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06 | 2018

Le bidonville de Djebel Lahmar, séquelle de l’ère coloniale
Evolution morphologique et avenir architectural et urbanistique

Sami Kamoun

Résumé

Depuis la nuit des temps, la médina de Tunis est un modèle urbanistique particulier et présente une typologie architecturale riche en histoires et en styles. L’avènement du protectorat français l’a entraînée dans la déshérence. Abandonnée par ses propres habitants, elle se dégrade. Cette dégradation s’amplifie avec l’arrivée d’une population rurale qui fuit la famine et la misère. Les nouveaux arrivants occupent les habitations abandonnées et l’encerclent de gourbis. Les flux deviennent importants avec la crise de l’entre-deux-guerres et donnent naissance à une ceinture de « gourbivilles » tel que le bidonville de Djebel Lahmar. Ce dernier, situé à quelques kilomètres de la médina, résiste aux efforts de « dégourbification » menés par l’Etat et développe sa propre morphologie. Avec les événements de 1978, il est réhabilité et ses habitations sont régularisées. Aujourd’hui, une nouvelle vague de chantiers de constructions illégales réapparaît et se répand sur tout le bidonville. Nous nous interrogeons sur l’avenir de sa morphologie et ses conséquences sur l’urbanisation de la ville de Tunis.

Mots clés

bidonville, gourbis, médina, morphologie, morphogenèse.

Pour citer cet article

Sami Kammoun, « Le bidonville de Djebel Lahmar, séquelle de l'ère coloniale : évolution morphologique et avenir architectural et urbanistique », Al-Sabîl : Revue d'Histoire, d'Archéologie et d'architecture maghrébines [En ligne], n°6, Année 2018.
URL : https://al-sabil.tn/?p=12827

Texte integral

Introduction

Nous nous engageons dans le cadre de cette intervention à examiner la morphologie d’un exemple particulier dans l’histoire de l’extension de la ville de Tunis : celui du bidonville de Djebel Lahmar. Nous nous interrogerons, par la suite, sur l’avenir d’une telle agglomération. Notre hypothèse suppose que l’avènement du protectorat français est le moteur principal qui a transformé un champ d’oliviers périphérique à la médina en faubourg clandestin, voire en une troisième ville dans la ville. Notre corpus d’étude se base sur des images satellites actuelles, des vues aériennes, des archives classées par dates, des plans d’aménagement et des photographies prises récemment au cœur de ce quartier. A partir de ce corpus, notre méthode consiste à analyser le développement morphologique en dégageant les masses bâties et les différents équipements.
Le bidonville de Djebel Lahmar est l’une des premières agglomérations clandestines de la ville de Tunis. Un plan cadastral de la région mentionne le mot « gourbis » pour désigner cette zone extramuros à la médina. Ce plan date de 1878. Un tel constat conduit à se demander si le bidonville de Djebel Lahmar avait commencé à se constituer bien avant le protectorat français. Cependant, pour entamer cette étude, il nous semble important de distinguer le terme « bidonville » de celui de « gourbiville ». Le bidonville suppose des constructions précaires faites de matériaux industriels, des ferrailles, des bidons, des tôles, des rebuts métallurgiques, entre autres. Le « gourbiville » est, en revanche, une agglomération de constructions rudimentaires faites de « toubs » 1 , de morceaux de bois, de pierres, de détritus naturels divers. Cependant, le bidonville de Djebel Lahmar d’aujourd’hui est construit, dans sa majorité, en béton armé. Il est fait de matériaux de construction relativement durables. L’usage du terme « bidonville », que nous employons tout au long de notre texte, est un choix pragmatique.

Fig. 1. Partie extraite du relevé topographique des environs de Tunis et de Carthage. Relevé exécuté par les capitaines Derrien Isidore, Koszutski et le commandant Perrier en 1878.

1- Les années d’avant le protectorat français2

Avant le protectorat français, l’urbanisation de la ville de Tunis était dominée par celle de la médina. La morphologie urbaine est caractérisée par un réseau labyrinthique fait de ruelles tortueuses et d’impasses. L’architecture s’étend sur la largeur et s’exprime par une imbrication dense de volumes parallélépipédiques ayant été soumis à des déformations spatiales, à des effets d’accidents de volumes bâtis, de compressions et de torsions, entre autres. Ces parallélépipèdes dotés d’une cour intérieure offrent ainsi le modèle à patio. Ils sont disposés les uns auprès des autres. Ils sont entourés d’une muraille qui les protège et au-delà de laquelle s’arrête toute forme d’extension. La médina de Tunis est composée d’un centre traditionnel entouré par une première enceinte défensive et de deux faubourgs entourés par une deuxième enceinte. A l’intérieur de ce tissu, nous reconnaissons une hiérarchie de fonctions que nous n’aurons pas l’occasion de développer. A l’extérieur, s’étend le quartier franc dont la morphologie et l’urbanisme sont tout à fait contraires à ceux de la médina. Ce quartier prend de l’ampleur et s’immisce dans le tissu arabo-musulman dès la fin de la période husseynite3 . Quant à la région dans laquelle se trouve actuellement le bidonville de Djebel Lahmar, une agglomération de gourbis s’y établissait 4 . Le chroniqueur arabe Ibn Abi Dhief mentionne qu’en 1867, une épidémie mortelle a frappé le milieu rural 5 entraînant des vagues d’émigration vers la capitale. Nous pensons que ces flux migratoires sont à l’origine de la formation des premiers gourbis.

2- L’avènement du protectorat français6

L’avènement du protectorat français engendre un bouleversement général de l’urbanisation de la ville de Tunis 7 . Un deuxième modèle urbanistique, complètement contrastant, est « parachuté » en très peu de temps. Il jouxte la vieille cité arabo-musulmane et provoque des rivalités urbanistiques dans l’ensemble de la ville. L’administration française dresse son propre plan d’aménagement, ses propres équipements administratifs, ses propres styles architecturaux. Parallèlement à cela, la muraille de la médina, qui assurait, jadis, la protection de la ville, se dégrade considérablement. La pénétration de son espace intérieur en est facilitée. D’emblée, les palais beylicaux et les demeures bourgeoises se vident de leurs habitants et se dégradent. Dans le même temps, les deux faubourgs sont désertés, puis se remplissent de « barraniyas »8 , des nouveaux habitants, pauvres, essentiellement d’origine rurale. Les logements de la médina se louaient alors par famille et par chambre. La ville arabo-musulmane se trouve, progressivement, transformée en « quartiers surdensifiés et taudifiés »9 . Son décor est dépouillé. Son architecture est dégradée. Une grande partie de son espace bâti devient une ruine.
Dans le milieu rural, le bouleversement de la morphologie de la ville de Tunis semble plutôt émaner de décisions juridiques et technologiques. L’accès aux terrains agricoles est facilité aux Français. Il demeure, en revanche, difficile aux agriculteurs tunisiens. Le phénomène d’industrialisation, auquel nous ajoutons le capitalisme « sauvage », consomme énormément de terrains agricoles. Il rétrécit la campagne et entraîne le chômage. Il en résulte des vagues successives d’exode vers la ville de Tunis. Avec le temps, ces vagues deviennent de plus en plus massives. Marginalisée par le développement « fiévreux » – pour emprunter le terme de Paul Sebag – de la ville coloniale10 , la médina de Tunis demeure un espace d’accueil qui a pu contenir ce bouleversement démographique. « (…) c’est en médina, dans les fondouks et les oukala-s, mais également dans les cimetières que se localisent [ces] populations migrantes » précise, en ce sens, Jellal Abdelkafi 11 .

3- Période de l’entre-deux guerres12

Avec le début du XXe siècle, plusieurs propositions de planification urbaine de la capitale ainsi que sa médina, sont élaborées à la demande de la municipalité13 . Cependant, aucune de ces préconceptions ne sera réalisée à l’exception de quelques expérimentations effectuées sur le quartier de la Hara14 . Pendant cette période, la médina de Tunis continue à se dégrader d’avantage. Frappés par la crise économique des années 1930, les habitants des « oukalas » n’arrivent pas assurer leurs loyers. Ils deviennent, par conséquence, des « sans-logis ». Ils quittent la vieille cité et construisent des logements clandestins extramuros. Ils contribuent, de cette façon, à la densification des gourbis existants15 et à l’apparition des « gourbivilles ». Le phénomène de « taudification »16 de la médina devient, par conséquence, « gourbification » 17 autour de la médina. Cette nouvelle forme d’habiter dans la ville entraîne la cité arabo- musulmane dans un nouveau stade de dégradation.
A la campagne, la crise économique se manifeste par un exode massif vers Tunis de la population rurale qui fuit la misère et espère trouver une meilleure vie dans la ville. Parmi les plus importants moteurs de ce déplacement, citons : l’émeute due aux famines18 , les années de sécheresse19 , la psychose causée par la guerre mondiale, les dommages engendrés par les colonisateurs, tels que ceux décrits précédemment… Les flux migratoires s’intensifient exponentiellement. Les gourbis qui commençaient jadis à se former autour de la médina accueillent les nouveaux arrivants, se multipliant jusqu’à constituer de véritables « gourbivilles ». Pour y remédier, l’Etat organise des manœuvres de refoulement. Les plus significatives datent des années 1931, 1934, 1935, 1936, 1937, 1938 et 194120 . « Ce sont les prisons qui hébergent les individus raflés » écrit, en ce sens, Claude Leziau 21 . Lors du recensement effectué en 1946 22 , la médina était déjà encerclée d’une ceinture de « bidonvilles »23 parmi lesquels figure celui de Djebel Lahmar 24 . Ce dernier est considéré comme l’une des premières installations clandestines dans la capitale et remonte à l’année 194125 . Situé au nord-ouest de la médina, il se dresse sur une colline argileuse aux reliefs accidentés. « La qualité et l’abondance de l’argile qu’on y trouve y ont entraîné l’implantation d’importantes briqueteries. Les ouvriers qui y travaillaient ont sans doute été les premiers à s’établir dans les parages » explique Paul Sebag. « Mais aux premières habitations s’en sont ajoutées d’autres et le gourbiville qui s’est formé n’a cessé de s’étendre jusqu’à constituer l’un des plus importants de Tunis », ajoute-t-il 26 .

Fig. 2. Répartition des bidonvilles autour de la médina de Tunis pendant la première moitié du vingtième siècle.

Pour faire face à ce phénomène de « gourbivilles » autour de la médina, l’Etat, mobilise ses bulldozers et organise, en même temps, des opérations de refoulement pour renvoyer ces habitants à la campagne. Il met au point un certain nombre de décrets 27 officialisant sa démarche qu’il qualifie de « dégourbification ». Le bidonville de Djebel Lahmar n’échappe pas à ce phénomène et ses habitants font l’objet d’expulsion, le 19 février 1942. Cependant, ils ne tardent pas à retourner dans le site. Malgré les tentatives de « dégourbification », de nouveaux bidonvilles naissent autour de la médina entre les années 1943 et 195328 .
Au cours de l’année 1944, l’Etat décide, par mesure d’hygiène, de démolir les bidonvilles29 . Celui de Djebel Lahmar échappe à la « dégourbification » puisqu’il doit accueillir les refoulés du bidonville de Bab el Khadra30 ainsi que celui de Toukrana31 . Jean-Baptiste Dardel et Slaheddine Chedli Klibi, témoignent dans leur article que près de 300 gourbis de Tourkana ont été refoulés dans la colline de Djebel Lahmar pour cause d’épidémie de variole32 . « J’ai pu savoir qu’il se construit plus de 200 gourbis par semaine, groupés en tribus ethniques » explique, le Khalifat de Bab Souika, dans un rapport au Cheikh el Médina33 . Ce même discours se retrouve dans une lettre au vice-président délégué de la municipalité de Tunis au résident général 34 . Dans l’année 1953 s’établit le « plan topographique Danger » dans lequel on indique les différents bidonvilles qui deviennent, selon la thèse de Jallel Abdelkafi, « une partie intégrante de l’écologie urbaine tunisoise »35 . Une ceinture d’habitats clandestins groupés contourne la médina incluant, à la veille de l’indépendance, plus de quatre cent mille habitants36 . Elle constitue un danger pour la sécurité de la ville. C’est dans ces conditions de foisonnement rapide et difficile à maîtriser que naissent les « opérations gourbis » menées par le Commissariat à la Reconstruction au logement 37 . Selon le bulletin économique et social de la Tunisie38 , ces opérations ont commencé dans les bidonvilles de Garjouma, de Djebel Lahmar, de Mellassine et de Kabarya39 .

Fig. 3. A gauche : photographie aérienne du « bidonville » de Djebel Lahmar, datée de l’année 1938. En haut, les réservoirs. En bas, l’hôpital militaire. A droite : photographie aérienne du « bidonville » de Djebel Lahmar, datée de l’année 1949. En haut, les réservoirs. En bas, l’hôpital militaire.
Fig. 4. Restitution de la morphologie du « bidonville » de Djebel Lahmar, d’après la photographie aérienne de 1938.
Fig. 5. Restitution de la morphologie du « bidonville » de Djebel Lahmar, d’après la photographie aérienne de 1949.

4- L’indépendance40

Avec l’indépendance du pays, des brigades sont constituées spécialement pour faire face au foisonnement des bidonvilles. Elles effectuent, alternativement, des contrôles dans des endroits suspects. L’arrêté de mai 1957 pris par le conseil municipal de la ville doit permettre d’identifier les lieux clandestins et de procéder à la « buldorization ». En même temps, les autorités préparent des études pour construire des logements appropriés aux habitants refoulés. Ceux-ci, installés temporairement dans des tentes, attendent leur éventuel recasement. L’arrêté fut rigoureusement appliqué à partir de l’année 1968.
Vers la fin des années 1970, l’Etat change de politique urbaine envers l’expansion des bidonvilles. Selon la thèse de Morched Chebbi 41, les événements du 26 janvier 197842 sont à l’origine de cette nouvelle orientation qui converge de la démolition vers la tolérance et, d’emblée, vers la réhabilitation. Ainsi, un travail sur le terrain et des recensements ont été effectués, en 1978, par le bureau d’études français Groupe Huit 43 , afin de réhabiliter les bidonvilles de Djebel Lahmar et de Mellasine. L’étude indique, pour Djebel Lahmar, que plus de 40 000 habitants vivaient dans 4 650 logements44 . Près de la moitié des logements observés ne comportaient qu’une seule pièce. Ces bâtiments constamment inachevés, correspondent à une « dynamique évolutive de la construction » 45 . Ils sont construits à base de briques et de parpaings. L’étude du Groupe Huit sur le bidonville de Djebel Lahmar indique aussi une densité de 86 logements/hectare46 et de 790 habitants/hectare47 . Alors que 67 % de ces logements bénéficient de l’électricité, 53 % sont dotés d’un réseau d’eau potable et 41 % d’un réseau d’égouts48 .
Malgré les efforts de réhabilitation menés par l’Etat, les équipements sanitaires et hygiéniques du bidonville de Djebel Lahmar demeurent insuffisants : « Les toilettes sont sommaires et se déversent dans la rue. (…) Il n’y a pas de salle d’eau »49 . Près de 20 % des logements de ce bidonville offrent de mauvaises conditions de vie. Dans certaines zones, le chiffre atteint 50 %. Ces logements s’insèrent dans des parcelles qui ne dépassent pas 70 m2 de superficie, voire 30 m2 . Quant à la surface bâtie, elle mesure 50 m2 et ne dépasse pas 10 m2 pour les petites parcelles. Les rues du bidonville de Djebel Lahmar sont, à la fin des années 1970, partiellement goudronnées. La municipalité concernée a assuré la réfection de plus de quatre kilomètres de ces rues. En revanche, trois kilomètres et demi des espaces de circulation restent des pistes.

Fig. 6. Restitution de la morphologie du « bidonville » de Djebel Lahmar, d’après les recensements effectués par le ministère de l’Intérieur en 1978.

D’après le dénombrement de 197850 , nous constatons la présence de 317 lieux de commerce dont près de 2/3 sont réservés à l’alimentation. Nous constatons également l’existence de huit écoles primaires, de quinze écoles coraniques et de six mosquées. Nous retrouvons aussi un hammam, une polyclinique, un poste de police, un dispensaire, une maison du parti et un centre d’union des femmes. Nous trouvons encore un certain nombre d’équipements sportifs51 . Par ailleurs, nous ne pouvons pas ignorer l’existence de la briqueterie qui date du début du XXe siècle. Implantée au sommet de la colline, elle témoigne de l’installation des premiers habitats sur ce site.

Fig. 7. Liste des équipements dans le « bidonville » de Djebel Lahmar, d’après les recensements effectués par le ministère de l’Intérieur en 1978.
Fig. 8. Emplacement des photographies prises dans le « bidonville » de Djebel Lahmar.

5- Aujourd’hui

A la révolution du 14 janvier 2011 a succédé une montée remarquable de chantiers de constructions illégales, quasiment, dans toutes les villes de la Tunisie. Le bidonville de Djebel Lahmar n’échappe pas à ce phénomène. En revanche, nous ne disposons que de très peu de travaux scientifiques problématisant l’état actuel de sa morphologie. Nous nous sommes basés, par ailleurs, sur notre immersion sur le terrain, sur des prises photographiques et des séquences vidéo que nous avons effectuées in situ. Nous nous sommes appuyé, également, sur un plan d’aménagement de la ville de Tunis daté des années 200052 et sur une vue satellite datée de l’année 201853 . Nous remarquons d’ailleurs que le bidonville de Djebel Lahmar conserve l’essentiel de sa morphologie héritée des années 1940. Nous remarquons également que les équipements, jadis dénombrés par l’étude du Groupe Huit, n’augmentent que très peu en nombre54 .
En dépit des difficultés d’accessibilité de terrain que nous avons rencontrées, nous avons établi un parcours séquentiel basé sur des images photographiques55 . Ces images montrent un paysage bâti dominé par la présence du béton armé et de la brique rouge. Cela confère à l’architecture – plus précisément à la morphologie architecturale – un aspect d’inachèvement perpétuel. Cela indique aussi une volonté de survivance des espaces construits, voire d’extensions éventuelles qui demeurent orientées vers la hauteur. En ce sens, l’immeuble illustré par la figure 1956 exprime bien ce souci d’extension verticale. Par ailleurs, la plupart des photographies que nous avons prises montrent des habitats à un57 ou deux étages58 . L’immeuble de la figure 19 nous semble un cas limite, une infraction exagérée, entre autres. Nous nous interrogeons, d’ailleurs, quant à savoir s’il y a des cas similaires. Les constructions de la partie haute de la colline59 montrent, dans la majorité des cas, un premier niveau quasiment accompli et comportant, souvent, des travaux de réparations ponctuelles. Le deuxième et le troisième niveau sont, inversement, en état de chantier total et de longue haleine. Les travaux de chantier en sont, dans la plupart des cas, au second œuvre et à un stade très peu avancé. Ces constructions, malgré leur inachèvement, sont habitées.
Le bidonville de Djebel Lahmar, bien que les travaux de chantier soient encore en cours, est un quartier quasiment réhabilité. Ses rues et ses ruelles sont goudronnées60 , équipées d’un réseau d’égout, d’eau potable 61 , d’électricité62 et d’éclairage public. En revanche, son extension actuelle, en dépit de la vitesse à laquelle elle s’effectue, n’en est qu'à ses débuts. Il est cependant prématuré d’imaginer sa morphologie dans les années à venir puisque la position politique envers un tel phénomène demeure « tolérante » et « ambiguë ». Sur le plan pratique, nous n’avons pas assisté à des opérations de démolition ou à des mesures préventives sérieuses prises par l’Etat.

Fig. 9. Façade extérieure du bidonville montrant un état d’inachèvement général des bâtiments qui le constituent.
Fig. 10. Zoom pris depuis la station de métro « Romana ». La majorité des bâtiments qui figurent dans l’image comportent des étages. Nous remarquons que le deuxième niveau est, quasiment, en état de chantier, contrairement au premier niveau.
Fig. 11. Zoom pris depuis la station de métro « Romana ».
Fig. 12. Vue intérieure du bidonville montrant la densité du bâti. Nous remarquons que les rues sont goudronnées, équipées d’un éclairage public et d’un réseau d’électricité.
Fig. 13. Vue intérieure du bidonville montrant la densité du bâti.
Fig. 14. Habitations inachevées attestant d’un souci d’extension verticale.
Fig. 15. Image montrant des habitations en état de chantier.
Fig. 16. Le traitement des limites spatiales du bidonville : l’évolution du bâti s’arrête brusquement et ne montre pas d’éventuelles extensions.
Fig. 17. Gourbi fait de déchets constructifs et de détritus urbanistiques.
Fig. 18. Vue panoramique d’un « gourbi » fait de déchets constructifs et de détritus urbanistiques.
Fig. 19. Vue panoramique d’un terrain de football, implanté au sommet de la colline.
Fig. 20. Habitation en état de chantier. Les parois extérieures sont dépourvues d’enduit. La maçonnerie est en brique rouge.
Fig. 21. Habitation en état de chantier. Nous remarquons, en arrière-plan de l’image, l’existence d’équipement de chauffage solaire ce qui nous donne une idée du confort de ce bidonville.
Fig. 22. Ruelle qui révèle un assemblage anarchique d’habitations. Le premier niveau est quasiment accompli. Le deuxième niveau est en cours de chantier.
Fig. 23. Ensemble d’habitations en état de chantier avec des stades d’avancement variés.
Fig. 24. Mosquée de Bilel, située dans partie haute du bidonville.
Fig. 25. Ensemble d’habitations en état de chantier. Nous constatons un souci d’extension verticale.
Fig. 26. Vue panoramique montrant un fragment de façade d’habitations inachevées, situées dans la partie haute du bidonville.
Fig. 27. Vue d’un « immeuble », à trois étages, exprimant un souci d’extension verticale.
Fig. 28. Vue panoramique montrant un fragment de façade d’habitations inachevées, situées dans les limites du bidonville.
Fig. 29. Fragment de façade extérieure du bidonville. La majorité des habitats sont en état de chantier. Ils sont, en l’occurrence, habités.
Fig. 30. Ensemble d’habitations inachevées. Nous remarquons, en dépit de cet inachèvement, que les habitants vivent dans ses espaces. Nous pouvons parler, en ce sens, d’un inachèvement « vivant ».
Fig. 31.Nous voyons, sur le toit des bâtiments, des armatures de poteaux. Cela suggère une volonté d’extension verticale.
Fig. 32.Ensemble d’habitations en état de chantier avec des stades d’avancement variés.
Fig. 33.Ensemble d’habitations en état de chantier avec des stades d’avancement variés.
Fig. 34.L’image est prise dans la partie basse de la colline. Elle montre un assemblage dense d’habitations à deux et à trois étages. Contrairement à la partie haute du bidonville, les constructions de la partie basse sont relativement accomplies.
Fig. 35.Agrandissement de la photographie 26.
Fig. 36.Habitation inachevée à deux étages, située dans la partie basse du bidonville.
Fig. 37. Ecole primaire, située dans la partie basse de la colline.
Fig. 38. Mosquée et bureau de poste, situés dans la partie basse du bidonville.

Conclusion

La morphologie du bidonville de Djebel Lahmar s’organise de façon labyrinthique à l’image de celle de la médina. Ainsi, les constructions s’étendent sur la largeur, à l’exception de quelques pseudo-immeubles qui ne dépassent pas les trois étages63 . L’ensemble des bâtiments imitent le modèle à patio qui caractérise l’habitat de la médina64, . D’ailleurs, ces bâtiments s’imbriquent de façon dense et anarchique, entraînant des déformations spatiales et des labyrinthes proches de l’urbanisme de la médina. Par contre, les matériaux de construction utilisés ne sont pas les mêmes. Dans le cas du bidonville, ils sont pauvres, relativement précaires et issus de la récupération, contrairement à la vieille ville qui a été faite à base de pierre de taille et avec un savoir-faire véhiculé de génération en génération. Bref, le désordre, le hasard, l’inachèvement, la spontanéité, la précarité, la misère… sont les maîtres mots qui illustrent la morphologie du bidonville de Djebel Lahmar. Sur le plan historique, cette morphologie s’est constituée dans un laps de temps relativement court. Les premiers habitats attestés dans la colline datent du XIXe siècle, alors que les constructions de la médina remontent bien avant l’avènement de l’islam en Afrique. Dans cette logique, l’avènement du protectorat français nous semble le principal facteur à avoir, non seulement accéléré la dégradation de la médina, mais aussi donné naissance à une nouvelle forme de médina, clandestine, informelle, misérable, sans savoir-faire ancestral et pauvre en histoire.
Aujourd’hui, le bidonville de Djebel Lahmar est considéré comme l’un des endroits les plus difficiles de la ville de Tunis. Il loge une population pauvre et, en l’occurrence, d’origine rurale. Il est, de surcroît, entouré de quartiers riches. Le bidonville de Djebel Lahmar n’a pas été rasé lors des « opérations gourbis » menées par l’Etat. Il est devenu le lieu de refuge, d’accueil, pour les habitants refoulés des bidonvilles démolis. C’est peut-être à cause de sa situation particulière qu’il a pu survivre et s’adapter. Il ne faut pas oublier le rôle de la briqueterie qui, malgré le faible nombre de ses employés, a joué un rôle considérable dans sa survivance Quant à l’évolution morphologique, elle atteint son état mature dans un temps très court 65. S’exposant aux risques de « dégourbification », le bidonville de Djebel Lahmar voit son emprise se réduire : il perd un quart de son volume en moins de vingt ans66 . Passant d’une politique de démolition brutale à une politique de tolérance et de réhabilitation, ses matériaux de construction changent radicalement, du précaire au durable. La tôle et la ferraille récupérées cèdent la place au béton armé et aux briques rouges. De la même façon, les rues et les ruelles de ce bidonville sont goudronnées, éclairées, sécurisées et les conditions de vie, améliorées.
Avec la révolution de 2011, nous nous interrogeons sur le devenir du bidonville de Djebel Lahmar. Continuera-il à se réhabiliter ? Profitera-t-il des richesses de son voisinage ? Retournera-t-il à la clandestinité issue de son passé ? Les nombreuses constructions inachevées que nous voyons dans les photographies que nous avons prises67 attestent qu’il demeure dans un état de chantier général et interminable. Nous retenons, en l’occurrence, qu’il y a une volonté éminente de réparation, d’amélioration et, d’emblée, d’extension vers la hauteur. En effet, contrairement aux précédentes extensions qui avaient marqué l’histoire du bidonville de Djebel Lahmar, sa morphologie atteste d’un souci de verticalité, avec la multiplication des étages et des porte-à-faux. Lors de notre immersion sur le terrain, un habitant du quartier nous a dit qu’il existait un nombre inimaginable de chantiers illégaux et qu’il suffisait de jeter un clin d’œil dans les ruelles et les impasses pour découvrir l’ampleur des infractions. Un autre habitant jouant le rôle du policier, nous demanda de justifier d’une autorisation et tenta de nous confisquer notre appareil photo. Il a fallu supprimer les images que nous avions prises de son habitat – probablement un chantier illégal – pour pouvoir s’en sortir. Un autre habitant affirma que la multiplication inattendue de chantiers de constructions sans permis de bâtir était due à la crise économique et politique que connaît le pays aujourd’hui. On trouve de ces chantiers illégaux partout en Tunisie. Le bidonville de Djebel Lahmar est, selon lui, un cas parmi d’autres.
Le gourbi, dans la colline de Djebel Lahmar est une forme d’habitat précaire qui date de bien avant l’avènement du protectorat français. Son existence demeure insignifiante dans l’histoire de la ville de Tunis. Cela explique bien sa marginalisation par les historiens et les chroniqueurs du passé. En revanche, le bidonville de Djebel Lahmar témoigne d'un urbanisme clandestin particulier ; il occupe un chapitre important dans l’histoire de la ville de Tunis. Il demeure, en outre, la séquelle directe d’une ère coloniale. Dès l’année 1881, sa morphologie commence officiellement à se constituer en se nourrissant de flux migratoires dus aux bouleversements technologiques et juridiques qui ont frappé le milieu rural. Cette même morphologie se nourrissait des conséquences néfastes dues au capitalisme et à l’industrialisation français et à d’autres phénomènes naturels ou conjoncturels. La famine, la misère, la sécheresse, les épidémies mortelles, les émeutes, les dégâts des guerres mondiales, la crise économique mondiale…, autant de facteurs ayant entraîné des vagues successives d’exode vers la ville de Tunis et, par conséquent, la formation d’une série de bidonvilles autour de la médina. En moins d’un siècle, celui de Djebel Lahmar se formait. En moins de dix ans, sa morphologie atteignait son état mature. Ayant résisté aux différentes vagues de démolition, il a survécu, jouant un rôle de refuge et de transition, avant d'être réhabilité. Avec la révolution de 2011, une nouvelle vague de clandestinité est née. Elle se dévoile brusquement et vise la hauteur. Nous assistons à une nouvelle forme de « gourbification » qui paraît vouloir conquérir le ciel et non pas la terre. L’Etat, préoccupé par le bouleversement politique et économique actuel, semble « laisser faire ». Il n’intervient quasiment pas. Quelle sera sa réponse lorsque cette « gourbification » post-révolutionnaire atteindra son état mature ? Quelles solutions envisagera-t-il ? Procédera- t-il de nouveau à la démolition ? S’engagera-t-il dans une manœuvre de réhabilitation « autre » ?

Notes

1 Matériaux de construction fait de mélange de terre et d’argile.
2 Avant l’année 1881.
3 De l’an 1705 à l’an 1881.
4 Fig. 1, p. 3.
5 A. Guellouz, A. Masmoudi et M. Smida, 2003, p. 408.
6 En l’an 1881.
7 En ce sens, le District de Tunis de 1976 schématise en trois périodes (1890, 1910 et 1930) le déplacement du centre de gravité de la ville de Tunis, de la médina vers la ville européenne. Source : District de Tunis, 1976, cité par Chabbi M., 2012, p. 76.
8 Des habitants non autochtones de la médina.
9 M. Chabbi, 2012, p. 78.
10 « Si la ville moderne est née à la fin du XIXème siècle, dans la fièvre de la colonisation triomphante, c’est dans l’entre-deux-guerres qu’elle a pris toute son extension. » P. Sebag, 1998, p. 442.
11 J. Abdelkafi, 1989, p. 97.
12 Dans les années 1927/1937.
13 Valensi 1920, Chevaux 1933 et Prost 1927-1930.
14 Dit, également, le quartier juif. Ces expérimentations ont été effectuées au cours des années 1936 et 1938.
15 En dépit des bidonvilles existants dans la ville de Tunis, une autre forme de gourbis se trouve, jadis, dans le tissu de la médina. Jallel Abdelkafi écrit, en ce sens : « Les fondouks et les oukala-s, logement traditionnel des gens de passage, deviennent également l’habitat permanent des familles pauvres de Tunis. Ce phénomène décrit par les écrivains n’a jamais fait à l’époque l’objet d’une étude précise comparable à celles conduites sur les gourbivilles. Seules les statistiques de mortalité par tuberculose permettent d'établir la carte des quartiers insalubres. » J. Abdelkafi, 1989, p. 95.
16 Phénomène de construction de taudis, logement misérable qui ne satisfait pas aux conditions de confort et d’hygiène minimales, entre autres.
17 Phénomène de construction de gourbis, habitation misérable et sale, entre autres.
18 En l’an 1937.
19 Dans les années 1943/1948.
20 C. Liauzu, 3e et 4e trimestres 1976, p. 618.
21 Idem.
22 P. Sebag, 1998, p. 542.
23 Fig. 2, p. 6.
24 Idem.
25 Idem.
26 P. Sebag, 1998, p. 543.
27 7 Le premier décret beylical date du 6 mai 1937. Il sera complété et modifié par les décrets du 25 août 1949 et du 11 décembre 1952 au nom de l’hygiène et de la santé publique. Source : J. Abdelkafi, 1989, p. 84.
28 « Entre 1943 et 1953, d’autres gourbivilles apparaissent : Saïda Manoubia, Somrane, Mellassine, Garjouma, El Afrane, Zitoun Jerbi, Borj Ali Rais, Jebel Kharrouba, Sidi Fathallah, Borjel. » Idem, p. 97.
29 « Dans le rapport du Ministre de la Santé Publique au Grand Conseil pour l’année 1944-1945, il est question de la destruction des bidonvilles par mesures préventives contre une épidémie de peste possible. » Dardel J.-B. et Klibi S.-C., 2ème trimestre 1955, p. 214.
30 En septembre 1947. Idem.
31 En novembre 1947. Idem.
32 Idem.
33 Résultat du rapport au Cheikh el Medina, le 14 Janvier 1948.
34 « 4000 nomades ceinturent alors Tunis, constituant là un danger pour la sécurité ; des mesures radicales étaient proposées : renvoi dans les pays d’origine, convois surveillés, rafles, destructions des gourbis, etc… » Dardel J.- B. et Klibi S.-C., 2ème trimestre 1955, p. 215.
35 J. Abdelkafi, 1989, p.p. 96/97.
36 Idem, p. 97.
37 Blachere G., 1953, p. 69, http://best.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/1953-080-1719.pdf
38 Paru en septembre 1953.
39 F. Ben Chaâbane, 15/02/2013, https://www.turess.com/fr/letemps/73867
40 En l’an 1956.
41 M. Chabbi, 2012, p. 141.
42 Crise politique entre Etat et UGTT (Union générale tunisienne du travail) qui se manifeste par une grève générale suivie d’émeutes.
43 « Groupe Huit » est un bureau d’études français, spécialisé dans le développement municipal et urbain dans les pays du Sud. Il a été installé en Tunis entre 1968 et 1978.
44 Groupe Huit 1978 : Projet de réhabilitation du quartier de Jebel Lahmar par le ministère de l’intérieur, n.p, cité par M’barek M., Janvier 1981, p. 70.
45 M. Chabbi, 2012, p. 92.
46 Variation entre 60 et 120 logements/hectare.
47 Variation entre 300 et 1200 habitations/hectare.
48 Fig. 7, p. 12.
49 M. M’barek, Janvier 1981, p. 71.
50 Fig. 6, p. 11.
51 Terrain de football, terrain de handball, piste de course, etc.
52 Il s’agit d’une saisie sur un logiciel de dessin du plan de la ville de Tunis, prise de la municipalité de Tunis.
53 Il s’agit d’une vue aérienne de la ville de Tunis, prise sur Google maps, https://www.google.com/maps/?hl=fr
54 Etablissement d’un deuxième poste de police, d’un bureau de poste, de deux centres de formation et d’une municipalité.
55 Voir Fig. 8, p. 13 ainsi que les Fig. 9 et 10, p. 15 ; Fig. 11 et 12, p. 16 ; Fig. 13 et 14, p. 17 ; Fig. 15 et 16, p. 18 ; Fig. 17, 18 et 19, p. 19 ; Fig. 20 et 21, p. 20 ; Fig. 22 et 23, p. 21 ; Fig. 24 et 25, p. 22 ; Fig. 26, 27 et 28, p. 23 ; Fig. 29 et 30, p. 24 ; Fig. 31 et 32, p. 25 ; Fig. 33 et 34, p. 26 ; Fig. 35 et 36, p. 27 ; Fig. 38 et 39, p. 28
56 Voir Fig. 26, p. 23.
57 Fig. 14, p. 17 ; Fig. 15 et 16, p. 18 ; Fig. 17, 18 et 19, p. 19 ; Fig. 20 et 21, p. 20 ; Fig. 24, p. 22, Fig. 28, p. 23 ; Fig. 31, p. 25 ; Fig. 33 et 34, p. 26 ; Fig. 35 et 36, p. 27
58 Fig. 22 et 23, p. 21 ; Fig. 25, p. 22 ; Fig. 26, p. 23 ; Fig. 29, p. 24 ; Fig. 37, p. 28.
59 Il s’agit des figures : Fig. 10, p. 15 ; Fig. 11 et 12, p. 16 ; Fig. 13 et 14, p. 17 ; Fig. 15 et 16, p. 18 ; Fig. 17, 18 et 19, p. 19 ; Fig. 20 et 21, p. 20 ; Fig. 22 et 23, p. 21 ; Fig. 24 et 25, p. 22 ; Fig. 26, 27 et 28, p. 23 ; Fig. 29, p. 24
60 Fig. 12, p. 16 et Fig. 13 et 14, p. 17, par exemple.
61 Fig. 24, p. 22, par exemple.
62 Fig. 25, p. 22 et Fig. 26, p. 23 ; par exemple.
63 Fig. 27, p. 23 et Fig. 36, p. 27.
64 Nous pouvons évoques, pour enrichir ce rapprochement, la thèse de Wassim Ben Mahmoud dans laquelle figure un tableau comparatif réunissant un habitat de la médina de Tunis avec un habitat du « bidonville » de Djebel Lahmar construit dans les années 1970. Source : W. Ben Mahmoud, 1972, p.p. 150/156.
65 Voir Fig. 3 et Fig. 4, p. 8.
66 « Djebel Lahmar passe de 60 ha en 1962 à 55 ha en 1970 et à 44 ha en 1980 », J. Abdelkafi., 1989, p. 111.
67 De la Fig. 9 à la Fig. 39, p.p. 15/28.

Bibliographie

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Auteur

Sami Kamoun

Laboratoire d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines

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