutes les colonnes sont taillées dans le marbre de Carrare et portent des chapiteaux de type néo-dorique frappés de rosaces sculptées. Les chapiteaux sont surmontés d’impostes parallélépipédiques revêtues de stuc finement ciselé en relief. Ces impostes reçoivent des tirants en fer qui rappellent l’architecture ifriqiyenne classique. Les murs de l’oratoire sont, ici, tapissés jusqu’à une hauteur d’environ 3 m. de carreaux de faïence. Ce décor couvrant n’est interrompu que par les niches, les armoires, les portes et les fenêtres de cette salle. Les parties supérieures de ces murs sont couvertes d’un revêtement en stuc ciselé, très riche et varié. A la base de ce décor, un bandeau épigraphique porte les traditionnels noms d’Allah, et le texte, exécuté dans le stuc, se dégage sur un fond bleu. Cette ornementation épigraphique, très fréquente dans des monuments de Tunis des XVIIIe et XIXe siècles, apparaît pour la première fois dans la madrasa et le mausolée de cAlî Pacha (1752)65. Du côté de la qibla, ce décor couvrant en stuc tapisse les pilastres, les arcs engagés dans le mur et les tympans et rappelant les ornementations des bases et les intrados des coupoles, bien que la différence soit nette au niveau des motifs exécutés dans le stuc ; dans le décor des coupoles, plus sobre, dominent les motifs de cyprès stylisés.

Fig. 23. La coupole du mihrâb de la mosquée Gurgi.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.
Fig. 24. Mosquée Gurgi, une des coupoles de la salle de prière; on aperçoit aussi le plafond peint de la tribune en triforium
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

Les murs de la salle sont percés de grandes fenêtres (1,40 m sur 0,85 m) qui participent à l’éclairage et à l’aération du monument. Barreaudées, elles s’inscrivent dans des encadrements en marbre, dont certains sont marquetés et ornés de rinceaux chargés feuilles et de fleurs identiques à ceux des encadrements des portes du monument. Elles sont au nombre de douze dont trois percées dans le mur de la qibla : deux, à droite du minbar, donnent sur la turba des Gurgi et la troisième, située à gauche du mihrab, ouvre sur une des chambres de la madrasa.

Fig. 25.Une des fenêtres de la salle de prière donnant sur la turba.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

  • Le mihrâb

Rappelant de près le décor de celui la mosquée d’Ahmad Pacha, le mihrâb de 72 cm de profondeur et 118 cm de largeur, se présente sous la forme d’une niche demi-circulaire aménagée dans le mur. Cette niche s’inscrit dans un cadre rectangulaire de marbre blanc incrusté de pierre de couleur ; sa partie inférieure est agrémentée de 10 panneaux rectangulaires en carreaux de faïence. Au-dessus, un décor en plâtre sculpté à base de motifs en polygones étoilés tapisse sa demi-coupole. Le mihrâb ouvre sur un arc en plein cintre outrepassé posé sur quatre colonnettes engagées couronnées de chapiteaux corinthisants ; des colonnettes galbées à fûts cannelés sont placées deux par deux, de part et d’autre de la niche du mihrâb. En marbre, les claveaux de l’arc ainsi que les écoinçons de son encadrement portent un ornement en rinceaux marquetés réalisés dans la pierre de couleur. La clef de l’arc est frappée d’une rosace sculptée en relief surmontée du croissant ottoman.

Fig. 26. Le mihrâb tapissé de carreaux de faïence.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

  • Le minbar

Cette chaire maçonnée s’élève sur un socle rectangulaire mesurant 3,40 m de long. Haut de 2,60 m, il compte onze marches délimitées par deux balustrades en bois formant une rampe. Au pied du minbar se dressent deux colonnes en marbre à chapiteaux néo-toscans portant un arc en plein cintre outrepassé surmonté d’un fronton inscrit dans un cadre en bois sculpté et doré ornementé de rinceaux et de rosaces. Deux des trois pointes du fronton sont surmontées d’une boule sphérique et d’un croissant ; le croissant de la troisième pointe, qui couronnait l’ensemble du fronton, a été perdu.

Au sommet du minbar, la dernière marche faisant office de tribune pour l’imam prêcheur est abritée par un pavillon baroque ayant la forme d’une coupole surhaussée ornée à la base d’un décor réalisé dans le bois ; la calotte est couronnée d’une boule sphérique et du traditionnel croissant. Haut de près de 2 mètres, ce baldaquin est porté par quatre colonnettes en marbre couronnées de chapiteaux en forme de calice et dénudés de tout décor.

Fig. 27. Le minbar a reçu un beau parement de marqueterie de marbre polychrome.
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 28. La marqueterie de marbre polychrome du minbar est d’une belle exécution :
des rinceaux chargés de feuilles et de fleurs.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

Les deux côtés latéraux de cette chaire à prêcher sont percés de trois baies cintrées de différentes dimensions. Les flancs du minbar ont reçu un parement de marqueterie de marbre polychrome d’une belle exécution : des rinceaux chargés de feuilles et de fleurs, figurés de façon réaliste éloignée des motifs décoratifs stylisés habituels dans les arts de l’époque, évoluent du bas vers le haut de l’ouvrage. D’un bel effet, les motifs sont réalisés en marqueterie polychrome en noir, rouge et jaune paille. Il est probable que ce revêtement a été réalisé par un atelier italien, comme ce fut le cas pour le minbar de la mosquée des Qaramanlis exécuté en 1737 par deux marbriers venus de Gênes, envoyés par leur atelier66.

Le minbar de la mosquée de Gurgi a été complètement démonté et déposé dans les réserves du musée Al-Saraya al-Hamra de Tripoli en 2013 pour éviter les destructions subies par le minbar de la mosquée d’Ahmad Pacha, la même année67. Il a été remplacé, depuis, par une chaire en bois.

  • La sidda

A l’instar des autres mosquées hanafites de Tripoli, l’oratoire de la mosquée de Gurgi est doté d’une sidda, dite mahfil dans l’acte du waqf et également à Tunis68 ; c’est une sorte de tribune de forme carrée occupant la dernière travée de la nef qui se trouve dans l’axe du mihrâb. Elle est entièrement construite en bois peint et doré, et repose sur quatre colonnettes torsadées en bois peint en noir. On accède à la plate-forme qu’elle constitue en face du mihrâb, par un petit escalier, sans passer par la salle de prière. Entourée d’une balustrade en bois tourné, la sidda domine la salle d’une hauteur de 3 m. Sur ce plateau se tenaient les nombreux muezzins et les qurrâ’ pour effectuer les lectures coraniques mais aussi pour psalmodier en chœur les invocations et les prières69. Les frontons de ce baldaquin qui donnent sur la salle de prière sont richement décorés ; les deux séries de colonnettes superposées portent des voûtains ornés de stalactites d’une belle exécution.

Placée derrière la principale porte d’entrée, la sidda représente aussi une sorte de baldaquin sous lequel passent les fidèles ; le plafond de l’ouvrage est richement orné d’un décor en polygones étoilés. Le principal polygone est divisé en 24 sections décorées de bouquets de fleurs dessinés avec réalisme et une polychromie où domine le bleu, le vert, le rouge et le jaune70.

Fig. 29. Mosquée Gurgi, la sidda ou mahfil, un chef d’œuvre construit en bois peint et doré.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

Du côté de la qibla, près de l’angle sud-est de la salle de prière, se trouve une autre petite sidda ou dakka qui rattache encore la mosquée aux traditions ottomanes. C’est un ouvrage en bois qui repose sur un socle en forme de cône inversé. Rappelant les sièges à prêcher des églises, cet élément est aussi réservé aux lectures coraniques ou aux mudarris qui expliquent les textes religieux.

  • Les tribunes en triforium

La mosquée est dotée également de trois tribunes en bois construites sur le modèle de celles de la mosquée d’Ahmad Pacha. Ce sont des galeries supérieures placées sur les trois portiques entourant la salle de prière de l’extérieur. On y accède par la cour antérieure de la mosquée. Protégées par des balustrades, elles ouvrent sur l’intérieur de la salle de prière par des arcs en plein cintre outrepassés et donnent sur les trois cours de la mosquée par des fenêtres barreaudées. Ces galeries sont assez vastes pour recevoir un nombre important de fidèles ; parfois, elles sont réservées aux femmes. Contrairement à la salle de prière, elles sont couvertes d’une charpente en bois à décor polychrome d’une belle facture qui rappelle celui de la sidda précédemment présentée. Les murs qui portent les galeries sont tapissés de carreaux de faïence surmontés des bandeaux de stuc sculpté.

4.3. Le minaret

Le minaret, élément le plus en vue de la façade principale du monument, se dresse près de l’angle nord-est de la cour transversale, dominant ainsi la rue al-Akwâsh et l’ensemble du quartier de Bâb al-Bahr. C’est une tour octogonale élevée sur une base carrée faisant fonction de socle. Au-dessus du socle, une base moulurée reçoit la tour octogonale. Il s’agit du plus haut minaret de la médina de Tripoli ; sa hauteur, du sol de la cour à la balustrade entourant sa plate-forme finale, dépasse les 25 m. Construit sur le modèle du minaret de la mosquée des Qaramanlis, il le dépasse par sa hauteur et s’en distingue par ses deux balcons entourés de parapets dépourvus d’auvents. Chacun des deux balcons est porté par des voutains cintrés dont les arcs reposent sur consoles. Le premier balcon, octogonal, est plus grand que le second de plan dodécagonal. Les faces du minaret sont ornées, sur quatre niveaux, d’arcades en plein cintre outrepassées. L’arc est surmonté d’un croissant tourné vers le haut. Des moulures encadrent des panneaux de carreaux de céramique sur plusieurs niveaux du minaret et le haut des deux parapets des balcons sont décorés en carreaux de céramique à dominante verte.

Le minaret est coiffé d’un lanternon octogonal à toit pyramidal dont la charpente porte une couverture verte, probablement en feuille de plomb. Le lanternon est couronné d’une tige surmontée de deux boules de cuivre et d’un croissant tourné vers le haut.

De la cour, on accède à l’intérieur de ce minaret par une petite porte rectangulaire (0,80 m x 1,87 m). Un escalier évoluant autour d’un pilier central rond, et éclairé par deux lucarnes ébrasées, mène vers les deux balcons.

Fig. 30. Mosquée Gurgi, le minaret octogonal à deux balcons.
Source : Ahmed Saadaoui 22 février 2005.

4.4. La maydhât

La cour antérieure a reçu également sur le côté ouest une maydhât dotée d’une banquette maçonnée et de robinets pour les ablutions rituelles. La maydhât, entièrement ouverte sur la galerie qui la précède, est divisée en deux travées couvertes par deux coupoles, l’intrados d’une d’entre elles porte un décor en stuc finement sculpté71. Les arcs reposent sur des pilastres et sur un pilier médian placé entre les deux arcs d’ouverture. La galerie qui précède la salle d’ablution est couverte d’une charpente en bois et ses deux arcs d’ouverture reposent à leur point de rencontre sur une colonne en calcaire clair couronnée de chapiteau à volute de type dit turc, apparu à Tunis à l’époque ottomane ; il s’inspire et reproduit des modèles européens, italiens ou espagnols. Il nous semble qu’il a été introduit dans le pays par les Morisques ou les captifs chrétiens.

La maydhât est complétée par une série de latrines ouvrant sur un couloir perpendiculaire à la salle d’ablution. Ce couloir est doté d’une entrée particulière située à droite de la galerie de la maydhât. L’acte du waqf indique que l’endroit portait le nom de mathara et précise qu’il est complété d’un puits qui alimentait la mosquée en eau.

4-5. La madrasa

La madrasa de Mustafa Gurgi relève du même ensemble architectural ; elle est destinée à héberger des étudiants d’obédience hanéfite. L’acte du waqf indique que le fondateur édifia une nouvelle madrasa pour l’enseignement des sciences religieuses et précise les rétributions que reçoivent ses étudiants. L’établissement, adossé au mur de la qibla, est situé à gauche de l’entrée orientale de la mosquée. D’une grande simplicité, cette madrasa reproduit le programme architectural des époques précédentes. Elle présente plusieurs analogies avec la madrasa de cUthmân Pacha (1664) et celle d’Ahmad Pacha (1737), bien qu’elle soit de plus modeste dimension. On y accède depuis la cour latérale orientale de la mosquée par l’intermédiaire d’une entrée coudée formée de deux vestibules. A l’intérieur, l’ensemble s’ordonne autour d’un patio carré (6,60 de côté) encadré de galeries sur les quatre côtés. Les arcades en plein cintre reposent sur des colonnes taillées dans du marbre que coiffent des chapiteaux de type néo-dorique.

Fig. 31. La porte d'entrée de la madrasa.
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 32. La cour de la madrasa.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

Treize chambres donnent sur le patio ; elles sont pourvues de portes cintrées ornées dans leurs parties hautes de carreaux de céramique polychromes, et l’ensemble est couronné d’un bandeau en stuc sculpté. Les galeries sont couvertes de voûtes en berceaux complétées par des coupoles placées au niveau des angles. De petites fenêtres ouvertes entre les portes des chambres participent à l’éclairage et à l’aération de ces cellules couvertes de plafonds en bois doublés de terrasses.

L’accès à la Turba du fondateur s’effectue depuis la cour de la madrasa à partir d’un vestibule situé dans la galerie ouest et présentant les mêmes caractéristiques que les chambres entre lesquelles il s’interpose. Au niveau de l’angle sud-ouest de la cour, une autre entrée donne accès à un couloir bordée de trois cellules ; il mène à l’espace sépulcral à arcade qui complète la turba des Gurgi.

4-6. La turba et l’espace sépulcral

Suivant l’exemple ottoman, Mustafa Gurgi compléta son complexe religieux par un mausolée jouxtant le mur de la qibla dans la partie sud-est du complexe et lié directement à la madrasa par une porte encadrée de marbre blanc surmontée d’un arc en plein cintre outrepassé. La salle funéraire est de plan presque carré (5,50 m de côté), couverte d’une coupole côtelée reposant sur un tambour cylindrique percé de plusieurs fenêtres. La transition entre le plan carré et le plan sphérique s’effectue par l’intermédiaire de pendentifs. Le dôme s’inspire de ceux de la Renaissance italienne (à Florence ou à Rome) et rappelle les coupoles de la madrasa de cUthmân Saqazlî (1664) ; ici, le tambour est plus élancé et l’architecte a supprimé les colonnettes recevant les côtes de la calotte. En outre, la salle funéraire communique avec la salle de prière de la mosquée : deux de ses quatre grandes fenêtres donnent sur l’intérieur de la mosquée. Ces deux fenêtres grillagées permettaient aux fidèles de dire des prières au profit des personnes inhumées dans le mausolée suivant le modèle de celui des Qaramanlis. Les quatre fenêtres de la turba sont encadrées de l’intérieur de marbre blanc incrusté de marbre marron et noir, créant ainsi un jeu de polychromie (en blanc, marron et noir). Ces incrustations de marbre ornemental se présentent sous la forme de lignes en « zigzag » ondulés, avec de petits motifs de rosace.

Fig. 33. La porte d'entrée de la turba de Mustafa Gurgi.
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 34. Une des fenêtres de la turba de Mustafa Gurgi.
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 35. Le dôme de la turba de Mustafa Gurgi.
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 36. L’intrados de la coupole de la turba de Mustafa Gurgi tapissé de stuc finement sculpté.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

A l’intérieur, les parties inférieures des murs de la salle sont revêtues de panneaux de faïences polychromes fabriqués à Qallaline et importés de Tunis. Dès l’arrivée de la famille des Qaramanlis au pouvoir, et même un peu avant, la céramique de revêtement tunisienne est adoptée dans les grandes demeures mais également dans tous les monuments religieux de la vieille ville de Tripoli, notamment dans les mosquées des Qaramanlis72 et de celle de Gurgi73. Au-dessus des faïences un revêtement de stuc finement ciselé tapisse les parties hautes des murs, les pendentifs, le tambour et l’intrados de coupole de la salle funéraire. Ce revêtement porte des ornements floraux et géométriques rehaussés de quelques touches de couleurs rouge et bleu.

Les tympans des quatre arcs aménagés dans les murs pour porter la coupole sont percés de quatre fenêtres fermées par des claustra en plâtre découpés dont les jours sont garnis de verres colorés en bleu, jaune, orangé, rouge et vert. Les fenêtres qui percent le tambour sont également pourvues de shamsa-s polychromes.

Fig. 37. À l’instar du mausolée Qaramanli, la salle funéraire de ce mausolée est richement décorée avec la présence de revêtement de faïences et le stuc intègre également un texte épigraphique de datation.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

Signalons enfin que ce revêtement en stuc est pourvu d’une frise épigraphique, en cursive orientale portant un texte invocatoire (poème ; mètre al-ṭawīl) et mentionnant la date de la fondation de la turba (1244/1828-29). Le texte de cette inscription occupe un bandeau placé au bas des tympans cités précédemment. Chaque ligne du texte est délimitée par un arc à fer à cheval lié d’une boucle. Plusieurs cartouches sont ornés, à l’intérieur, de fleurons à trois pétales et de tiges feuillues chargées d’œillets et de tulipes. Les caractères du texte sont sculptés en blanc, sur un fond bleu. Voici le texte de l’inscription :

1. بسم الله الرحمن الرحيم / وصلى الله على سَيدنَا محمد وآله

2. ألا إن هاذي روضة للأفاضل / مقيم بها سعْد السعود الكواملِ

3. أقام بها الفَضْل المؤيد فاْعجبوا / لفضل له بدا وليس بزائل

4. بها مصطفا قرجي وزيرٌ لحَضْرة / الإمام في الإحْسانِ مجد الأماثل

5. لقد فاز بالتمهيد بيتا لربه / وجاور ذكر الله أفضل قائل

6. فأكرم به جارا وأنعم مجاورا / وأطيب به نفسا لنيل الفضائل

7. لقد حاز كل العز والنور والبها / فقد كان للخيرات أفضل فاعل

8. مآثره غر وطيب خصاله / ذوات ازدياد من كريم الفعائل

9. أتاح عليه الله سحب نعيمه / وأسكنه رحب الجنان الكوامل

10. وأسبل في الدارين أجمل ستره / عليه وأولاه جميع المئامل؟

11. ويمنحه الرحمن فضلا ومنّة / ويَمْددهُ المنّان غفْرَ الزلائل

12. ويعفوا عظيم الذنب ربي لمن دعا / لمن كان للإحسان أفضل فاعل

13. هنيئا له الجنان أبدا نعيمه / لقد جاءه البشرى بطيب المنازل. عام 1244


1. Au nom de Dieu, le Bienfaiteur le Miséricordieux. Que Dieu accorde sa grâce à notre Seigneur Muḥammad et à sa famille.

2. Voici un jardin pour les hommes de mérite où résident pour la félicité suprême des êtres parfaits.

3. Il s’y trouve la grâce éternelle alors émerveillez-vous ! C’est une grâce qui lui est accordée à perpétuité.

4. Y est enterré Mustafa Gurgi, ministre de sa majesté, l'Imām du bienfait, gloire de ses semblables.

5. Il s'est préparé en gagnant une maison accordée par son Seigneur et vivant en voisinage de la mention de Dieu dont la parole est la meilleure.

6. Aussi honore-le de ta proximité et gratifie-le d'une récompense. Réjouis son âme par l'obtention des mérites.

7. Il a obtenu toute gloire, lumière et splendeur, pour avoir accompli les meilleures œuvres pieuses.

8. Ses titres de gloire sont éclatants et ses vertus, ne cessent de croître en raison de ses nobles actes.

9. Que Dieu le couvre de la nuée de ses grâces et l'installe dans le vaste paradis de la perfection ;

10. Qu'il le recouvre dans les deux demeures du plus beau des voiles de protection, et que Dieu l’ait chargé de tout espoir.

11. Que le Miséricordieux lui accorde grâce et largesse et que le Généreux lui fasse don du pardon de ses fautes.

12. Notre Seigneur efface les fautes graves de celui qui l'invoque, celui qui a œuvré de la meilleure manière.

13. Qu'il jouisse à jamais de la douceur de son paradis. Il a reçu l'heureuse annonce de la meilleure des demeures. En l’année 1244 / 1828 – 1829.

L’inscription de la mosquée confirme que le monument religieux est achevé en 1246 / 22 juin 1830 –11 juin 1831, en avance au moins d’un mois sur la date mentionnée par Ḥassen al-Faqîh74. Cela nous encourage à confirmer que la date mentionnée sur l’inscription de la turba est liée aux travaux de stuc en plâtre menés par un artisan, car la technique d’exécution des caractères de cette inscription diffère totalement de celle de la fondation de la mosquée.

La salle funéraire est dotée de quatorze tombes dont seule celle de Mustafa Gurgi conserve le texte de la stèle funéraire de tête sans la date du décès. La pierre tombale du défunt est richement décorée à base de rinceaux. Elle adopte deux stèles funéraires de type stambouliote. La stèle de tête (156 cm/38 cm) est ornée d’un décor floral à base de rinceaux, composés deux tiges feuillues s’épanouissant au-dessus d’un bandeau décoratif chargé d’une série de feuilles et de rosaces à cinq pétales. Un listel encadre les lignes du texte dans des cartouches bordés d’arcs en plein-cintre. Cette stèle est sous forme d’une plaque rectangulaire coiffée d’un fût cylindrique couronné d’une fez rouge.

Fig. 38. La turba de Mustafa Gurgi. La stèle funéraire du fondateur
Source : Ali Ben Sassi 2009.
Fig. 39. La turba de Mustafa Gurgi. La stèle funéraire du fondateur.
Source : Ali Ben Sassi 2009.

Dans l’ensemble, le texte de l’inscription funéraire, composé de neuf lignes, est gravé sur la face postérieure de la stèle. L’espace vide laissé, avant les deux derniers chiffres de la datation de texte de stèle de tête, est étonnant. Il est fort probable que la stèle ait été commandée à un atelier stambouliote à l’époque de la construction du complexe architectural et avant la mort du fondateur de la mosquée et de la turba. Ce type de silhouette de la stèle (grande plaque de marbre coiffée de fez) est répandu dans les cimetières d’Istanbul. A l’époque des Qaramanlis (1711-1835) et notamment durant la deuxième époque ottomane (1835-1911), les souverains de la Régence, les pachas et certain notables ottomans ont eu recours à l’importation de stèles depuis des ateliers de la capitale ottomane. Voici le texte de l’inscription :

1. هو الحَي الباقي

2. صَاحب الخيرات والحسنات

3. ورَاغب الجنه والدَّرجات

4. باني هذا الجامعْ الشّريف

5. مير قبوتاج شيانَ دركاه عالى

6. كورجي مُصطفَى بكْ

7. رضَا لله تعَالى

8. الفـــــــــاتـحهْ

9. سنـــ... 12ـــه

1. C’est Lui le Vivant l’Eternel.

2. Le maître des bienfaits et des bonnes actions

3. Celui qui désire le paradis et ses degrés

4. fondateur de cette mosquée honorable

5. amiral des vaisseaux d’outre-mer ?

6. Gurgi Mustafa Bek.

7. pour que Dieu, qu’Il soit exalté, soit satisfait.

8. Récitez la fâtiḥa

9. L’année 12.. / 18.. .

Cette turba est complétée par un espace sépulcral à ciel ouvert, sorte de cour encadrant le mausolée sur deux côtés ; elle a reçu à une époque tardive une arcade formée d’arcs posés sur les murs et sur six colonnes. On y trouve quelques sépultures des membres de la famille du fondateur ; sur deux d’entre elles sont indiqués les noms de Ahmad Gurgi et Hamayd Gurgi ; deux descendants du fondateur.

La Turba de Mustafa Gurgi est un petit monument aux dimensions harmonieuses et bien proportionnées. Il est parfaitement représentatif de l’architecture et du décor architectural tripolitain à la fin de l’époque des Qaramanlis. En outre, cet édifice d’apparence moderne, est bâti et ornementé avec des matériaux nobles et beaux ce qui laisse deviner la vie de luxe et d’opulence du fondateur. Ce joyau de l’art libyen a été vandalisé en 2011 et 2012 ; les tombes ont été détruites et vidées de leurs dépouilles, les pierres tombales et les stèles funéraires, toutes en marbre, été brisées en mille morceaux75.

Fig. 40. La turba de Mustafa Gurgi vandalisée en 2011 et 2012.
Source : Photo Ilhem Ibrahim Al-Qarqani, 2013.
Fig. 41. La turba de Mustafa Gurgi vandalisée en 2011 et 2012.
Source : Photo Ilhem Ibrahim Al-Qarqani, 2013.

Conclusion

Mustafa Gurgi Râ’is, grand bâtisseur à une époque de troubles et de révoltes, a pu édifier plusieurs grandes constructions à Tripoli : une demeure familiale (Hûsh al-Gurgi), un fort jouxtant le port (borj al-Râ’is) et un des plus importants complexes religieux de la ville. Cet ensemble architectural représente le mieux la période stable et relativement prospère du règne de Youssef Pacha. Il marque aussi la fin d’une époque et peut être considéré comme l’une des dernières réalisations d’importance du règne des Qaramanlis. Cette œuvre, somme toute tardive, porte les caractéristiques de cette architecture spécifique créée par les Turcs et les Qaramanlis à Tripoli et qui a perduré jusqu’à la période des réformes ottomanes.

Le commanditaire et l’architecte avaient certainement en tête la plus belle mosquée de Tripoli de l’époque, celle des Qaramanlis. Si par ses dimensions, l’œuvre d’Ahmad Pacha dépasse celle du capitaine de la Marine, cette dernière se distingue par un décor foisonnant et par certains éléments et détails architecturaux significatifs. Ainsi du minaret élancé à deux balcons ; du bel ouvrage en menuiserie dit mahfil ou sidda, et de la turba qui peut être considérée comme un joyau de l’architecture tripolitaine.

Comme celle d’Ahmad Pacha, la mosquée de Mustafa Gurgi est très proche par son architecture et son décor des mosquées de la Régence voisine de Tunis et nous pouvons imaginer facilement que l’architecte ou le commanditaire connaissait le complexe architectural de Youssef Sâhib al-Tâbaa, construit quelques années auparavant (1814) ; et que cette dernière était une de leurs sources d’inspiration. Youssef comme Mustafa était mamelouk et ministre du Pacha des deux régences respectives. Le chantier de la mosquée de Halfawine à Tunis a duré huit ans, celui de Tripoli 10 ans. Au cours de la cérémonie d’ouverture de la mosquée de Halfaouine, le Pacha de Tunis était présent en personne et des poèmes ont été récités à l’occasion pour complimenter le souverain, en premier lieu, et féliciter son ministre, le fondateur de ce grand complexe architectural, en second lieu.


A Tripoli, le Pacha était absent de la cérémonie d’inauguration de la mosquée ; les démêlés conjugaux de Gurgi et les troubles qui commencèrent expliqueraient cette absence. Comme à Tunis, le complexe Tripolitain était un pôle d’urbanisation qui a contribué à une grande transformation de tout le quartier de Bâb al-Bahr. Son architecture emploie à profusion des matériaux nobles et de qualité : marbre, faïence, plâtre sculpté et excellent bois importé, témoignant à la fois d’une certaine prospérité du pays et de la fortune amassée par le capitaine de la Marine qui contrôlait une flotte marchande importante. De même, dans les deux ensembles architecturaux, la céramique architecturale compte aussi bien des carreaux typiques de la production des Qallaline de Tunis que des pièces polychromes composites très variées et très riches reflétant une influence de la faïence européenne, d’aspect moderne.

Les annexes

Annexe 1

L’acte de waqf de la mosquée de Mustafa Gurgi

وقفية جامع قرجي

بسم الله الرحمن الرحيم وصلى الله على سيدنا محمد وعلى آله وسلم

نظيره ما بالسجل المحفوظ

حمدا لمن أذن في ترفيع المساجد وجعل تأسيسها من أفضل الأعمال وأنجح المقاصد، وشكرا لمن تفضل على هذه الأمة بأنواع المفاخر، فكان منها نعمة التحبيس المستمر نفعه إلى اليوم الآخر، وصلاة وسلاما على من شرفه مولاه واجتباه وقرّبه من حضرة قدسه وأدناه، وأسرى به من المسجد الحرام إلى المسجد الأقصى، وأفرغ عليه من المواهب الربانية ما يجلّ عن العدّ والإحصاء، سيدنا ومولانا محمد، عين الوجود وبحر المكارم والجود، خير الأنام ومسك الختام وسيد من له في العقد النبوي انتظام، المرسل رحمة للعالمين، المنبأ بمعالم الدين، المرشد لسلوك سبل الطاعات والتقرب إلى الله تعالى بنوافل الخيرات، فكان مما أمر به وفَعله وندب إليه السادات الكمله، الوقف الذي هو من أجلّ القربات وأعظم أنواع الطاعات، صلى الله وسلّم عليه وعلى آله وأصحابه وأنصاره أمناء أسراره المقْتبسين من ضياء أنواره. هذا ولما كانت فضيلة بناء المساجد وتشييد أركانها، والاعتناء بتعظيمها ورفعة شأنها، ما هو ظاهر عند ذوي الأبصار ظهور الشمس في رابعة النهار، ومما أرشد لذلك قول سيد الإنس والجن "من بنى لله مسْجدا صغيرا كان أو كبيرا بنى الله له بيتا في الجنة"، وفي رواية رواها أهل السنّة "من بنى مسجدا يبتغي به وجه الله بنى الله له بيتا في الجنة"، وقوله عز وجل في كتابه المبين "إنما يعمر مساجد الله من آمن بالله واليوم الآخر وأقام الصلاة وآتى الزكاة ولم يخش إلا الله فعسى أولئك أن يكونوا من المهتدين"، وقوله، جل شأنه وعز حُكمه، "في بيوت أذن الله أن ترفع ويذكر فيها اسمه". وكان في الوقف في سبيل الله تعالى من مزيد الأجر على الدوام ما نبّه عليه قول سيد الخاص والعام "إذا مات ابن آدم انقطع عمله إلا من ثلاث وذكر منها الصدقة الجارية". وهي عند الأئمة الأعلام الوقف وما في معناه من أعمال البر الزاكية. وكان بتوفيق الله تعالى وعونه ممن سلك الطريقتين واغتنم الجمع بين الفضيلتين، من أنعم الله عليه، ووفّقه إلى الخير وهداه إليه، عين الأعيان وفخر الأماثل والأقران، الأجل الأفضل والهمام الأمثل، راجي المثوبة والوفى، أبو الثنا عبده مصطفى قرجي، النسبة واللقب، ريس مرسى ثغر اطرابلس الغرب، لازال في سلم المعالي راقيا ولابتغاء سبل الطاعات ساعيا، فممّا اعتنى به المشار إليه، دام موفقا للخير معانا عليه، ما أحكم وضعه وبنيانه وشيد أرجاءه وأركانه، وهو المسجد الجديد الغني بشهرته عن التحديد، المشتمل على مدرسة لتعلّم العلم والتعليم، وتلاوة القرآن العظيم، فجاء بعون الله تعالى في الحسن أقصى غاية، وفي الرونق أكمل آية، وله على ذلك أوضح دليل وبرهان، إذ ليس الخبر كالعيان، تقبل الله تعالى بفضله عمله، وبلغه من كل خير أمله.

وقد صدر منه حفظه الله تعالى تحْبيس ذلك بالقول وتخلّى عنه لعبادة الله تعالى فيه بالفعل، ثم إنه رعاه الله وأدام في الخيرات مسعاه، أراد كمال الأجر والثواب وتوفير الذخر ليوم الحساب، فأشهد أنه حبس ووقف :

(1) جميع الخمسة حوانيت الملاصقة للمسجد المذكور من الجوف، أربعة منهم عن يسار الداخل له< والخامس عن يمينه، يحد الأول والثاني قبلة الجامع المذكور وشرقا الصومعة وجوفا طريق عام حيث المفتح وغربا فم الجامع، ويحد الثالث والرابع قبلة الجامع وشرقا طريق عام وجوفا كذلك حيث المفتح وغربا الصومعة، ويحد الخامس قبلة الجامع وشرقا فم الجامع وجوفا طريق عام حيث المفتح وغربا مطهرة وبير الجامع.

(2) مع جميع الثلاث حوانيت بباب البحر، بمقربة من الجامع المذكور وباب رحبة الحوت، يحدهم قبلة طريق عام حيث المفتح وشرقا حانوت ورثة ابن صالح وجوفا طاحونة لبيت المال والحانوت الذي سيذكر وغربا طريق عام.

(3) مع جميع الحانوت الملاصق للحوانيت المذكورات من الجوف، يحده قبلة الحوانيت المذكورات وشرقا ورثة ابن صالح وجوفا الطاحونة المذكورة آنفا وغربا طريق عام حيث المفتح.

(4) مع جميع العلّي الذي فوق الحوانيت المذكورات.

(5) مع جميع الحانوتين الكائنين بباب البحر برحبة الحوت، يحدهما قبلة فندق الرجيبي وحوش قنصل الفرنسيس وشرقا حانوت محسن وجوفا طريق عام حيث المفتح وغربا حانوت محسن.

(6) مع جميع الحانوتين المتلاصقين الذين بغرب ضريح الشيخ المزار ذي الكرامات والأسرار، المعظم عند الكافة والمهاب أبى محمد سيدي عبد الوهاب، نفعنا الله بأسراره وأمدنا من بحار أنواره آمين، يحدهما قبلة حانوت لورثة الباي أحمد قارمانلي رحمه الله، وشرقا مسجد الشيخ المذكور، وجوفا طريق باب البحر وغربا كذلك حيث المفتح.

(7) مع جميع الحانوت الذي بشارع باب البحر قريبا من زقاق البيليك، يحده قبلة سكة غير نافذة وشرقا وجوفا ورثة الطراح وغربا طريق عام حيث المفتح.

(8) مـــع جميع الحانوتين المتلاصقين بقرب جامع ابن صابر، عدا السطح الذي فوقهما لم يدخل في التحبيس، يحدهما قبلة طريق عام حيث المفتح وشرقا كذلك وجوفا حوش علي بونوح وغيره وغربا حوش أسطا يوسف المالطي.

(9) مع جميع الحانوت الذي للحوانيت المخرجات من حوش السموني، يحده قبلة زقاق يعرف بزقاق الحلواني وشرقا وجوفا ورثة أحمد الطرّاح الجبالي وغربا طريق جادة.

(10) مع جميع الحانوت الكائن بسوق الحرارين، يحده قبلة حوش الحاج أحمد قشاش وغيره وشرقا وقف لجامع محمود وجوفا طريق جاده حيث المفتح وغربا حانوت المكني.

(11) مع جميع الحانوت بقرب سوق القمل76، يحده قبلة حق للحاج مصطفى بن موسى وشرقا طريق عام حيث المفتح وجوفا وقف لجامع شايب العين وغربا النويصرية.

(12) مع جميع الحانوت الكائن بسوق [...]77، يحده قبلة الذمي بنيامين الزبيب وشرقا طريق عام حيث المفتح وجوفا حانوت الذمي ابراهم الزّبيب وغربا حانوت الذمي بابانه اشحوت78.

(13) مع الريع على الإشاعة من كامل الحانوت الذي بسوق العطارين الذي قرب باب المدينة القبلي، يحده قبلة طريق برج دار البارود وشرقا حانوت حمودة شهبوتة وجوفا طريق جاده حيث المفتح وغربا حانوت الذمي بابانه اشحوت. (14) مع جميع المخزن الكائن بقرب زقاق البيليك المذكور، يحده قبلة سكة غير نافذة حيث المفتح وشرقا ورثة الطراح وعمر الحوات وجوفا [...]79 وغربا سكة غير نافذة.

(15) مع جميــــع المخزن الذي بزقاق الحلواني ويحده قبلة زقاق غير نافذ وشرقا وجوفا ورثة أحمد الطراح المذكور وغربا الزقاق المذكور.

(16) مع جميع المخزن الكائن بقرب ضريح الشيخ المزار سيدي مسعود[...]80.

(17) مع جميع المخزن الكائن بمقربة من[...]81

(18) [...]82 بوسط السانية المذكرة معروف كل ذلك المعرفة التامة بالنظر والمعاينة.

(19) مع الربع من كامل السانية وما شملته وخمس القيراط منها من معلوم [...]83 الكائنة مكان السانية المذكورة [...]84 ساحل منشيا محروسة طرابلس غرب، بزقاق الفقيه عيسى المعروفة بسانية ابن حرفان، يحد كاملها قبلة سكة غير نافذة فيها المفتح وجوفا كذلك وشرقا ابن رجب القورغلي وغربا ابن جابر وأولاد ابن الحاج.

(20) مع كامل الحوش الكائن بداخل المحروسة المذكورة، بشارع باب البحر بقرب ضريح الشيخ سيدي يعقوب، يحده كامله قبلة طاحونة الحاج بلقاسم الجبالي وشرقا طريق وجوفا ورثة إبراهيم القرقارشي وغربا طريق حيث المفتح.

(21) مع كامل كوشتي الجير الكائنتين بجانبهما بأرضه، بأبي سليم أحد مزارع المحروسة المذكورة غربي الطريق الذي تمر نحو بابه وقبلي البير الذي للحبس المذكور بالأرض المذكورة، [و] معرفتهما بكواش قرجي معرفة كافية عن مزيد البيان بما يعد لهما وينسب إليهما من جميع المنافع.

(22) مع كامل غار المعصرة المعدة لعصر حب الزيتون الكائنة بقرية بني مسلم بجبل مسلاتة، من جهة الرزاسة المعروفة بفدان ابن سودة، وبجميع ما حوته من آلة [...]85 وقرقابة وفرش و[...]86 وحمار، وبما لها من مجاز معد لمرورها [...]87، وجميع الغار بالموضع المذكور جوفي المعصرة المنعوتة.

وأما الدكانين الملاصقين المذكورين فيه بقرب جامع ابن [صابر، وصارا الآن]88 قهوة والسطح الذي فوقهما المستثنى من التحبيس أدخله الآن المحبس المذكور في الحبس وألحقه بهما.

وكامل الحوش المعروف بحوش السموني والستة دكاكين المخرجين منه صاروا الآن طاحونتين وعلِيّ فوقهما.

حبس المحبس المذكور جميع الأماكن والأصول المحدودة والمذكورة فيه وما اشتملت عليه، ووقفها كيف ذكر على جامعه الذي أنشأه المذكور فيه، بجميع ما لذلك من الحدود والحقوق والمنافع والمرافق الداخلة لذلك والخارجة عنهم، وما يعدّ لذلك ويعرف به وينسب إليه من عامة المنافع والمرتفقات جملة بأسرها مما شملته الحدود وانطبقت عليه الرسوم، ليكون ما لهذه الأماكن والأصول من الكراء والمحصول، بعد ما ينفق من ذلك في مصالحها ما لا بد منه ولا غنا عنه مما يستدام به ريعها ويستقر به نفعها، مصروفا في منافع الجامع المذكور من حصر وفرش وزيت ورزق إمام الأوقات به وخطيبه والذي يقرأ بالمحفل يوم الجمعة ومدرس ومؤذن والقيم والملاء للماء للمتوضين به والمتولي لأوقاف الجامع المذكور والمخلص، وللطلبة الذين يدرسون العلم بمدرسة الجامع المذكور، وللمسمع يوم الجمعة وسائر ما يحتاج اليه الجامع المذكور من نحو قناديل وترميم وإصلاح.

وقد عين المحبس المشار إليه، دام موفقا للخير معانا عليه، للإمام الراتب في الصلوات الخمس في كل شهر ثمانين قرشا اسلامبوليا وحوشا لسكناه، وهو الساكن به الإمام الآن، وللخطيب إمام الجمعة والذي يقرأ القرآن بالمحفل خمسين قرشا وللمدرس ستون [...]89 قرش وللمؤذن في الأوقات الخمس ثمانين قرشا، وللمسمع يوم الجمعة عشرة قروش، وللقيم وملاء الماء للمتوضين به ماية قرش، ولطلبة العلم الذين يقرؤون بمدرسته خمسين قرشا، وللمتولي وهو الناظر ثمانين قرشا، وللمخلص أربعين قرشا، جميع ذلك بالقرش الاسلامبولي [...]90 التاريخ. وجعل المحبس المذكور، ضاعف الله لنا وله الأجور، الولاية والنظارة في جميع ذلك لمن أقامه مقامه مدة حياته، وبعد موته فللأرشد من أولاده الذكور طبقة بعد طبقة وبطنا بعد بطن وأولادهم وأولاد أولادهم الذكور دون الإناث إلى آخر العقب ما تناسلوا في الإسلام، ثم يرجع ذلك للأرشد من بنات المحبس لصلبه، ثم يرجع ذلك لبنات أولاده ولبنات أولاد أولاده وهكذا إلى آخر العقب، فإن انقرض ذلك رجع للإمام الراتب بالجامع المذكور، وقيده حبسا صحيحا تاما مؤبدا مستمرا على الدوام مسرمدا لا يباع ولا يوهب ولا يورث حتى يرث الله الأرض ومن عليها وهو خير الوارثين، فمن سعى في تبديله أو تغييره أو عدل به عن سبيله فالله تعالى حسبه ومجازيه وولى الانتقام منه ومكافيه، وسيعلم الذين ظلموا أي منقلب ينقلبون.

وأذن المحبس المذكور، حفظه الله تعالى من جميع الشرور، للأجل الفاضل الشيخ الفقيه العالم المدرس المفتي سيدي أحمد ابن المرحوم الشيخ سيدي الحاج حسين التوغار في قبول ذلك منه للجامع المذكور وحوزه عنه، ونصبه متوليا لأوقاف الجامع المذكور، فقبل بذلك منه للجامع المذكور، واعترف بحوز جميع الأملاك المحبسة المذكورة فيه عنه. يشهد عليهما بما ذكر فيه عنهما حسبما حرر فيه وسطر، ويشهد بأن جميع الأملاك المحبسة المذكورة الكائنة بداخل المحروسة المومى إليها أنها ملك ومال من أملاك المحبس المذكور، لم يعلم خروجها عن ملكه بوجه تخرج به الأملاك من يد مالكها إلى أن [...]91 فيها التحبيس المذكور [...]92 ما عدا الداموس الذي به مغارة بجميع [...]93 بتاريخ تقدم [...]94 لمدة فارطة وتأخر الإشهاد والكتب لعشر رمضان (المبارك) عام ستين ومائتين وألف (24 مارس 1844). ثم وشهد الحاج محمد بن صالح المغربي والأسطا علي بن إبراهيم التركي بأن جميع الأملاك المحبسة المحدودة المذكورة فيه الكائنة بداخل المحروسة المومي إليها وبخارجها ملك ومال من أملاك المحبس المذكور لم يعلما خروج ذلك عن ملكه بوجه تخرج به الأملاك من يد صاحبها إلى أن [...]95 التحبيس المذكور، في علمهما ذلك، وثبت شهادتهما بذلك لدى الشيخ الفقيه القاضي الحنفي السلطاني مولانا السيد محمد أسعد أفندي، قاضي إيالة طرابلس غرب في التاريخ، الثبوت التام، يشهد على الشيخ المومى إليه مما ثبت عنده وصحّ لديه عارفه بكمال.

إمضاءات العدلين بمحكمة محروسة طرابلس غرب في التاريخ.

بيانها عبد ربه تعالى حسين بن محمد العسوسي، النائب بمحكمة محروسة طرابلس غرب في التاريخ، عفا الله عنهما بمنه، آمين.

بيانها أحمد بن الحاج عبد الرحمان الملالي، رئيس العدول بالمحكمة بمحروسة طرابلس غرب في التاريخ، عفا الله عنهما بمنه، آمين.

Fig. 42. L’acte de fondation de waqf au profit de la mosquée de Mustafa Gurgi daté du 10 Ramadan 1260/24 mars 1844.

Annexe 2

L’ordonnance du qadi de Tripoli Le verdict fut prononcé le 11 du mois de ramadan 1260/24 septembre 1844

الحمد لله. صلى الله على سيدنا محمد وآله وصحبه وسلم. نظيرة ما بالسجل المحفوظ

لما أن قام الأجل الأفضل والهمام الأكمل مصطفى باي قرجي النسبة واللقب المحبس المذكور أعلاه ومعه الأجل الفاضل الشيخ العالم المدرس المفتي الحنفي سيدي أحمد التوغار المنصوب قائم مقام المتولي وناظر على الحبس المذكور أعلاه من المحبس والمزبور أعلاه [...]96 من سبب الحبس المرقوم أعلاه لدى الشيخ الفقيه، العالم العلامة والفاهم الفهامة، القاضي الحنفي السلطاني مولانا محمد أسعد أفندي، قاضي إيالة طرابلس غرب في التاريخ بالمحبس المذكور وبه الرجوع في الحبس المذكور وإبطاله، والشيخ سيدي أحمد المذكور يريد صحته وإمضاءه، وترافعا من أجله لديه، فعند ذلك تأمل الشيخ القاضي المشار إليه، حفظه الله وأحسن إليه، في الحبس المذكور تأملا شافيا وأمعن النظر فيه إمعانا كافيا وعلم أن مراد الشارع للأخير [...]97 أقرب وأن الحكم برفع ملكه ولزوم الوقف أولى وأصوب وفق [...98] الإمام [...]99 أبي حنيفة النعمان ابن ثابت، رضي الله تعالى عنه، يتم الوقف بالحكم فأشهدنا الشيخ [أنه حكم بصحته حكما صحيحا أمضاه]100 وارتضاه وأوجب العمل بمقتضاه على حسب [نصه ومعناه] [...]101 فيه عنه عارفا له بكمال. وفي الحادي عشر من شهر رمضان المبارك عام ستين ومائتين وألف (24 مارس 1844).

إمضاءات العدلين بمحكمة محروسة طرابلس غرب في التاريخ.

بيانها أحمد بن الحاج عبد الرحمان العلالي، رئيس العدول بالمحكمة محروسة طرابلس غرب في التاريخ، عفا الله عنهما بمنه.

بيانها عبد ربه تعالى حسين بن محمد العسوسي، النائب بمحكمة محروسة طرابلس غرب في التاريخ، [عفا الله عنهما بمنه، آمين].

Fig. 43. L’ordonnance du qadi de Tripoli. Le verdict fut prononcé le 11 du mois de ramadan 1260/24 septembre 1844.

Annexe 3

Le catalogue des carreaux de céramique de la mosquée de Mustafa Gurgi

TYPOLOGIE DES CARREAUX DE LA MOSQUEE GURGI A TRIPOLI102 :

LES CARREAUX DE QALLALINE

        1- CARREAUX A MOTIF UNIQUE

CUQ 1. Qallaline. Fin XVIe et jusqu’à nos jours.

- Collection muséographique: Musée National du Bardo.
- Collection muséographique : Musée du Louvre, Département des Arts de l’Islam (Carreau de revêtement à décor d’étoile centrale), (1800/1900 XIXe siècle), AFI 1692.
- Localisation : Dâr Mrabet, Dâr ben cAchour Dâr Ben cAbdallah, la Zâwiya de Sîdî cAlî cAzzûz à Tunis, la Zâwiya de Sîdî ben cArûs, la zawîya de Sîdî Kasîm al- Jallizi (aménagements de 1962), le palais du Bardo, Burj Boukhris à el- Mcalga, la résidence de France à la Marsa, la Zâwiya de Sîdî Bou Saîd el-Béji, palais kubbet en-Nhas, Burj Chouikh à la Manouba, palais cArbi Zarrouk à Den Den, la Zâwiya de Sîdî cAlî cAzzûz à Zaghouan et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Nom du collectionneur : Mohammed Massoudi.
- Nom du collectionneur : Moukhtar Lahmar.
- Catégorie : carreaux à motif unique.
- Dimension : côté : 14/14 cm ou 15/15cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : ocre jaune, vert émeraude et brun de concentration irrégulière.
- Etat de conservation : moyen, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Enchère : Collection Couranjou Jean, Paris, 17 Mai 2022.
- Ico : Revault Jacques, 1967, fig. 5.
- Ico : Revault Jacques, 1974, fig. 30, 47, 59 et 113.
- Ico : Revault Jacques, 1978, fig.85.
- Ico : C.N.C.A, 1995, p. 25, fig. 34.
- Ico : Saadaoui Ahmed, 2001, fig. 125.
- Ico : Azzouz (A.) et Massey (D.), 2001, p. 32.
- Ico: Haffar Riath, 2006, F5. Fig. 111.
- Ico : Guillemette Mansour, 2017, p. 77.
- Bib: Daldoul Bedoui Samah., 2008, p. 114.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°16, p. 494.

Description :

Arrangement de quatre carreaux à motif unique dit « afset essid » ou « patte de lion ». Composition symétrique suivant quatre axes ; la verticale, l’horizontale et deux obliques perpendiculaires. Ils présentent un élément central foliacé enveloppant un motif étoilé à huit branches bicolores. Chaque losange est traité en deux tons contrastés noir et blanc. Des variations minimes sont décelées sur d’autres variantes créant des exemples similaires. Ce spécimen est une imitation d’un modèle catalan. A noter les traces du tripode qui servait à la séparation des carreaux lors de la cuisson.

CUQ 1. Qallaline. Fin XVIe et jusqu’à nos jours.

- Localisation : palais Husayn à la Médina de Tunis, la Zawîya de Sîdî cAlî cAzzûz à Tunis, la Zawîya de Sîdî kâsim al- Jellizi, palais de la Rose Burj Chouikh à la Manouba, la résidence de France et à la Marsa.
- Catégorie : carreaux à motif unique.
- Dimension : côté : 12,5/12,5, 15/15cm et 20/20cm. e : 2cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : ocre jaune, vert émeraude et brun sur fond verdâtre.
- Etat de conservation : Moyen, cassure des bornes et ébréchure des émaux. Essai de restauration avec du plâtre.
- Enchère : Collection Couranjou Jean, Paris, 17 Mai 2022.
- Iconog : Mansour Guillemette, 2017, p. 79.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°19, p. 497 et 498.
- Bib: Bedoui Samah Daldoul, 2008, p. 114.
- Bib : Dhif Sofien, 2021, Cat.Q n°7, p. 104.

Description :

Arrangement de quatre grands carreaux à composition rayonnante et symétrique suivant quatre axes la verticale, l’horizontale et deux axes disposés en diagonale. Le carreau est dit « fleur du vent » ou « wardet- errih » ou «Nâcoura». Le centre est flanqué d’un motif étoilé à huit branches bicolores alternées en ocre jaune et brun de manganèse. En encoignure sont ornés de fleurons stylisés attachées à des feuillages trifides. Modèle catalan produit ultérieurement dans d’autres centres comme valence, les ateliers de Qallaline et Chemla. A noter les traces du tripodes qui servait à la séparation des carreaux lors de la cuisson.

CUQ 24a. Qallaline. Début XVIIIe jusqu’à nos jours.

- Localisation : Dâr al- Bey à la Kasba, palais Husayn b. cAlî, Dâr ben cAchour, la Zawîya de Sîdî Kasîm al-Jallîzî (travaux de réaménagement de la fin du XVIIIe siècle entre 1770/1780), la Zawîya de Sîdî cAlî cAzzûz à Zaghouan (1710), la Zawia de Sîdî Nasr à Testour (1733) et la Zawiya de Sîsî al-cArbî à Ras Dejbel et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs unique.
- Dimensions : côté : 10 cm, e : 2 cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : émail brun de manganèse sur un fond blanc d’étain.
- Etat de conservation : mauvais, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Bib : Mansour Guillemette, 2017, p. 76103.

Description :

Agencement de quatre carreaux bicolores (bipartis) présentant la même composition que le spécimen précédent CUQ 24. Chaque carreau est partagé selon un axe de symétrie en diagonal. Appelé communément «Jneh khutifa». Un contraste de clair / obscure dans un jeu de fond. Technique d’immersion dans un bassin blanc d’étain puis dans un second bassin de brun de manganèse.

        2- CARREAUX A MOTIFS REPETITIFS

CQ 4. Qallaline. Début XVIIe siècle (1600).

- Collecton muséographique: le Musée National du Bardo.
- Localisation: Dâr cUThmân Dey (1600), Dâr Ben cAbd Allah, palais Husayn à la Médina de Tunis, palais du Bardo, palais de la Rose à la Manouba (1798), la Résidence de France à la Marsa et Burj Boukhris à el-Mcalga.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 14/14 cm ou 12,5/12,5cm.
- Pâte : argileuse rosâtre, texture fine et forte cohésion. A noter les cavités méticuleuses à la surface.
- Palette de couleurs: bleu de cobalt nuancé, ocre jaune, vert émeraude et sertissage brun sur fond blanc laiteux.
- Etat de conservation : moyen, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Ico: Revault Jacques, 1971, fig.23.
- Iconogr : Revault Jacques, 1974, fig. 112, fig. 113 et 128.
- Iconog : Mansour Guillemette, 2017, p. 70.
- Bib : Louhichi Adnan, 1995, p. 224.
- Bib : Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°59, p. 548.
- Bib : Dhif Sofien, 2021, Cat.Q n°1, p. 103.

Description :

Assemblage de quatre carreaux à composition concentrique et symétrique suivant un axe oblique médian (le cas d’un seul carreau). Une large bande brune dessine une rosace quadrilobée à garniture foliacée. Le fond est meublé de marguerites et de palmettes dentelées. Elle alterne avec un médaillon festonné orné de trèfles et de carrées disposés sur pointes.

CQ 6. Qallaline. XVIIIe et XIXe siècles.

- Localisation : Dar Ben Abd-Allah, Burj Boukhris à el-Mcalga et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : Carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : L : 16, l cm, l : 13 cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt cendré, vert émeraude, ocre jaune et contour brun sur fond crème légèrement verdâtre.
- Etat de conservation : moyen, restauration sommaire qui consiste à remplir les ébréchures avec du plâtre.
- Bib. Revault Jacques, 1967, fig. 1 31.
- Bib. Revault Jacques, 1974, fig. 77, 83,104 et 128.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°137, p. 625.
- Bib : Couranjou Jean, 2014, p. 4104.

Description :

Arrangement de quatre carreaux rectangulaires à composition modulaire et symétrique suivant un axe vertical médian. Ils présentent un réseau de mandorles d’inspiration turco-persane. Ils sont ornés de bouquets fleuris à œillets et marguerites stylisées alliés à des rinceaux. Ils sont inscrits dans des octogones délimités par des palmettes. Ils alternent avec des médaillons quadrilobés à garniture foliacée.

CQ 7b. Qallaline. XVIIe et XIXe siècles.

- Localisation : Driba de Dâr cUthman (1600), Dâr el- Mnûshi et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux aux motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 10 cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude, ocre jaune et contour brun sur fond crème laiteux de bonneconcentration.
- Etat de conservation : mauvais, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Bib: Revault Jacques, 1974, fig. 38.
- Bib: Louhichi Adnan, 1995, p. 244.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°55, p. 542.

Description :

Arrangement de quatre carreaux à composition concentrique et symétrique suivant deux axes disposés en diagonal et deux axes perpendiculaires (la verticale et l’horizontale). Modèle similaire au spécimen précédent CQ 7. Une rosace quadrilobée est couronnée d’un motif octogonal aux bornes contournées et aux extrémités en forme de trèfle. Alternance avec une rosace quadrilobée à garniture foliacée d’inspiration catalane.

CQ 10. Qallaline. Entre (1770-1780).

- Localisation : Dâr el-Bey à la Kasba, Dâr cUthmân Dey, Dâr Lasram, Dâr Ben Abd- Allah la Zâwîya de Sîdî cAlî cAzzûz à Zaghouan, Dâr el- Mnûshi et la résidence de France.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimensions : côté : 10,5/10,5 cm. e : 2cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : vert émeraude, ocre jaune et brun sur fond crème laiteux.
- Etat de conservation : mauvais, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Ico : Revault Jacques, 1967, fig. 5 et 11.
- Ico : Revault Jacques, 1971, fig. 36, 92, 143, 144 et 151.
- Ico : Revault Jacques, 1974, fig. 85 et 139.
- Iconographie: Aissaoui Zohra, 2003, p. 75.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°34 et 35, p. 516.
- Bib : Guillemette Mansour, 2017, p. 78.

Description :

Groupe de quatre carreaux formant un réseau de carrés disposés sur pointe. Symétrie axiale suivant deux axes perpendiculaires disposés en diagonale. Garniture foliacée à marguerites, fleurs de lys et feuillettes stylisées. Ce modèle est intitulé par Courranjou Jean « Deux bandeaux verts » « Sa dominante verte et la présence de feuillages et de tiges végétale ont valu son surnom de « persil » « Macadnussi » à ce carreau très populaire. Il s’agit d’une copie de modèles espagnols105.

CQ .27. Qallaline. XVIIIe et XIXe siècles.

- Localisation : Dâr Ben Abd -Allah et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 13/13 cm et 15/15 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu cendré nuancé, vert émeraude, jaune d’antimoine, ocre jaune et contour brun sur fond crème laiteux de bonne qualité.
- Etat de conservation : moyen, ébréchure des émaux et des bornes.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°41, p. 524.

Description :

Arrangement de quatre carreaux identiques à composition modulaire et symétrique suivant deux axes en diagonale. Ils sont ornés d’un réseau de médaillons circulaires aux motifs floraux. Alternance avec des motifs étoilés à huit branches dites « fleur de vent » ou « wardet- errih » ou « Nâcoura » traitées en deux tons contrastés noir et ocre jaune106.

CQ .60 Qallaline. Début XVIIe siècle.

- Collection muséologique : Musée National du Bardo. (Inv.307c).
- Localisation : Dâr cUthmân Dey, la Zâwiya de Sîdî ben cArûs, le Palais du Bardo, Burj Chouikh à la Manouba et palais cArbî Zarrûk à Den Den.
- Catégorie : carreau formant un ou plusieurs motifs.
- Dimension : côté : 11/11 cm et 15/15 cm.
- Pâte : Argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : Vert émeraude de concentration irrégulière, ocre jaune et sertissage brun sur fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : Moyen, légères ébréchures des émaux et de la pâte.
- Bib: Daldoul Bedoui Samah, 2008, p. 114.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n° 64, p. 554.

Description :

Arrangement de quatre petits carreaux à composition modulaire et symétrique suivant un axe oblique médian (le cas d’un seul carreau). Ils forment un à réseau médaillons inscrit dans un cadre festonné. Ils alternent avec des éléments cruciformes aux bornes contournées. Garniture foliacée à feuillettes et fleurons. « Production valencienne qui ne laisse aucun doute sur son origine espagnol »107.

CQ .41 Qallaline. XVIIIe siècle et XIXe siècles.

- Localisation : Dâr el- Mnûshi,la façade de la madrasa Bir al-Ahjâr et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Nom du collectionneur : Collection Dâr ben Gacem.
- Catégorie : carreau à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 15 cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu cendré, vert émeraude, ocre jaune et contour brun sur un fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : moyen, ébréchure des bornes et écaillage des émaux.
- Carreaux inédits.

Description :

Arrangement de quatre carreaux à composition radiale et symétrique suivant un axe médian oblique. Ils forment un élément cruciforme festonné et à garniture foliacée (palmettes et fleurons stylisés). Ils alternent avec des médaillons rayonnants ornés de pétales déchiquetés d’inspiration espagnole.

CQ .61a Qallaline. XVIIIe siècle et XIXe siècles.

- Collection muséographique : Musée National du Bardo.
- Localisation : la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreau x à motif s répétitifs.
- Dimension : côté : 12/12cm et 15/15 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre interrompue par des cavités minutieuses, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : émaux concentrés en bleu cobalt cendré, vert émeraude et contour brun sur fond crème laiteux.
- Etat de conservation : mauvais, cassure des bornes et ébréchure des émaux. Apparition de taches huileuses à la surface.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°48, p. 532.

Description :

Groupe de quatre carreaux à composition modulaire et symétrique suivant deux axes médians (la verticale et l’horizontale). A noter les similitudes avec l’exemple précédent (CQ 61). Décor géométrico -floral à deux arcs opposés formant une mandorle ovale d’influence turco-persane. Garniture foliacée aux fleurs de lys et feuillettes stylisées alliées à des rinceaux. Nous décelons dans cet exemple le procédé qui consiste à inciser les surfaces réservées bleues avec des lignes sinusoïdales (technique caractérisant les productions du XVIIIe siècle)108.

CQ .63a Qallaline. Fin XVIIIe siècle.

- Localisation: Collection de l’A.S.M et la mosquée de Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreau x à motif s répétitifs.
- Dimension : côté : 10/10 cm et 15/15 cm.
- Pâte : argileuse rosâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude débordant ocre jaune et sertissage brun sur un fond blanc laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : moyen, carreaux ébréchés et écaillés.
A noter les traces du tripode sur la surface des carreaux et les cavités méticuleuses à la surface.
- Carreaux inédits.

Description :

Agencement de quatre petits carreaux à composition symétrique et radiale suivant un axe oblique médian (cas d’un seul spécimen). Ils présentent un élément cruciforme. Les encoignures sont ornées d’œillets à cinq pétales bordés de palmettes effilées. Même composition que le spécimen précédent CQ 63 omni quelques dissimilitudes au niveau des éléments de remplissage.

Ce spécimen est repris par les céramistes de Nabeul lors des travaux de restauration de la mosquée Gurgi au XXe siècle. La composition et l’emplacement des émaux sont respectés. Néanmoins, les nuances du vert et l’intensité de l’ocre jaune sont modifiés. Notons la disparition des traces des tripodes caractérisant les productions de Qallaline.

CQ 78. Qallaline. XVIIIe et XIXe siècles.

- Collection muséographique: Le Musée de Sîdî Kasiîm al- Jallîzî.
- Localisation : La mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 15cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude, vert pistache ocre jaune nuancé et contour brun sur fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : bon, légères ébréchures des émaux et des bornes.
- Carreaux inédits.

Description :

Groupe de quatre carreaux à composition concentrique et symétrique suivant un axe oblique médian. Ils présentent un médaillon central couronné de losanges alternés avec des tulipes. L’intérieur est orné de motifs floraux rayonnant à palmettes et fleurs stylisées. Les encoignures sont garnies de pivoines ou « crête de coq » d’inspiration anatolienne. Ils présentent la même composition et la même palette que le spécimen précédent CQ 59. Des dissimilitudes au niveau des répartitions des émaux et l’esquisse de certains motifs floraux.

CQ 87. Qallaline. XVIIIe et XIXe siècles.

- Collection muséographique : Musée de Sîdî Kasîm al- Jalîzî.
- Localisation : Dâr el- Mnûshi et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreau x à motif s répétitifs.
- Dimension : côté : 14,5 cm et e : 2cm.
- Pâte : Argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : Bleu de cobalt, vert émeraude, ocre jaune et sertissage brun sur fond blanc laiteux. A noter la bonne concentration des émaux.
- Etat de conservation : Mauvais, cassure des bornes et ébréchure des émaux.
- Bib. Louhichi Adnan, 1995, p. 239, fig. 192.
- Bib. Louhichi Adnan, 2000, p. 80, fig. 47.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°117, p. 605.

Description :

Arrangement de quatre petits carreaux à composition rayonnante et symétrique suivant un axe oblique médian. Décor turquisant floral formé de palmettes sinueuses et fleurons (marguerites stylisées et feuillettes sinusoïdales). Ils se présentent dans une disposition cruciforme d’inspiration anatolienne.

CQ 90a. Qallaline. Début XVIIIe siècle (1733).

- Localisation : La Zâwiya de Sîdî Nasr à Testour (1733) et la mosquée de Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : 15/15 cm et e : 2 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre texture fine et forte cohésion.
A remarquer les cavités minutieuses au niveau de la pâte et les traces du tripode.
- Palette de couleurs : bleu cobalt, vert nuancé, ocre jaune et brun qui vire vers le noir sur un fond crème laiteux.
- Etat de conservation : mauvais, cassure des bornes, de certains carreaux et ébréchés des émaux.
- Ico: Ahmed Saadaoui, 1996, F.4, p. 265, Fig. 166, 167, 168, 169 et 180.

Description :

Groupe de quatre carreaux à composition modulaire et symétrique suivant quatre axes concurrents (la verticale, l’horizontale et deux obliques médians). Une trame régulière est esquissée grâce à un réseau de bandes entrecroisé. Des carrés sont disposés sur pointe et sont traités en alternance. Des éléments étoilés sont formés grâce à des carrés superposés dites carrés tournants.

CQ 213. Qallaline. XVIIIe (1770-1780).

- Localisation : Dâr Mrabet, Dâr Lasram, Dâr Ben Abd Allah.à la Médina de Tunis et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : coté : 12 cm. e : 1,5 cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : vert nuancé, ocre jaune et brun violacé sur un fond blanc verdâtre (débordement des émaux lors de la cuisson).
- Etat de conservation : mauvais, ébréchure des bornes.
A noter les traces des tripodes.
- Bib : Guillemette Mansour, 2017, p. 78.

Description :

Groupe de quatre carreaux à composition modulaire et symétrique suivant deux axes oblique et concurrents. Ils forment un réseau de carrés disposés sur pointes. Le tracé est effectué grâce à de larges bandes doublement encadrées. Elles sont garnies de guirlandes de carrés enchainés et pointillés. Le fond des carrés est flanqué de feuillettes stylisées et entrelacées et de marguerites à cinq pétales (dites fleur de Qallaline). Il s’agit d’une imitation parfaite d’un spécimen espagnol CE 816. Guillemette Mansour ajoute que ce spécimen est « voisin du « Macadnussi», ce carreau destiné à être assemblé par quatre comporte un galon en diagonale complété par des tiges fleuries .Comme souvent, plusieurs variantes –importées ou fabriquées en Tunisie- Cohabitent et se juxtaposent dans certains édifices anciens au gré de rénovations successives »109.

CQ 214. Qallaline. Entre 1770-1780.

- Localisation : Dâr Lasram à la Médina de Tunis et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Enchère : Collection Jean Couranjou, Paris, 17 Mai 2022.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 11 cm.
- Pâte : Argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu ciel clair, vert émeraude, jaune primaire et sertissage brun violacé sur fond blanc laiteux de concentration irrégulière.
- Etat de conservation : Moyen, écaillage des émaux et ébréchure des bornes.
A noter les traces des tripodes et les cavités à la surface.
- Bib : Couranjou Jean, http://arts.medit.occ.pagesperso-orange.fr/tun.html. Consulté en 2022.

Description :

Arrangement de quatre carreaux à composition modulaire et symétrique suivant quatre axes concurrents (la verticale, l’horizontale et deux obliques médians). Ils forment un réseau d’octogones aux palmettes effilées. Alternance avec des carrés concentriques disposés sur pointes et meublés de marguerites à six pétales. Double encadrement blanc et jaune primaire.

CQ 216. Qallaline. Deuxième moitié du XVIIIe siècle.

- Localisation : Dâr Lasram, Dâr ben Kacem à la Médina de Tunis, le palais du bardo (salle des concubines), la Turba de cUthmân Dey et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 13 cm.
- Pâte : Argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : vert émeraude, ocre jaune, orange, noir violacé et sertissage brun sur un fond blanc laiteux de bonne concentration. A noter le débordement du vert.
- Etat de conservation : Moyen, écaillage des émaux et ébréchure des bornes. A noter les cavités et les traces du tripode.
- Bib: Saadaoui Ahmed, 2021, Fig. 2, p. 47.

Description :

Groupe de quatre petits carreaux à composition rayonnante et symétrique suivant un axe oblique médian (pour le cas d’un seul carreau). Le centre est meublé d’un élément étoilé à quatre branches doublement encadrées. Des palmettes effilées sont entourées de lisières sinueuses. Les encoignures sont garnies de palmettes bulbeuses alternant avec des fleurs de lys stylisées. Il s’agit d’une imitation immédiate du spécimen espagnol CE 314. Une intervention au niveau de la palette et apparition des traces du tripode.

        3- PANNEAU AUTHENTIQUE DE QALLAINE

PQ 216. Qallaline. XVIIIe siècle.

- Localisation : la Turba du Bey et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : Panneau à champ unitaire.
- Dimension : L : 148 cm, l : 80 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude dilué, ocre jaune et sertissage brun sur fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : bon, légères ébréchures des émaux et des bornes.
- Panneau inédit.

Panneau à mihrab et à décor architectural. Le registre supérieur est inscrit dans un arc en ogive aux feuillettes stylisées. Il est surmonté d’un croissant. L’intrados est orné une mosquée ottomane à coupole bulbeuse, multitudes de minarets, deux chaires, étendards ondulants, cyprès et deux oiseaux bicolores. Le registre inférieur est inscrit dans une double arcature festonnée. Sur des piédroits deux mandorles sont surmontées de bouquets d’œillets, tiges sinueuses chargées, fleurs de lys et des palmettes. La composition générale est similaire au panneau de Qallaline PQ 21. Les simples variations résident dans le choix des motifs de remplissage et de la palette de couleurs.

Ce panneau rehausse les lambris de la mosquée Gurgi à Tripoli. Il était recopié par des ateliers de Nabeul PN4 et PN4a pour assurer les travaux de restauration et combler les panneaux endommagés.

Elément de panneau de Qallaline XVIIIe siècle présentant deux minarets et une coupole surmontée d’un croissant.

LES CARREAUX NABEULIENS

PQ 216. Nabeul, El-Kharraz, XXe siècle.

- Localisation: La mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : Panneau à champ unitaire.
- Dimension : L : 148 cm, l : 80 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude dilué, ocre jaune et sertissage brun sur fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : bon, légères ébréchures des émaux et des bornes.
- Panneau inédit.

Description :

Panneau à mihrab et à décor architectural. Il s’agit d’une imitation du panneau de Qallaline PQ 41 ornant la Turba des Beys. Les simples variations résident dans le choix des motifs de remplissage et la palette de couleurs.

PQ 4a. Nabeul, El-Kharraz, XXe siècle.

- Localisation: La mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : Panneau à champ unitaire.
- Dimension : L : 148 cm, l : 80 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt, vert émeraude dilué, ocre jaune et sertissage brun sur fond crème laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : bon, légères ébréchures des émaux et des bornes.
- Panneau inédit.

Description :

Panneau à mihrab et à décor architectural. La composition générale est similaire au panneau précédent PN4a ornant la mosquée Gurgi à Tripoli. Les simples variations résident dans le choix des motifs de remplissage et de la palette de couleurs.

LES CARREAUX ESPAGNOLS

CE 315. Valence puis Barcelone. 1770-1780.

- Localisation : Dâr Lasram à la Médina et palais de la Rose.
- Nom du collectionneur : Jean Couranjou.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 13/13 cm et 21/21cm.
- Pâte : argileuse rougeâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs: bleu cendré clair, vert émeraude, ocre jaune, orangé et violet clair sur un fond blanc laiteux de bonne concentration.
- Etat de conservation : moyen, légères, ébréchur des bornes.
- Ico ; Jacques Revaul, 1971, fig. 92.
- Ico ; Jacques Revault, 1974, fig. 77.
- Bib : Couranjou Jean, http://arts.medit.occ.pagesperso-orange.fr/espb.html. Consulté en 2022.
- Bib : Aissaoui Zohra, 2003, p. 99.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°58, p. 546.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2021, p. 24110.
- Bib : Ltaief Sana, 2021, p. 133111.

Description :

Agencement de quatre carreaux à composition concentrique et symétrique suivant un axe oblique médian (cas d’un seul carreau). Ils forment un médaillon central polylobé et festonné. Encadrement foliacé à volutes et bouquets de fleurs. Garniture foliacées (rubans entrelacés, marguerites, palmettes et fleurs stylisées). Selon Couranjou Jean « Ce modèle est la copie d’un spécimen valencien dit «Rocaille aux trois fleurs». L’inspiration manquant à la nouvelle génération des faïenciers de Barcelone, le modèle rococo valencien rocaille aux trois fleurs (1760-1780) de 21,5cm est copié à quelques détails près en 13,5cm. pour être produit en quantité, au moins pour l’Algérie »112. Ce même modèle fut imité par les ateliers de Qallaline puis repris par les ateliers Chemla au début du XIXe siècle pour assurer la restauration de la Zâwîya de Sîdî Essahbi à Kairouan113. Zohra Aissaoui attribue fictivement ces spécimens aux ateliers italiens.

CE 321. Valence. Ateliers « Reales fàbricas de Azalejos ». Fin XVIIIe siècle.

- Localisation : la Turba du Bey et la mosquée Gurgi à Tripoli.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 13,5 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
Remarquons l’aspect granuleux du support.
- Palette de couleurs : bleu de cobalt clair, vert émeraude clair, jaune primaire, ocre jaune, jaune primaire et contour brun sur fond crème laiteux de concentration irrégulière laissant apparaître la couleur jaune de la pâte.
A noter l’intensité et la brillance des couleurs
- Etat de conservation : mauvais, ébréchure des bornes et des émaux.
- Bib: Massoudi Muhamed, C.N.C.A, 1995, fig. 32, p. 20.
- Bib: Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, Cat. n°40, p. 522.

Description :

Agencement de quatre grands carreaux à composition modulaire et symétrique suivant deux axes obliques médians. Ils forment un réseau de médaillons à rosace stylisée. Ils Alternant avec un motif géométrique aux bornes contournées et aux marguerites effilées. Le modèle est produit par les ateliers « Reales fàbricas de Azalejos » pendant les années 1780-1790114.

CE 830. Espagne. XVIIIe et XIXe siècles.

- Localisation : Musée National du Bardo, Dâr Mnûshi à la Médina de Tunis et palais Arbi Zarrouk à Den Den.
- Catégorie : carreaux à motifs répétitifs.
- Dimension : côté : 12.5 cm. e : 2.5 cm.
- Pâte : argileuse jaunâtre, texture fine et forte cohésion.
- Palette de couleurs : ocre jaune, vert émeraude, bleu de cobalt et contour brun sur fond blanc. A noter la bonne concentration de l’étain.
- Etat de conservation : moyen, ébréchure des bornes et des émaux.
- Carreaux inédits

Description :

Arrangement de quatre grands carreaux à composition modulaire et symétrique suivant deux axes obliques médians. Ils forment un réseau d’éléments cruciformes pointillés surmontés de médaillons aux motifs floraux stylisés (fleuron à six pétales et feuillettes). Ce spécimen fut imité par les ateliers de Qallaline vers la fin du XVIIIe siècle CQ 202.

Conclusion de l'annexe 3

La mosquée est principalement garnie de carreaux de Qallaline à motif unique (CUQ) ou à motif répétitif CQ.

- On ne trouve pas de frises d’encadrement ni de bandeaux d’encadrement.

- Un seul panneau à mihrab et aux mandorles qui se répète sur les lambris.

- Les panneaux endommagés ont été remplacés durant la restauration par des panneaux de Nabeul (apparemment de la deuxième moitié du XXe siècle).

- Deux types de carreaux espagnols (CE) de petite taille 12/12 cm sont présents simultanément avec les spécimens de Qallaline.

Notes

1 Miss Tully, 1819.
2 Nora Lafi, 2002, p. 28.
3 Nora Lafi, 1998, p. 662-663.
4 Ali Cheib Ben Sassi et Mustafa al-Barki, 2021.
5 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 266.
6 Charles Féraud, 1927, p. 332.
7 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 533.
8 Anonyme, Mabnâ al-Qunsuliya al-Amerikiya, dirassa târikhiya li-al-mabnâ et li-al-calaqât al-Libiya al-Amérikiya, 2004 p. 74.
9 Macâlim al-hadhara al-Islâmiya fi-Libiya, collectif, Le Caire 2008, p. 151.
10 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 533, 554, 571.
11 Macâlim al-hadhara al-Islâmiya fi-Libiya, collectif, Le Caire 2008, p. 152.
12 Charles Féraud, 1927, p. 327.
13 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 182.

(جمادى الاول 1225هـ انعزل عليوة الجمركجي من الجمرك وقعد في مطراحه سيدي مصطفى قرجي ).

14 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 184.
15 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 193.
16 Lalla Zohra avait sa propre résidence secondaire constitué d’une saniya et d’un hûsh (Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 424) ; elle possédait plusieurs propriétés dont des boutiques, un moulin et une maison d’habitation dite hush al-Bârûdî (Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 450). Vers la fin du règne de Youssef Pacha, elle tombe en disgrâce (Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 582 et p. 589).
17Les préparatifs ont commencé le jeudi 22 safar 1232/11 janvier 1817. Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 250.
18 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 250.
19 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 266.
20 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 615, 622.
21 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 614, 626.
22 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 616, 629.
23 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 209, 213, 221.
24 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 617.
25 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 492, 624, 636.
26 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 482.
27 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 412.
28 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 312.
29 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 318 et 415.
30 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 415.
31 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 319.
32 Hassan al-Faqîh Hassan (2001, p. 533) rapporte que le 9 dhû al-hijja 1246/21 mai 1831 Gurji s’est refugié chez le consul anglais lorsqu’il s’est senti manacer par son épouse, la fille du Pacha ; Warrington se déplace à la Citadelle et obtient des assurances pour son ami.
33 Charles Féraud, 1927, p. 340.
34 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 533.
35 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 554.
36 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 557.
37 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 562.
38 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 571.
39 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 581.
40 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 602.
41 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 636.
42 Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 108.
43 La copie que nous avons utilisé dans cet acte est prise par Ali Ben Sassi en 2009 auprès des Services de l’administration des Waqfs et des Affaires Islamiques (al-Hay’a al-cAmma li-al-Awqâf wa al-Shûn al-Islamiyya), à Tipoli. Il semble que le document a été tranféré au Centre Libyen des Archives et des Etudes Hisoriques (al-Markaz al-Lîbî li-Mahfûzât wa al-Dirasât al-Târikhiyya). Notre copie est de mauvaise qualité, la consultation de l’acte original permettra sans doute d’améliorer la lecture intégrale du texte que nous proposons en annexe de cet article.
Le haut de l’acte est orné d’une belle enluminure portant un décor géométrique et floral polychrome (rouge, bleu, vert et jaune d’or) d’une belle excussion : arcs plylobés, rinceaux, fleurons et palmettes, etc.
44 Le mausolée et la petite mosquée de Sîdî cAbd al-Wahhâb remontent au Moyen Age ; ils sont cités par al-Tijâjî dans Rihla (début XIVe siècle). Les deux monuments jouxtent les murailles de la ville à Bâb al-Bahr. Ali Massoud El-Ballush, (dir), 1980, T. 1, p. 54-50.
45 La petite mosquée de Ben Sâbir ouvre encore aujourd’hui sur la rue al-Akwâsh. Voir sa description dans Ali Massoud El-Ballush, (dir), 1980, T. 1, p. 124-125.
46 Yûsuf al-Mâltî est cité dans al-Yawmiyyât à plusieurs reprises. Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 337, 401, 631.
47 La mosquée Mahmûd Khaznadâr est une mosquée importante de la ville de Tripoli ; elle ouvre sur la rue qui porte le même nom ; elle fut construite en 1678 par Mahmûd Khaznadâr qui est un mamelouk d’origine vénitienne. Voir la description du monument dans Ali Massoud El-BALLUSH, (dir), 1980, T. 1, p. 47-80.
48 al-Hâj Yûsuf Ben Mussâ est cité dans al-Yawmiyyât à plusieurs reprises parmi les notables de la ville. Hassan al-Faqîh Hassan, 2001, p. 216, 268, 305, 321, 599, 600.
49 La mosquée Shaïb al-cAyn est une mosquée importante de la ville de Tripoli et se trouve au souk des Turcs ; elle fut construite en 1699 par le Pacha Mumammad Shaïb al-cAyn. Voir sa description dans Ali Massoud El-Ballush, (dir), 1980, T. 1, p. 63-68.
50 Le mausolée de Sîdî Yacqûb se trouve dans le quartier de Bâb al-Bahr. Ali Massoud El-Ballush, (dir), 1980, T. 1, p. 89-91.
51 Abu Salim était une zone agricole qui s’étend au sud de Tripoli et était occupée par des fermes en possession de quelques dignitaires de la capitale. Actuellement, le secteur est occupé par un quartier populaire de Tripoli. Elle est connue aussi par la prison d’Abou Salim, tristement célèbre à l’époque de Kadhafi.
52 Le village de Beni Muslim s’étendait au pied d’une petite montagne occupée actuellement par une petite ville au nom de Mislata (Mesallata); elle se trouve à 130 kilomètres au sud-est de Tripoli, en Libye.
53 Zeynep Bilge Yildirim, 2007, XLV-137, p. 107-121.
54 La piastre ottomane, Kurûş et dite à Tripoli, qirsh stanboliote, est une monnaie d’argent créée par Soliman II en 1688 (son poids est de 25,65 et sa valeur équivaut120 akçe). La piastre voit s’abaisser son titrage et son poids au cours des XVIIIe et XIXe siècles ; elle ne pèse plus dans la frappe de 1774 que 16,9. En 1843, elle est remplacée par la livre ottomane.
55 Jibrân Mufîda Muhammad, 2001, p. 31 et 71.
56 cAlî al-Mîlûdî cAmmûra, 1993, p. 317, Jibrân Mufîda Muhammad, 2001, p. 79.
57 Le consulat américain, Hûsh Qunsul al-Malikiyan (d’après les documents de l’époque) se trouve dans la ruelle du Hammam al-Saghîr, celui de Darghout Pacha; le consulat du Danemark lui est mitoyen, mais il ouvre sur la ruelle d’al-Rîh. Voir Anonyme, Mabnâ al-Qunsuliya al-Amerikiya, dirassa târikhiya li-al-mabnâ et li-al-calaqât al-Libiya al-Amérikiya, 2004 p. 68 et 71-72.
58 En bon état de conservation, cette demeure se trouve au 70 rue Souk al-Harrâra. Saïd Ali Hamed, al-Macâlim al-Islâmiya bi-madînat Tarâbuls, Tripoli, 1977, p. 42.
59 Ḥassan al-Faqîh (Ḥ.), 2001, vol. I, p. 282.
60 Ḥassan al-Faqīh (Ḥ.), 2001, vol. I, p. 322.
61 Ḥassan al-Faqîh (Ḥ.), 2001, vol. I, p. 537.
62 Ben Sassi, 2014, p. 179.
63 Nous n’avons aucune indication sur le lapicide, Ḥussayn Ḥamza, qui avait laissé sa signature au bas de la plaque de l’inscription, après la datation.
64 Al-muballigh est nommé mussamic (مسمع) dans l’acte du waqf ; il est chargé de répéter derrière l’imam, notamment durant la prière du vendredi.
65 Ahmed Saadaoui, 2010, p. 226-227.
66 Ahmed Saadaoui, 2021.
67 Ilhem Ibrahim Al-Qarqani, 2016.
68 A Tunis les mahfil-s sont placés au milieu de la salle de prière, face au minbar. Dans l’acte du waqf de la mosquée Gurgi , la sidda est nommé comme à Tunis mahfil.
69
70 Gaspare Messana, 1977, p. 175 et Ali Massoud El-Ballush, 1989, p. 40-41 (fig. 17).
71 Ilhem Ibrahim Al-Qarqani, 2016.
72 Ahmed Saadaoui, 2021, p. 47, 48 et 51.
73 El-Ballush, 1995, p. 138-139. Le chercheur a bien étudié la faïence de revêtement des monuments libyens.
74 Ḥassan al-Faqîh, 2001, vol. I, p. 537.
75 Ilhem Ibrahim Al-Qarqani, 2016.

76 سوق الحرير أو الحرارة يسمى أيضا سوق القمل. مفيدة محمد جبران، الأسواق بالمدينة القديمة إطرابلس، دراسة تاريخية اقتصادية، طرابلس 2001، ص. 31.
77 كلمة لم نتمكن من قراءتها.
78 وجدنا صعوبة خاصة في التعرف على أسماء اليهود ونعتقد أنه لا بد من مراجعة ما اقترحناه مع من له معرفة بأسماء العائلات اليهودية الطرابلسية خلال التاريخ.
79 فراغ بقدر كلمتين.
80 لم تسمح رداءة الصورة المعتمدة للوثيقة من قراءة بقية السطر والذي يليه، لا بد من الرجوع إلى الوثيقة الأصلية.
81 لم تسمح رداءة الصورة المعتمدة للوثيقة من قراءة بقية السطر.
82 لم تسمح رداءة الصورة المعتمدة للوثيقة من قراءة الفقرة المتعلقة بالعقار المحبس ويبدو أنه سانية أو جزء من سانية.
83 كلمة لم نتمكن من قراءتها.
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102 Catalogue réalisé par les soins de notre collègue et amie Wided Melliti-Chemi, spécialiste de la céramique pariétale de la Tunisie à l’époque ottomane. Qu’elle soit ici profondément remerciée pour son aide !
103 Mansour Guillemette, 2017, Carreaux de lumière. L’art du Jelliz en Tunisie, Dad éditions, Tunis.
104 Couranjou (J.) décrit ce spécimen comme suit : « La symétrie médiane est au contraire très courante : la famille mandorle caractérisée par une mandorle centrale enfermant une pousse végétale fleurie, comprend au moins six modèles dont le modèle de mandorles à l’œillet dans un cadre vert (Alger, Bardo, Palais d’été) et mandorle aux tulipes plus rare (Grand fleuron central) (Alger, Parc de Galland). Couranjou Jean, 2014, p. 4. Consulté en 2022.
105 Courranjou Jean, « Les carreaux de faïence de la Régence turque d’Alger », http://arts.medit.occ.pagesperso-orange.fr/carreaux.html. Consulté en 2022.
106 « Cette composition est reprise par les manufactures françaises de J. Leclerc à Martres Tolédanes et Fourmaintraux et Courquin à Desvres qui exportent leur production en Amérique du Sud et au Maghreb ». Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, p. 524.
107 Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, p. 554.
108 Clara-Ilham Alvarez Dopico ajoute que ce spécimen est « un modèle catalan abondamment exporté à Majorque et en Amérique du sud ». Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, p. 532.
109 Guillemette Mansour, 2017, p. 78.
110 Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2021, « Qallaline, Des origines espagnoles de l’ornement d’époque beylicale », in Les couleurs de la ville. Faïence et Architecture à Tunis, C.P.U et L.A.A.M, p. 24.
111 Ltaief Sana, 2021, « Le décor en carreaux de céramique dans le complexe Halfaouine (1808-1814) », in Les couleurs de la ville. Faïence et Architecture à Tunis, C.P.U et L.A.A.M, p. 133.
112 Couranjou Jean, http://arts.medit.occ.pagesperso-orange.fr/espb.html. Consulté en 2022.
113 « C’est un modèle valencien qui se produit entre 1760 et 1780. Il est copié plutard à Barcelone. Il s’agit du seul carreau style rocoro confectionné à Barcelone”. Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, p. 804.
114 Clara-Ilham Alvarez Dopico, 2010, p. 522.

Conclusion de l'annexe 3

La mosquée est principalement garnie de carreaux de Qallaline à motif unique (CUQ) ou à motif répétitif CQ.

- On ne trouve pas de frises d’encadrement ni de bandeaux d’encadrement.

- Un seul panneau à mihrab et aux mandorles qui se répète sur les lambris.

- Les panneaux endommagés ont été remplacés durant la restauration par des panneaux de Nabeul (apparemment de la deuxième moitié du XXe siècle).

- Deux types de carreaux espagnols (CE) de petite taille 12/12 cm sont présents simultanément avec les spécimens de Qallaline.

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URL : http://journals.openedition.org/ress/220 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ress.220

Auteur

Ahmed Saadaoui

Professeur à l’Université de la Manouba. LAAM

Ali Cheib Ben Sassi

Maitre-Assistant à l’Université Ez-zitouna. LAAM

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